Vous voulez mettre à profit vos congés pour acheter un appartement ou une maison. Si l’immobilier ne prend pas de vacances, l’été est traditionnellement une période plus calme. Quelques conseils pour vous lancer dans de bonnes conditions.

Après 2 mois de confinement passés dans un logement trop exigu, sans extérieur, ou trop éloigné des commerces de proximité, c’est décidé : vous allez changer d’appartement ou de maison et vous lancer dans l’acquisition de votre résidence principale. Et cela tombe a priori très bien. C’est l’été, vous êtes en vacances, vous avez donc le temps de visiter des logements et de mûrir votre projet. Voici 6 conseils pour vous lancer ou finaliser votre achat au cœur du mois d'août.

Ce qu’il faut négocier cet été

1. Rallongez le compromis de vente

L’été, vous soufflez ! Mais il en va de même pour les professionnels du secteur immobilier. Agents immobiliers, banquiers, notaires… eux aussi profitent de l’été pour prendre quelques jours de repos. Résultat : le marché est moins fluide et les délais pour obtenir un prêt immobilier se rallongent. C’est d’autant plus vrai cette année, rapportent certains courtiers. Occupées notamment par les demandes de prêts garantis par l’Etat, « nombre de banques n'ont pas, en ce début du mois d’août, de cellules disponibles pour le traitement des dossiers [de crédit immobilier] », souligne ainsi Alban Lacondemine, président d’Emprunt Direct.

Dans ce contexte, si vous en êtes au stade de la signature du compromis de vente, il est prudent de rallonger le délai de la condition suspensive pour obtenir votre crédit immobilier. En principe, cette clause vous octroie 30 à 45 jours, ce qui dans le contexte actuel peut être trop juste. « Nous sommes au 15 août et les délais s’allongent avec les périodes de congés. Je ne saurais donc que trop conseiller de prévoir un délai de 3 mois jusqu’à la signature définitive », recommande ainsi Maël Bernier, directrice de communication du courtier Meilleurtaux.

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2. Ne cédez pas à la pression

Au moment d’acheter, votre principal ennemi… c’est vous, avec parfois la complicité de l’agent immobilier ! Par peur de passer à côté de la perle rare ou de se faire doubler par un autre acquéreur, vous pouvez agir par précipitation. Or, signer un compromis, c’est déjà vous engager. Car, si vous vous rétractez pour un motif non prévu dans les conditions suspensives, vous vous exposez à devoir payer une lourde pénalité au vendeur, de l’ordre de 10% du prix de vente. C’est pourquoi, il est vivement recommandé de faire au moins une contre-visite, éventuellement accompagnée d’un professionnel du bâtiment, à une heure différente du premier rendez-vous.

L’été est justement propice à prendre votre temps. Traditionnellement en juillet et en août, le marché immobilier retombe. Il y a traditionnellement moins d’offres nouvelles mais, selon le site d’annonces immobilières Meilleurs Agents, l’été 2020 est sur ce point un peu différent. « L’équipe scientifique de Meilleurs Agents constate aujourd’hui l’arrivée de nouveaux projets avec un nombre important de nouvelles annonces mises en ligne qui est d’ailleurs nettement plus élevé pour cette époque de l’année qu’en 2019 », explique-t-il dans son baromètre du mois de juillet.

3. N’ayez plus peur de discuter du prix

Cet été, à cause du confinement, vous êtes aussi plus nombreux à vouloir changer de logement. D’après Century 21, après avoir chuté de 50% durant le confinement, le trafic sur son site internet a enregistré « un record d’audience au mois de mai (+10% par rapport à l’an passé) avec plus de 3,1 millions de visiteurs (…) Les acquéreurs étant nombreux, les vendeurs n’ont aucune raison d’accepter une offre trop basse : les écarts de prix s’en font le reflet et se réduisent passant de 5,6% au 1er semestre 2019 à 5,1% au 1er semestre 2020 (-9%) », poursuit ce réseau immobilier.

Toutefois, l’accalmie se profile s’agissant des prix, anticipent certains analystes. « Le marché semble amorcer une tendance naturelle de ralentissement de hausse des prix, face des volumes légèrement fléchissants », écrivent ainsi les Notaires de France dans leur note de conjoncture parue en juillet. A Paris, d’après le site d’analyses immobilières Price Hubble, les prix auraient même déjà baissé de 0,4% entre janvier et juillet 2020.

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Dans ce contexte, si le logement visé dépasse un peu votre budget, faites tout de même une offre au prix qui vous semble convenir. Un conseil : pour évaluer votre pouvoir de négociation, regardez depuis combien de temps le bien est en vente. « Le temps est l’ennemi du vendeur, rappelait en effet Julien Raffin, créateur du réseau d’agences C2i, dans le cadre d’un webinar organisé en juin par Meilleurs Agents. A partir du moment où le prix est au marché, le logement peut se vendre entre une journée et un mois, donc rapidement. Au-delà, cela donne à l’acheteur un argument pour faire pression à la baisse ».

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4. Pensez à votre facture d’énergie en hiver

Qui dit été, dit beau temps, chaleur, luminosité ! N’oubliez pas pour autant d’inspecter l’état du chauffage, de l’isolation, de la toiture ou encore des fenêtres des maisons et des appartements visités. Dans ce but, le dossier de diagnostic technique (DDT), que le propriétaire doit communiquer à l’acquéreur, est important. Celui-ci comporte notamment une évaluation de l’installation électrique et du gaz, si elle a plus de 15 ans, et diagnostic de performance énergétique (DPE).

Le DPE contient notamment l’étiquette énergie du logement, sorte de carte d’identité énergétique du bien. Il obtient A ou B : il fait partie des logements très basse consommation. A l’inverse, s’il est classé F ou G, il est considéré comme une passoire thermique, et nécessitera donc de lourds travaux pour faire baisser votre facture d’électricité.

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5. Analysez l’environnement et le quartier

En été, certains quartiers (étudiants, commerciaux…) peuvent paraître calmes et paisibles alors que, le reste de l’année, ils sont très animés. Pour ne pas vous faire surprendre, vous pouvez questionner le voisinage sur le bruit habituel et la circulation dans les rues aux alentours.

Si le logement n’est pas vendu avec un parking, questionnez aussi les riverains sur la disponibilité des places de stationnement. En août, avec les départs en congés, il est en effet plus facile de se garer. Attention : cela peut être différent le reste de l’année. Plus généralement, quelle que soit la période, vérifiez que logement se situe à proximité des commodités nécessaires à votre quotidien : transports en commun, écoles, commerces, distributeurs de billets…

6. Soyez prêt à renoncer

« Malgré les menaces de la crise sanitaire sur le marché de l’emploi, à court terme, et la perte inéluctable d’acquéreurs potentiels que ceci impliquerait, les notaires, sur la majeure partie du territoire, témoignent actuellement de la très forte appétence du public pour l’acquisition immobilière qui peut parfois friser l’irrationnel », souligne ainsi les Notaires de France dans leur dernière note conjoncturelle. Si vous travaillez dans un secteur d’activité touché par la crise, cette précipitation peut être périlleuse. Dans ses dernières prévisions sorties fin juin, l’Unédic, qui gère l’assurance-chômage, anticipe que 900 000 emplois vont être détruits en 2020.

D’ailleurs, conscientes que la crise économique n’en est qu’à ses débuts, les banques se penchent sur les emplois des candidats au crédit immobilier. Selon les courtiers, certains secteurs, comme l’aéronautique, l’habillement, l’événementiel et le tourisme, sont regardés d’un mauvais œil. Cela peut se traduire par un taux d’intérêt plus élevé que la moyenne voire par un refus de financement.