Avec le déconfinement, vous souhaitez relancer votre projet immobilier. Bonne nouvelle : les banques vont, d'après les courtiers, recommencer à octroyer des crédits. Mauvaise nouvelle : les taux d’intérêt ont augmenté avec la crise.

Après 2 mois de crise, le marché du prêt immobilier va-t-il repartir avec le déconfinement ? Oui, estiment les courtiers, mais lentement. Sonnées durant les premières semaines de crise sanitaire et occupées à traiter les demandes de prêt garanti par l’Etat de leurs clients professionnels, les banques recommencent petit à petit à s’intéresser au prêt immobilier. « Chez Cafpi, la gestion des dossiers en cours se fait presque normalement et 100% des dossiers avancent, même si le temps de réalisation est allongé, souligne ainsi Philippe Taboret, directeur général adjoint de Cafpi. Même le montage des nouveaux dossiers est reparti et la plupart des banques acceptent désormais d’étudier les nouveaux dossiers. »

La reprise des affaires, si l’ensemble des courtiers l’attendent, certains l’entrevoient mais plus timidement. « Les flux entrants en matière de crédit immobilier s’avèrent assez limités (…). Près de la moitié des établissements n’acceptent toujours pas de dossiers de demande de prêt », constate ainsi au 5 mai Emprunt Direct. « On notera que de nombreux acteurs n’ont toujours pas communiqué de grilles [de taux] au titre de mai », ajoute ce courtier immobilier. Pour l’heure, selon Le-Partenaire, ce redémarrage s’observe surtout pour les bons profils, avec des revenus élevés, un apport et un taux d’endettement bas.

1,30% sur 20 ans : nouvelle norme du crédit immobilier

S’agissant des taux d’intérêt, la crise sanitaire a également changé la donne. « Entre 0,80% et 1,30% sur 20 ans avant le 16 mars, nous avions atteint des valeurs historiquement basses. Aujourd'hui, la tendance est à la hausse […] Les nouveaux barèmes que Meilleurtaux.com a reçus depuis début avril font état de hausses variant de +0,10% à +0,50% », explique ainsi Hervé Hatt, président de Groupe Meilleurtaux dans une tribune publiée hier dans Les Echos.

Pour mai, le retour progressif des banques sur le marché du prêt immobilier limite mais n’évite pas la remontée des taux. La tendance reste haussière, même si les progressions sont moins nombreuses. Ce mois-ci, les rebonds les plus nets, qui n'excèdent pas 0,20 point en mai, s'observent essentiellement sur les emprunts de très courtes durées, inférieures à 15 ans. « Cela s'explique parce que les plus fortes hausses sont intervenues dans le courant du mois d'avril mais début mai, nous avons finalement reçu assez peu de barèmes haussiers, et globalement pas de grand changement, ce sont des banques qui n'avaient pas bougé en avril qui rehaussent leurs barèmes » souligne Maël Bernier, directrice de la communication de Meilleurtaux.

Ainsi pour mai 2020, les taux d’intérêt moyens, hors assurance, dans les banques ressortent à :

  • Sur 15 ans : 1,15% d’après Meilleurtaux, 1,07% d’après Le Partenaire, 1,30% d’après Emprunt Direct
  • Sur 20 ans : 1,35% d’après Meilleurtaux, 1,30% d’après Le Partenaire, 1,45% d’après Emprunt Direct
  • Sur 25 ans : 1,60% d’après Meilleurtaux, 1,49% d’après Le Partenaire, 1,70% d’après Emprunt Direct

Voir notre baromètre des taux immobiliers

Taux moyens constatés par les réseaux de courtage, sur la base des barèmes fournis par les banques

Un passeport pour le crédit pour contrecarrer ce contexte difficile

Si la hausse des barèmes s’avère plus mesurée en mai qu’en avril, elle n’éclipse pas une source d’inquiétude importante pour les professionnels du secteur immobilier : le niveau du taux de l’usure. Les taux pratiqués par les banques se rapprochent en effet de l’usure, le taux maximum fixé par la loi. « La conséquence immédiate sera d'exclure à court terme du crédit des Français moins fortunés, s’inquiète ainsi Hervé Hatt. Il est urgent de revoir le texte qui fixe le taux d'usure pour ne pas compromettre le redémarrage du marché de l'immobilier dès la sortie de la crise actuelle », poursuit le président du Groupe Meilleurtaux.

Lire à ce propos : La baisse des taux d'usure, une mauvaise nouvelle pour les emprunteurs ?

Pour rappel, le taux d’usure est mis à jour tous les trois mois sur la base des TAEG (taux d’intérêt net de frais et avec assurance emprunteur) octroyés par les banques durant le trimestre écoulé. En conséquence, les seuils de l’usure s’adaptent, certes, aux variations sur le marché immobilier mais avec 3 mois de retard, ce qui peut poser problème notamment en cas de choc brutal comme c'est le cas aujourd'hui. En effet, alors que les taux remontent, le taux d'usure a baissé au 1er avril dernier à 2,40% pour les crédits octroyés sur 10 à 20 ans, et à 2,51% sur 25 ans.

En attendant la sortie de crise, les courtiers s’adaptent pour ne pas laisser filer les emprunteurs prometteurs et les aider à mener à bien leur projet d’achat. Ce coup de pouce se matérialise par la délivrance d’attestations de finançabilité précisant la capacité d’emprunt calculée sur la base des pièces justificatives fournies. Qu’il s’appelle « Visa pour le Crédit » chez Meilleurtaux, « Passeport Emprunteur » chez Vousfinancer ou encore « Certificat » chez Cafpi, ce document est censé faciliter la recherche du bien immobilier adéquat et rassurer les vendeurs quant à la capacité de financement des candidats acheteurs.