Les courtiers en crédits immobiliers constatent quelques hausses dans les grilles de taux communiquées par les banques, mais de façon très limitée.

Pas de révolution pour les taux immobiliers en ces premiers jours de 2020 : les courtiers en crédits relèvent des évolutions à la marge, et les taux stationnent donc toujours à des niveaux extrêmement bas. Le courtier Vousfinancer relève ainsi « quelques remontées » mais son directeur général, Jérôme Robin, précise qu’elles ne sont pas nécessairement appliquées pour « les profils les plus convoités » : « Il est donc trop tôt pour parler de véritable remontée, et la tendance peut encore s’inverser, en fonction de la conjoncture de ce début d’année. » Les évolutions restent toutefois extrêmement faibles : ce courtier annonçait un taux de 1,25% sur 20 ans début novembre, et de 1,30% sur la même période en ce début d’année.

« Trop tôt pour parler de véritable remontée »

Fabienne Laborde, directrice commerciale de Le-Partenaire, évoque elle un « léger mouvement haussier » pour janvier, un mouvement « maitrisé » par les banques, qui « souhaitent capter de bons clients dès le début 2020 ». Elle ajoute : « Les banques ont plutôt augmenté leurs frais de dossiers pour palier à une hausse de taux trop rapide. » Philippe Taboret, directeur général adjoint de Cafpi, estime lui que, « pour retrouver de la marge », « les banques font moins d’efforts sur les meilleurs profils ». La quête de nouveaux clients en abaissant les taux serait pour l’heure repoussée à plus tard, courant 2020, selon Philippe Taboret, qui constate un « attentisme » du secteur bancaire. « Si de très légères remontées paraissent aujourd'hui raisonnablement envisageables, il ne s'agit pas d'un phénomène de fond ou de grande ampleur », confirme Maël Bernier, porte-parole de Meilleurtaux. « Mais nous pensons que c'est notamment du côté des records, c'est-à-dire des taux les plus bas constatés, qu'il y aura un relèvement, c'est d'ailleurs déjà le cas en cette rentrée. »

Les taux fixes moyens dans les banques en janvier 2020

Sur 15 ans : 1,10% selon Meilleurtaux ; 1,10% selon Vousfinancer ; 1% selon Empruntis ; 1,04% selon Le-Partenaire.

Sur 20 ans : 1,26% selon Meilleurtaux ; 1,30% selon Vousfinancer ; 1,15% selon Empruntis ; 1,20% selon Le-Partenaire.

Sur 25 ans : 1,49% selon Meilleurtaux ; 1,50% selon Vousfinancer ; 1,40% selon Empruntis ; 1,47% selon Le-Partenaire.

Taux moyens constatés par les réseaux de courtage, sur la base des barèmes fournis par les banques.

Voir aussi notre baromètre mensuel des taux immobiliers

Franc retour des renégociations de crédits

« Nous observons aussi un retour de la renégociation de prêt immobilier avec 19% des demandes sur décembre 2019, cela offre la possibilité de raccourcir la durée de son emprunt ou de baisser le montant des mensualités », souligne Fabienne Laborde, de Le-Partenaire. « Malgré la petite hausse des taux observée, ces derniers restent très bas et permettent aux emprunteurs qui n’avaient pas encore profité de l’avantage de la baisse des taux des 2 dernières années, d’économiser sur le coût de leur emprunt », confirme Philippe Taboret, de Cafpi.

Intéressant pour ceux qui n'ont « pas encore profité de la baisse des taux des 2 dernières années »

Une évolution confirmée par les données publiées par la Banque de France : la part de renégociations dans la production de crédits est remontée de 18% cet été à près de 29% en novembre 2019 ! Précision : la Banque de France mêle les statistiques de renégociation « simple », en restant dans la même banque, et de rachat de crédit par une autre banque, ce qui explique le décalage avec les chiffres communiqués par les courtiers.

L’incertitude 2020 : l’impact des recommandations de Bercy

La suite ? A ce stade, les indicateurs macro-économiques (taux des emprunts d’Etat, taux de la Banque centrale européenne, etc.) ne poussent pas au rebond des taux immobiliers. Mais un élément change la donne : le Haut conseil de stabilité financière (HCSF), qui rassemble les « Sages de la finance » et est présidé par le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a durci le ton en décembre ! Dans le contexte actuel de taux très bas, et pour éviter que les banques ne prennent trop de risques financiers, le HCSF « recommande aux banques (...) une durée de crédit qui n’excède pas 25 ans » et un plus strict respect de la règle des 33% de taux d’endettement. Le HCSF accepte tout de même une dérogation à ces règles, tant que cela se limite à une faible part de la production de crédits.

Des banques déjà « très attentives au niveau de revenus de l’emprunteur »

« Les banques sont très attentives au niveau de revenus de l’emprunteur, la tenue de ses comptes, son taux d’endettement, son reste-à-vivre, l’apport injecté dans le projet mais aussi l’épargne résiduelle ainsi que le bien financé, de façon à ce que le risque de défaut soit quasi-nul », commente Jérôme Robin, de Vousfinancer, qui se montre « confiant » sur la « poursuite d’une activité saine en matière de production de crédit en 2020 ». Ces préconisations pourraient surtout mettre fin à quelques largesses, comme le précise Alban Lacondemine, président d’Emprunt Direct : « Cet avis [du HCSF] et les exigences prudentielles internationales pourraient conduire certaines d’entre elles, dans un contexte de taux proches de leurs plus bas, à modérer leur objectifs de production pour l’année 2020. » Le retour à un rythme de croisière plus qu’un véritable bouleversement.