Tous les derniers communiqués des courtiers confirment et mesurent la remontée des taux pour les prêts immobiliers. Tout en la relativisant, certains évoquant un retour au niveau de début 2015. Autre sujet d’alerte : une surcharge des banques dans le traitement des dossiers de crédit qui ne semble pas prête de se résorber.

Consensus entre la plupart des enseignes de courtage en crédit immobilier en ce début de mois d’août. Après une période de relative cacophonie, chaque courtier signalant en ordre dispersé et à des dates différentes les prémices de remontée des taux pour les crédits immobiliers, tous attestent désormais du même phénomène haussier et semblent s’accorder sur son ampleur.

« Le 20 ans sous les 2,50% »

« Nous sommes revenus aux conditions proposées en début d'année 2015, » résume Cécile Roquelaure, chez Empruntis. Côté Vousfinancer, on constate que depuis la mi-mai, « une quarantaine de banques, nationales ou régionales, ont augmenté leurs taux de crédit de 0,05 à 0,40 point selon les établissements ». Son de cloche similaire chez Meilleurtaux, où l’enseigne évoque un relèvement des barèmes pour la moitié de ses partenaires bancaires. Résultat : « Une remontée des moyennes des taux bancaires qui positionne néanmoins toutes les durées, y compris le 25 ans, sous la barre des 3% et le 20 ans sous la barre des 2,50% », tempère Maël Bernier, porte-parole de l’enseigne. Ce qui amènerait selon elle les taux moyens des prêts immo à 2,20% sur 15 ans (+15 points de base), 2,45% sur 20 ans (+20 points) et 2,85% sur 25 ans (+25 points). Au 6 août, Empruntis avance des taux de marché supérieurs (2,30%, 2,70% et 3,20% sur 15,20 et 25 ans) mais annonce des minima – les meilleurs taux négociés – identiques au point de base près à ceux communiqués par son concurrent Meilleurtaux : 1,70% (15 ans), 1,97% (20 ans) et 2,12% (20 ans). Tous les courtiers s’accordent par ailleurs sur une remontée des taux d’autant plus forte que le durée d’emprunt est longue.

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Et pour les semaines à venir ? « Nous n’attendons pas de bouleversements importants, sans doute encore quelques hausses ici ou là dans une relative stabilité, » anticipe-t-on chez Meilleurtaux. Chez Vousfinancer, on se risque à des prédictions un peu plus lointaines : « Pour le mois de septembre […], les banques devraient proposer des taux attractifs afin de conserver leurs parts de marché et continuer à conquérir une clientèle haut-de-gamme, avant de remonter légèrement leurs taux en fin d’année une fois qu’elles auront atteint, voire dépassé, leurs objectifs » explique Sandrine Allonier, responsable des relations banques. Objectifs atteints à hauteur de 70% à mi-année selon elle.

Banques encore en surcharge

Autre point sur lequel l’ensemble des courtiers s’accordent : des délais rallongés dans le traitement des demandes de prêt immobiliers dûs à une surcharge des banques depuis quelques mois de forte activité. « Le phénomène d'engorgement des établissements bancaires ne tend malheureusement pas à se résoudre en cette période estivale et les délais observés pour l'octroi d'un accord bancaire continuent à se rallonger, » explique Cécile Roquelaure. Ce qui amène beaucoup d’enseignes à inviter les futurs acheteurs à anticiper ces retards dans leur processus d’acquisition (rallonger les délais des conditions suspensives dans les compromis, entamer les démarches de recherche de financement le plus en amont possible, etc.)

Autre conséquence signalée chez Meilleurtaux : « Les excellents dossiers ne sont pas non plus épargnés et enregistrent également des hausses identiques [au reste du marché, NDLR], ce qui illustre la surcharge réelle des banques qui même sur les excellents dossiers limitent l’ampleur des décotes. » Perdant rarement une occasion pour apparaître comme des intermédiaires « indispensables » dans la recherche d’un crédit immobilier, certains courtiers ont néanmoins tôt fait de tourner cette situation à leur avantage : « Faire appel à un courtier pourra aussi être un plus dans la sécurisation du projet, car nous avons à la fois la visibilité sur les taux pratiqués mais également sur les établissements les plus réactifs à un instant donné. » L’argument des délais maîtrisés sera-t-il seulement aussi convaincant que celui d’un taux au plus bas ?