La Fédération bancaire française, association professionnelle représentant le patronat des banques françaises, vient de porter à la connaissance du public une étude sur l’assurance de prêt, qui tend à montrer que les emprunteurs immobiliers, dans une large majorité, savent qu’ils ont le choix de souscrire dans un autre établissement que celui qui leur prête. Un épisode de plus dans le long bras de fer qui oppose les banques et les associations de consommateurs sur le sujet.

L’assurance emprunteur, objet de controverse. D’un côté, les associations de consommateurs reprochent de longue date aux banques de verrouiller la concurrence sur ce produit. De l’autre, les banques laissent planer la menace d’un moindre accès au crédit pour les personnes financièrement fragiles en cas d’assouplissement trop marqué de ce marché. Entre les deux, les pouvoirs publics tentent, à coups de lois et d’amendements, de trouver la bonne formule.

Alors que le Parlement examine actuellement, dans le cadre du projet de loi consommation, la mise en place d’un délai d’un an, au cours duquel les emprunteurs immobiliers pourraient à loisir renégocier leur assurance de prêt, la FBF publie opportunément ce matin une étude sur le sujet (1), menée par l’Observatoire des crédits aux ménages, entité qu’elle finance en compagnie de l’ASF (Association française des sociétés financières).

L’idée force en est simple : une large majorité d’emprunteurs sait aujourd’hui que l’on peut décider de souscrire l’assurance couvrant le remboursement du prêt immobilier hors de la banque qui prête l’argent. C’est le cas, selon l’étude, de 85,5% des ménages ayant emprunté depuis septembre 2010 (date d’entrée en vigueur de la Loi Lagarde, qui inscrit dans la loi la déliaison entre crédit immobilier et assurance de prêt) et de 83,5% de ceux qui comptent emprunter dans les six prochains mois.

63% des assurés ne font pas jouer la concurrence

Pour autant, ils ne sont qu’une minorité, parmi les emprunteurs récents, à s'être renseignés sur la concurrence : 37,3%, dont 21,1% ont finalement choisi une assurance alternative. Le gros des troupes, 62,7%, a souscrit à l’assurance de la banque prêteuse, sans chercher d’autres solutions parce que la proposition de leur banque leur convenait (47,1%), pour n’avoir qu’un seul interlocuteur (34,4%) ou parce que cela nécessitait trop de démarches supplémentaires (31,2%), pour citer les réponses les plus fréquentes. Plus surprenant, la question du manque de temps, argument souvent utilisé pour expliquer la rareté des délégations, n’est avancé que par 19% des sondés.

Du côté des emprunteurs ayant choisi de souscrire une assurance alternative (21,1% du panel de départ), c’est le gain financier qui arrive largement en tête des motivations (cité par 78,1%). C’est aussi le cas pour les assurés qui ont cherché une assurance alternative, avant d’opter pour celle de la banque prêteuse (16,2% du panel de base). Le prix, cité par 59,2% d’entre eux, devance la simplicité (40,8%). 20,4% déclarent n’avoir pas trouvé d’alternative, sans plus d’explications. La question de la qualité des garanties (citée dans 8,2% des cas seulement) est apparemment secondaire pour cette population.

(1) Sondage réalisé en décembre 2013 par TNS-Sofres pour l’Observatoire des crédits aux ménages, par téléphone auprès de 400 ménages ayant souscrit un prêt immobilier après septembre 2010 (303) ou ayant l’intention de le faire dans les 6 mois (97).