Selon les statistiques fournies par les courtiers en crédits immobiliers, les taux fixes du marché ont baissé au cours du dernier mois. Une bonne nouvelle, mais aussi quelques bémols : les strictes conditions d’octroi et les prix toujours élevés ne facilitent pas, en effet, la tâche des emprunteurs.

Mi-janvier 2012, au moment où Standard & Poor’s dégradait la note de la dette souveraine française, la plupart des courtiers en crédits immobiliers annonçaient une hausse à venir des taux. Un peu vite, sans doute, car deux mois plus tard, elle ne s’est toujours pas produite.

Au contraire : selon les chiffres publiés début mars par Meilleurtaux, 83% des banques partenaires du courtier ont baissé leur taux au cours du dernier mois, en moyenne de 0,12 point. « [Les banques] ont la possibilité de [proposer des taux compétitifs] grâce à la baisse de l’OAT 10 ans – inférieur à 3% depuis plus d’un mois – et aux bonnes conditions de refinancement dont elles bénéficient, notamment auprès de la Banque centrale européenne », explique Sandrine Allonier, responsable des études économiques de Meilleurtaux, dans un communiqué. Le constat est le même chez le courtier ACE, qui observe une baisse des taux fixes comprise entre 0,10 et 0,30 point depuis janvier, et cela « contre toute attente ».

« Les emprunteurs (…) disposent d’une fenêtre de tir favorable »,  estime de son côté Empruntis. Le courtier en ligne ne parle pas de baisse, mais de stabilité générale, avec des taux fixes moyens de 4% à 15 ans, 4,25% à 20 ans et 4,55% à 25 ans. « Les banques françaises disposent d’une marge de manœuvre plus large qu’il y a quelques semaines et nous annoncent d’une voix unanime des baisses pour les semaines qui viennent », se félicite Maël Bernier, directrice de la communication d’Empruntis. « C’est une excellente nouvelle car cela signifie que les banques vont pouvoir à nouveau rentrer dans une phase active de concurrence toujours favorable à l’emprunteur ».

Crédit « impossible » sans apport ?

Les trois courtiers glissent néanmoins dans leurs analyses quelques bémols. Selon Meilleurtaux, ce sont les durées courtes qui bénéficient le plus du contexte favorable : -0,07 point de taux moyen entre février (4,02%) et mars (3,95%) pour les prêts à 15 ans. A comparer avec la baisse de seulement 0,03 point pour les prêts à 25 ans, les plus courants notamment chez les primo-accédants, qui se situent en moyenne à 4,43% début mars.

De son côté, Maël Bernier d’Empruntis rappelle que « cette baisse modérée (…) ne modifie par l’application des critères d’endettement, qui reste très stricte en cette période troublée (…). En d’autres termes, on prête moins cher, mais on prête prudent. » Joël Boumendil, PDG d’ACE, est du même avis : « [La baisse des taux] n’est pas suffisante pour permettre de resolvabiliser les acquéreurs potentiels. (…) Il devient compliqué pour ne pas dire impossible d’emprunter aujourd’hui sans apport, le prix de l’immobilier est encore trop haut et peine à baisser en complet décalage avec le pouvoir d’achat des acquéreurs actuels. »