Début 2021, des milliers de petits porteurs ont pris Wall Street par surprise en se concertant sur les réseaux sociaux pour faire décoller le cours de l'action GameStop. Depuis, ce phénomène s'est reproduit plusieurs fois, et il a maintenant un nom : les meme stocks. Décryptage.

Si vous êtes familier avec la culture internet, peut-être avez-vous déjà entendu parler des memes (prononcez « mim » ou « mém », à votre convenance), ces images virales qui se déclinent à l'infini sur les réseaux sociaux. Un phénomène en apparence anodin, mais qui a pourtant coûté près de 4 milliards de dollars au hedge-fund new-yorkais Melvin Capital.

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La folle épopée de GameStop

L'affaire commence en janvier 2021. Gamestop, la maison-mère de Micromania, traverse alors une période difficile. Il n'en faut pas davantage pour que plusieurs hedge-funds parient sur la baisse du cours. Ces mouvements n'échappent pas à certains investisseurs particuliers, qui décident de riposter.

Très vite, un appel est lancé sur WallStreetBets, un forum de la plateforme Reddit sur lequel 11 millions de boursicoteurs s'échangent leurs bons tuyaux. L'information se répand comme une traînée de poudre, et des milliers de particuliers investissent dans l'action GameStop. Certains sont attirés par l'appât du gain, d'autres amusés par la perspective de prendre les vendeurs à découvert à leur propre jeu.

Résultat ? En moins d'un mois, l'action GameStop flambe. Son cours passe de 22 dollars en décembre 2020, à 483 dollars le 28 janvier. Soit plus de 22 fois sa valeur initiale. A tel point qu'en mai 2022, le fonds Melvin Capital finit par fermer boutique, plombé par ses pertes face aux boursicoteurs. Les « meme stocks » sont nés.

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Qu'est-ce qu'un meme stock ?

Dans le détail, les meme stocks sont des titres « dont la popularité explose, et qui deviennent viraux grâce à des réseaux sociaux comme Reddit ou Twitter », explique Yorick Naeff, CEO du courtier en ligne BUX. Le phénomène ne date pas d'hier, selon lui. Mais avec le temps, il a pris de l'ampleur : « aujourd'hui, le pouvoir des réseaux sociaux est tel que les utilisateurs de ces plateformes peuvent faire de l'ombre aux grands noms de Wall Street ».

Car l'affaire GameStop n'est pas juste un cas isolé. D'autres actions ont depuis vu leur cours s'envoler (ou s'effondrer) sans raison valable. C'est notamment le cas de la chaîne américaine de salles de cinéma AMC, qui a vu son cours passer de 2 dollars début janvier 2021, à 72 dollars en juin 2021.

En clair, un nouveau paradigme se dessine : « traditionnellement, les petits porteurs essaient d'imiter les mouvements des investisseurs institutionnels. Mais bien souvent, ils ont un temps de retard », relève Yorick Naeff. Avec l'aide des réseaux sociaux, les particuliers peuvent désormais impacter les cours, eux aussi. Ce changement se limite toutefois à des actions dont les volumes sont faibles. « Pour ces investisseurs particuliers, il serait bien plus difficile d'avoir un impact significatif sur le cours de fortes capitalisations, comme Apple ou Amazon », poursuit Yorick Naeff.

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15% de pertes

Mais derrière les quelques faits d'armes des boursicoteurs, se cache une autre réalité, moins reluisante. « Les meme stocks sont des actions virales, mais aussi très volatiles », prévient Yorick Naeff. Et pour cause : « leur cotation en bourse est totalement décorrélée de la valeur réelle de l'entreprise derrière. Par conséquent, dès que les investisseurs particuliers se lassent d'une action, son cours chute aussi rapidement qu'il est monté ».

Voilà pourquoi le courtier BUX conseille aux particuliers de ne consacrer qu'une fraction de leur portefeuille aux meme stocks, et de traiter ces valeurs comme des actifs spéculatifs, dont le fort potentiel de rendement s'accompagne d'un risque élevé. « Sans doute influencés par ce qu'ils ont pu lire sur les réseaux, certains particuliers ont investi tardivement, alors que l'engouement pour un titre commençait déjà à s'essouffler. Résultat : ils ont parfois perdu beaucoup d'argent », déplore Yorick Naeff. En moyenne, les 37 meme stocks suivis par Bloomberg auraient ainsi perdu 15% de leur capitalisation au cours des dernières semaines.

S'ils offrent des perspectives de rendements parfois attrayantes, les meme stocks sont donc à prendre avec des pincettes. « Attention à ne pas suivre aveuglément les recommandations des influenceurs », recommande Yorick Naeff. En 2021, la star Nabilla avait par exemple écopé d'une amende de 20 000 euros pour « pratiques commerciales trompeuses » sur les réseaux sociaux.

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