Certains investisseurs ne jurent que par elles. Tandis que d'autres s'en méfient et préfèrent se tourner vers des actions dites “de croissance”. Alors que valent (vraiment) les actions à dividende, et quelle place leur donner dans votre portefeuille ?

En bourse, il existe deux façons de gagner de l'argent. Vous pouvez réaliser une plus-value en revendant vos titres à un cours plus élevé que celui auquel vous les avez achetés. Ou vous pouvez empocher les dividendes qui sont versés chaque mois, chaque trimestre ou chaque année, selon les entreprises.

Dividendes records

Dans le meilleur des mondes, il est possible de combiner ces deux sources de rendement. L'action Air Liquide, par exemple, a vu son cours progresser de 18% depuis le début de l'année. Et la société a versé un dividende de 2,95 euros sur la même période.

Mais ce n'est pas toujours le cas. Car le versement d'un dividende n'est pas systématique. « Certaines entreprises préfèrent restituer de la valeur aux actionnaires via le versement de dividendes ou des rachats d'actions. Tandis que d'autres réinvestissent les fonds dont elles disposent afin de poursuivre leur croissance », explique Aldo Sicurani, délégué général de la Fédération des Investisseurs Individuels et des Clubs d'investissement (F2iC).

Une poignée de firmes, au contraire, versent un dividende qui augmente sans interruption depuis parfois plus de 50 ans. Si bien qu'on les surnomme à présent les « Dividend Aristocrats ». Parmi ces dernières, on retrouve par exemple Coca-Cola, ExxonMobil, Allianz, Johnson & Johnson, Sanofi, Procter & Gamble ou encore Walmart, le géant américain de la grande distribution.

Mais comment savoir si ces actions à fort dividende sont plus intéressantes que les valeurs dites « de croissance », c'est-à-dire les entreprises qui rémunèrent les actionnaires par une hausse de leur cours plutôt que par le versement d'un dividende ?

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Une rente de 6 000 euros par an

Pour comprendre l'intérêt des dividendes, on peut s'intéresser à l'histoire du CAC40. A ses débuts, le 31 décembre 1987, l'indice phare de la place parisienne valait 1 000 points. Aujourd'hui, il a dépassé les 7 200 points. En l'espace de 35 ans, la valeur des actions de l'indice a par conséquent été multipliée par 7,2.

Si l'on regarde maintenant le CAC40 GR, c'est-à-dire le même indice, mais en prenant en compte les dividendes réinvestis, on s'aperçoit qu'il atteint 21 940 points. Soit presque 22 fois la valeur de l'indice initial. « Dans le cas du CAC40, la prise en compte des dividendes a permis de tripler la performance pour l'investisseur », observe Aldo Sicurani.

Pas étonnant, dès lors, que les titres qui versent des dividendes élevés soient souvent recherchés par les investisseurs. « Certaines valeurs, comme Société Générale, qui propose un rendement de 7,15%, ou encore TotalEnergies (5,48%) sont très appréciées par les particuliers », note Aldo Sicurani.

Pour les actionnaires, ces dividendes élevés sont souvent l'occasion de se constituer un complément de revenus. « Avec un portefeuille de 100 000 euros investi sur le long terme en misant sur des actions à dividende élevé, il est possible de générer un rendement de 6% bruts, soit environ 6 000 euros par an. Ce n'est pas négligeable », estime Aldo Sicurani. « Un gros bémol toutefois : rendement élevé du dividende et hausse des cours sont très souvent incompatibles ».

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Pas de miracle

Toutefois, les dividendes ne sont pas une solution miracle. Pour commencer, certaines actions ne versent pas de dividende mais sont tout de même très performantes, car les fonds sont utilisés pour le développement de l'entreprise. C'est par exemple le cas de la plupart des valeurs technologiques, comme Amazon ou Google, dont les cours ont progressé de respectivement 56% et 41% depuis le début de l'année.

À l'inverse, d'autres entreprises se retrouvent parfois captives d'un rendement trop élevé, ce qui peut grever leur performance au long cours. « Les actionnaires n'apprécient pas quand le dividende baisse. C'est souvent interprété comme un mauvais signal sur la santé financière de l'entreprise, ce qui peut se traduire par une chute du cours. D'où l'intérêt des rachats d'actions qui engagent moins la société », indique Aldo Sicurani.

Le débat sur les dividendes ne s'arrête pas là. Car d'un point de vue comptable, le dividende n'enrichit pas les actionnaires. De fait, le jour où le dividende d'une action est versé, le cours de l'action baisse du même montant. Autrement dit : les dividendes sont neutres. Il s'agit simplement d'une autre façon de partager la richesse avec les actionnaires.

« Certains actionnaires estiment même que les dividendes les appauvrissent, puisque la somme perçue après prise en compte de la fiscalité – soit 30% pour un compte titre et 17,2% pour un plan d'épargne en actions ouvert depuis plus de 5 ans – est inférieure à la baisse du cours de l'action, qui correspond au montant du dividende brut », explique Aldo Sicurani. « Mais dans les faits, si l'action détenue est de bonne qualité, le cours remonte souvent assez rapidement à son niveau précédent en l'espace de quelques jours ».

Alors, faut-il privilégier des actions à fort dividende, ou s'en détourner ? « Les dividendes sont une source de revenus à ne pas négliger. Mais les actionnaires doivent avant tout s'intéresser au rendement global d'un titre », répond Aldo Sicurani.

Autrement dit : ne vous laissez pas aveugler par un dividende élevé. Ce n'est qu'une partie de l'équation. L'entreprise Icad, par exemple, propose un dividende à 12,33%. Mais elle a perdu 56% de sa valeur au cours des 5 dernières années.

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