Les épargnants ont garni leurs contrats d'assurance vie en octobre de 1,5 milliard d'euros nets, en privilégiant les unités de compte (UC), des placements plus risqués mais potentiellement plus rémunérateurs, selon les données publiées jeudi par France Assureurs.

« L'assurance vie occupe une place centrale dans l'épargne financière de notre pays », malgré les « incertitudes macroéconomiques (...), géopolitiques » mais aussi les « effets d'annonce de certains autres produits d'épargne », a commenté le directeur général de la fédération professionnelle Franck Le Vallois lors d'une conférence téléphonique.

+26% de cotisations sur un an

Cette situation pour l'assurance vie tranche avec celles du mois précédent comme avec octobre 2022, lorsque les sorties avaient dépassé les dépôts d'environ 0,3 milliard d'euros. Dans le détail, l'assurance vie a enregistré le mois dernier un niveau de cotisations (sommes versées sur les contrats) de 14,7 milliards d'euros (+26% sur un an) et des prestations (qui comprennent les rachats et les versements en cas de décès) de 13,1 milliards d'euros (+15%).

Sur les dix premiers mois de l'année, l'assurance vie a engrangé 2,9 milliards d'euros net, un chiffre qui fait pâle figure face aux 27 milliards d'euros supplémentaires accumulés sur le Livret A pendant la même période. A 3% net, les livrets A sont bien mieux rémunérés que les fonds euros (au capital garanti) de l'assurance vie, de l'ordre de 1,59% net de frais et de prélèvements sociaux, selon les calculs du site d'information sur l'assurance vie Good value for money.

Le Livret A n'est pas le seul à faire le plein depuis le début d'année : 10 milliards d'euros nets ont été ajoutés sur les Livrets de développement durable et solidaire (LDDS) et presque 16 milliards sur les Livrets d'épargne populaire (LEP) depuis janvier.

Les fonds euros de l'assurance vie, garantis en capital, sont particulièrement attaqués : ils ont dégonflé de 25,4 milliards d'euros depuis janvier, quand les placements en UC ont augmenté de 28,3 milliards d'euros. « Il ne faut pas voir à travers la décollecte nette (...) un désamour pour le fonds euros », a défendu M. Le Vallois.

Autre point d'attention pour les assureurs : le niveau de prestations depuis le début de l'année, à 125 milliards d'euros, dépasse largement le record atteint l'an dernier à la même période, à 108,3 milliards d'euros. Ce montant de retraits, qui peut s'expliquer par des besoins d'argent frais des assurés (pour faire face à l'inflation, financer l'achat d'un bien immobilier...) ou leurs arbitrages en faveur de produits d'épargne plus rémunérateurs, ne présente pas d'inquiétude pour la profession, a assuré M. Le Vallois.