La hausse du 1er février du taux du Livret A et des autres livrets d'épargne réglementée sera-t-elle suivie d'autres en 2023 ? Les conditions sont réunies pour le Livret A et le LDDS, pas pour le LEP. Mais tout dépendra des choix des pouvoirs publics. Explications.

3% pour le Livret A et le LDDS, 2% pour le Compte épargne logement et 6,10% pour le LEP, le tout net d'impôts : il y avait longtemps que les livrets d'épargne réglementée n'avait pas rapporté autant. Et ce n'est peut-être pas fini. Selon le calendrier réglementaire du Livret A et de ses satellites, une prochaine mise à jour est possible dans moins de 6 mois, le 1er août précisément.

Ce n'est toutefois pas automatique. Tout dépendra de l'évolution, d'ici la fin du semestre, des deux références utilisées pour calculer les rendements de l'épargne réglementée : l'inflation et l'€ster, un taux interbancaire calculé par la Banque centrale européenne (BCE). Mais aussi de la volonté du gouverneur de la Banque de France, qui peut choisir de ne pas tenir compte de ces indices et de proposer un autre taux, ou un statu quo, à l'approbation du ministre de l'Economie et des Finances.

Les taux du Livret A et des autres ont-ils des chances d'augmenter à nouveau le 1er août prochain ? Voici ce que l'on peut en dire aujourd'hui.

Livret A, LDDS, CEL : une nouvelle hausse est possible

De 6% actuellement à 5% à la mi-2023 : c'est la trajectoire d'inflation tracée par l'Insee dans sa note de conjoncture dévoilée hier, mardi 7 février. Selon l'institut statistique, la hausse des prix a donc finalement atteint un plateau, après 2 ans de hausse, et va commencer à refluer, sous l'effet de la baisse des prix des produits pétroliers. Résultat : sauf nouveau choc, lié notamment au déroulé de la guerre en Ukraine, la hausse des prix moyenne au premier semestre 2023 devrait être un peu moins élevée qu'au second semestre 2022, à 5,5% contre 6,1%.

Quelle influence sur le futur taux du Livret A ? C'est de fait cette moyenne semestrielle qui sera prise en compte dans sa formule de calcul. Son repli ne signifie pas pour autant que la rémunération de l'épargne réglementée va baisser. Car l'autre indice, l'€ster, reste fortement orienté à la hausse. Sa moyenne semestrielle a entamé, depuis la fin juillet 2022, une remontée en pente forte. Fin 2022, il atteignait 0,537%. Un gros mois plus tard, il a déjà dépassé les 1% (1,01% au 6 février).

Cette trajectoire devrait se poursuivre. L'€ster, en effet, est influencé par l'évolution des taux directeurs de la Banque centrale européenne (BCE). Depuis le tournant de la politique monétaire de l'institution pour lutter contre l'inflation, fin juillet 2022, le taux de la facilité de dépôt a été relevé à 5 reprises, passant de -0,50% à 2,5%. Et ce n'est pas fini : une nouvelle hausse d'un demi-point est déjà annoncée pour la prochaine réunion de la BCE, le 16 mars.

C'est donc bien l'€ster qui devrait être le moteur d'une nouvelle hausse des taux de l'épargne réglementé en août. A ce rythme, sa moyenne semestrielle pourrait largement dépasser les 2% fin juin, et porter le taux du Livret A et du LDDS vers la barre des 4%.

L'inconnue du politico-économique

Outre l'inflation et les choix de politique monétaire de la BCE, une autre inconnue influencera le futur taux du Livret A : les choix politico-économiques des pouvoirs publics. Nous l'avons vu, le gouverneur de la Banque de France peut déroger à l'application automatique de la formule de calcul. C'est d'ailleurs ce qu'il vient de faire, en freinant la hausse du taux du Livret A, qui aurait dû atteindre 3,30% au 1er février. Une décision notamment justifiée, dans un communiqué daté du 15 janvier, par la nécessité de lisser l'évolution du taux du Livret A, à la hausse comme à la baisse.

Si cette ligne directrice était maintenue, la hausse du 1er août prochain pourrait, par exemple, être limitée à un demi-point, soit 3,5% pour le Livret A et le LDDS, et 2,50% pour le CEL.

LEP : préparez-vous pour une baisse de taux

Qu'en est-il, enfin, du Livret d'épargne populaire ? L'évolution de son taux répond actuellement à une logique différente de celle des autres livrets d'épargne réglementée. Elle échappe, en effet, aux considérations politico-économiques. Pour remplir la promesse affichée, celle de neutraliser les effets de la hausse des prix sur l'épargne des ménages à revenus moyens ou modestes, les pouvoirs publics laissent le taux du LEP suivre fidèlement l'évolution de l'inflation. C'est ce qui lui a permis d'être revalorisé successivement à 2% le 1er février 2022, 4,6% le 1er août 2022 et 6,10% aujourd'hui.

Logiquement, le taux du LEP sera encore aligné en août sur l'inflation moyenne du 1er semestre 2023. Soit 5,5%, si les prévisions de l'Insee se révèlent exactes.

Mauvaise nouvelle, le taux du LEP a atteint un plafond et va bientôt baisser

Une revalorisation au 1er mai ? Peu probable.

Outre les actualisations automatiques du 1er février et du 1er août, le rendement des livrets d'épargne réglementés peut également évoluer, de manière exceptionnelle, le 1er mai et le 1er octobre. A quelle condition ? « Si la Banque de France estime que la variation de l'inflation ou des marchés monétaires le justifie », explique l'arrêté encadrant le mode de calcul du Livret A et de ses satellites (1).

Ce levier, toutefois, n'a jamais été activé par l'institution et il paraît peu probable que ce soit le cas cette année.

(1) Arrêté du 27 janvier 2021 relatif aux taux d'intérêt des produits d'épargne réglementée