L'inflation, moins élevée qu'attendue en décembre, pourrait avoir un impact négatif sur le prochain taux du Livret A à compter du 1er février 2023. Explications.

Quel sera le taux du Livret A le 1er février prochain ? La réponse à cette question ne devrait officiellement intervenir qu'autour du 15 janvier. On dispose toutefois de deux certitudes. Un, la rémunération du produit d'épargne préféré des Français (2% actuellement) va augmenter, sous l'effet conjugué de la forte inflation et de la hausse des taux directeurs de la Banque centrale européenne. Deux, cette augmentation sera « sensible », selon l'expression de François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, chargé de calculer le nouveau taux.

Comme à chaque mise à jour du taux du Livret A, produit d'épargne réglementé, le gouvernement va, dans les prochains jours, être confronté à un choix : appliquer précisément la formule de calcul inscrite dans la réglementation, ou donner un coup de pouce au pouvoir d'achat des épargnants en fixant un taux supérieur.

Livret A : un scénario séduisant pour la hausse du 1er février

Un coup de pouce remis en cause ?

Si elle reste plausible, cette seconde hypothèse a pris aujourd'hui un peu de plomb dans l'aile. Pourquoi ? Parce que l'Insee a dévoilé ce mercredi matin une prévision d'inflation un peu moins élevée que prévu pour le mois de décembre 2022 : 5,9%, contre 6,8% annoncé récemment dans le cadre d'une note de conjoncture. En cause notamment, le ralentissement des prix de l'énergie. Ce qui constitue une (relative) bonne nouvelle pour le budget des Français ne l'est pas pour leur épargne. Car l'indice des prix à la consommation est une des variables entrant en compte dans la formule de calcul du Livret A. En clair, plus l'inflation est basse, plus sa rémunération le sera.

Concrètement, avec une inflation à 6,6% en décembre, le résultat de la formule de calcul aurait donné, selon nos estimations, un taux « technique » de 3,377%. Soit 3,40% après arrondi. Avec une inflation à 5,9%, ce résultat descend à 3,302%, donc 3,30% après arrondi.

La différence vous paraît minime ? C'est vrai. Mais ce petit dixième d'écart pourrait dissuader le gouvernement d'accorder le coup de pouce espéré. Chaque inflexion à la hausse, même minime, du taux du Livret A représente, en effet, un coût pour les banques qui distribuent le produit et doivent verser les intérêts dus aux épargnants. Dans ce contexte, l'exécutif tranchera-t-il en faveur de ces établissements ou des épargnants ? Réponse dans une dizaine de jours.

Le LEP également affecté

Ce ralentissement de la hausse des prix a toutes les chances d'affecter également le Livret d'épargne populaire (LEP). Sa rémunération, en effet, s'aligne sur le taux d'inflation moyen du semestre précédent. Espéré à 6,20% au 1er février, contre 4,60% actuellement, son futur rendement pourrait finalement s'arrêter à 6,10%. Ce qui reste toutefois sans équivalent dans le contexte actuel.