Si la hausse probable du taux du Livret A est une bonne nouvelle pour les épargnants, ce n'est pas le cas pour l'Etat, à qui elle va coûter cher.

Le Livret A, une spécificité française. Aucun autre pays européen, en effet, n'a imité la France et mis en place un livret d'épargne à taux réglementé cumulant sécurité, liquidité et exonération fiscale et sociale, destiné à financer des projets d'intérêt général (logement social, politique de la ville, rénovation énergétique) . Ce n'est pas un hasard : un tel produit, en effet, coûte très cher à l'Etat.

S'ils étaient fiscalisés, comme c'est le cas des autres supports d'épargne, les centaines de milliards d'euros du Livret A, du LDDS, du LEP et des anciens PEL généreraient des recettes pour les finances publiques : 30% des intérêts annuels en cas d'application du PFU. Selon l'estimation de l'Observatoire de l'épargne réglementée de la Banque de France, le manque à gagner lié à l'avantage fiscal et social accordé à l'épargne réglementée équivalait ainsi en 2020 à un effort financier de l'Etat de 1,177 milliard d'euros. Avec la hausse du taux du Livret A attendue pour le 1er février (de 0,50 à 0,80%), mais également du LDDS (de 0,50 à 0,80%) et du LEP (de 1 à 2,20%), cet effort va augmenter proportionnellement, en même temps que les intérêts générés.

Taux du Livret A : première bonne nouvelle depuis 10 ans !

Ce n'est pas tout : cette hausse a aussi un coût pour la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), le bras financier de l'Etat qui gère près de 60% de l'encours des livrets réglementés. Pour assurer la disponibilité permanente de cet argent, la CDC achète en effet des titres monétaires dont la rémunération est actuellement largement négative, autour de -0,50%.

Livret A, LDDS, PEL : combien votre épargne coûte-t-elle à l'Etat ?

Résultat : plus l'écart grandit avec la rémunération servie sur le Livret A, plus cela lui coûte cher. « Financer la surémunération du Livret A par rapport aux taux de la BCE, cela creuse les déficits publics », résume Cyril Blesson, macro-économiste et associé au sein du cabinet PAIR Conseil. Dans quelle mesure ? Difficile de chiffrer avec précision. A titre de comparaison, l'agence de notation Fitch a récemment estimé à 460 millions d'euros le coût annuel d'un relèvement du taux du Livret A à 0,75% pour les banques, qui gèrent 40% environ de l'encours du Livret A.

Refondons le Livret A pour protéger l'épargne populaire