Les sociétés financières françaises, qui actualisent régulièrement leurs politiques de lutte contre le réchauffement climatique, affichent des objectifs « peu quantifiables, peu suivis et peu comparables », déplore la Cour des comptes dans son rapport annuel publié mardi.

Propres à chaque entreprise, les indicateurs de suivi des engagements pris par les établissements bancaires et les assureurs, de même que leurs méthodologies, sont « souvent faiblement explicités », estime également la Cour.

Les principaux banquiers et assureurs français se sont engagés à aligner leur portefeuille avec les objectifs de l'Accord de Paris, qui vise à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle.

Beaucoup de communication, mais des « angles morts »

La participation de ces organisations aux alliances « Net zero », avec comme horizon la neutralité carbone d'ici 2050, « ne comporte pas d'obligation de résultat », rappelle la Cour. Pour elle, l'ambition affichée par ces acteurs comme la communication importante faite autour comporte des angles morts.

« Les sociétés financières communiquent en valeur ou en variation tantôt sur des volumes globaux alloués à la transition (BNP Paribas, Crédit Agricole), tantôt sur des objectifs d'allocation d'une part de leur résultat aux projets verts (Crédit Mutuel, Maif) ou encore sur des encours de prêts (BPCE) ou d'investissements verts (Axa, CNP Assurances) à atteindre. D'autres ciblent un secteur particulier (la transition énergétique pour la Société générale) », détaille le rapport.

La Cour critique également l'emploi de termes aux définitions qu'elle présente comme « mouvantes » : prêts verts, projets à fort impact climatique, hydrocarbures non conventionnels...

Elle constate également que l'impératif de rentabilité reste prioritaire pour les investisseurs et les financeurs, loin devant l'impact environnemental, et rejette en bloc le discours sur le supposé manque de projets, souvent avancé par les responsables de ces établissements. « L'hypothèse d'un manque de projets verts, argument fréquemment mentionné pour justifier les résultats limités du financement de la transition, apparaît peu fondée. L'enjeu réside plutôt dans le nombre limité de projets verts suffisamment rentables », écrit la Cour.

Elle adresse enfin un mauvais point à l'Institut de la finance durable (IFD), organisme dédié à la lutte contre le réchauffement climatique au sein du lobby de la place financière française, Paris Europlace, accusé de ne pas prendre en compte les enjeux d'adaptation au changement climatique.