La présidente de la Banque centrale européenne a cherché mercredi à dissiper les craintes d'une nouvelle crise de l'euro face au coronavirus, au lendemain de la publication d'un rapport de l'institution évoquant ce risque.

« Je ne suis pas trop inquiète » concernant le risque de voir ressurgir une nouvelle crise de l'euro, a déclaré Christine Lagarde lors d'une discussion en ligne avec des jeunes organisée à Francfort. Mais « les décideurs (de la politique monétaire) devront continuer à surveiller » la croissance rapide des niveaux d'endettement en zone euro, a-t-elle ajouté, au moment où les gouvernements empruntent à tout va pour amortir les effets de l'épidémie de nouveau coronavirus.

Dans un rapport semestriel publié mardi, la BCE a elle-même mis en avant le risque d'une montée de « l'évaluation par le marché du risque de redénomination », en d'autres termes de sortie de l'euro des pays les plus endettés et de retour à leur monnaie nationale dévaluée.

Selon l'ancienne directrice du Fonds monétaire international, non seulement la zone euro mais « tous les pays du monde ont dû augmenter leur dette » face à la pandémie et « c'était la bonne chose à faire ». Une « bonne utilisation de la dette » pour relancer l'économie et garantir une croissance durable « devrait être encouragée », a-t-elle expliqué pour dissiper des craintes de voir la zone euro basculer dans une nouvelle crise de la dette qui pourrait être fatale à certains pays affaiblis comme l'Italie.

Jusqu'à 12% de chute du PIB en 2020

Christine Lagarde a par ailleurs indiqué qu'il fallait désormais s'attendre à un recul entre 8 et 12% du Produit intérieur brut de la zone euro cette année, correspondant à deux scénarios « moyen » et « sévère » de repli de l'activité. Un troisième scénario dit « mineur », prévoyant un recul limité à 5%, est désormais « obsolète », a-t-elle précisé, alors qu'il était encore envisagé fin avril par l'institution.

La gravité exacte du coup porté à l'activité cette année dépendra « de la rapidité avec laquelle les mesures de verrouillage seront levées » et de « quels secteurs des activités seront particulièrement affectés », a expliqué Mme Lagarde.

L'Allemande Isabel Schnabel, membre du conseil d'administration de la BCE, a elle déclaré mercredi au Financial Times que l'institution « serait prête à augmenter » s'il le fallait ses rachats d'obligations sur le marché, déjà prévus pour plus de 1.000 milliards d'euros cette année.