Face à l'épidémie de coronavirus, le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF), émanation de Bercy et de la Banque de France, a décidé mercredi de supprimer en le ramenant à zéro un coussin de fonds propres « contra-cyclique » que les banques ne pouvaient pas utiliser pour prêter de l'argent.

« Le HCSF décidé de relâcher intégralement le coussin de fonds propres bancaires contra-cyclique », d'après un communiqué de l'institution, un geste qui permet selon Bercy d'injecter environ 8 milliards d'euros dans l'économie. Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau avait annoncé vendredi avoir demandé au gouvernement cet assouplissement des exigences de capital pour les banques.

8 milliards d'euros pour le crédit

Le « coussin contra-cyclique » est une réserve supplémentaire de capital à mettre de côté par les banques en cas de retournement de la conjoncture financière. Ce coussin était de 0,25% des fonds propres des banques depuis le 1er juillet 2019 et devait passer à 0,5% le 2 avril prochain. Les 0,5% de fonds propres représentent environ 8 milliards d'euros qui auraient été immobilisés et qui pourront désormais servir à accorder des prêts aux entreprises, notamment.

Pour le HCSF, le « choc » endossé par l'économie « contraste avec celui subi en 2008 qui était principalement de nature financière », selon le communiqué, qui juge aussi qu'aujourd'hui, la « solidité des établissements bancaires comme des organismes d'assurance est mieux assurée ».

A Bercy, on estime que l'économie « est touchée de plein fouet comme elle ne l'a sans doute pas été depuis la Seconde guerre mondiale ». Le ministère demande qu'après les banques, qui ont promis qu'elles assureraient des crédits aux entreprises affectées par la crise, les assureurs fassent eux aussi des efforts. « Il n'est pas question pour nous que les assureurs ne participent à l'effort de solidarité nationale », selon un responsable du ministère.

Activation du Mécanisme européen de stabilité envisagée

Bercy appelle enfin à ce que « tous les instruments » disponibles au niveau européen « soient utilisés rapidement et massivement par la Banque centrale européenne » (BCE), et insiste pour que ce soit « une décision collective » des Européens. La question se pose notamment d'un recours au Mécanisme européen de stabilité (MES) pour les pays les plus affectés par la crise, comme l'Italie.

Créé en 2013, le Haut Conseil de stabilité financière est présidé par le ministre de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire et rassemble notamment le gouverneur de la Banque de France et le président de l'Autorité des marchés financiers. Sa mission est d'analyser et de surveiller les risques qui pèsent sur le système financier.