Daniel Bouton, ancien PDG de la Société Générale, a "pété une durite" au moment de l'affaire Kerviel, il y a plus de deux ans, affirme Hugues Le Bret, ancien directeur de la communication de la banque, dans son livre à paraître jeudi sur l'ex-trader condamné en justice.

Deux jours avant la sortie en librairie du livre, intitulé « La semaine où Jérôme Kerviel a failli faire sauter le système financier mondial », le journal Le Monde publie mardi les bonnes feuilles de cet ouvrage.

L'ancien directeur de la communication de la Société Générale raconte ainsi que Daniel Bouton a été tellement stressé par ce dossier, qu'il en avait perdu le sommeil, à la suite d'un « syndrome d'hyperresponsabilité ». En outre, le patron prenait un anti-dépresseur, le Prozac, ajoute Hugues Le Bret.

L'ancien PDG, qui a par la suite démissionné de ses fonctions, a souffert selon Le Bret, de l'ostracisme de ses pairs, car il était d'origine modeste, son grand-père étant garde-barrière de la SNCF.

Jamais « accepté dans la bande de Sarkozy »

« Ce n'est pas un héritier ou un mondain, il ne faisait pas partie de clubs et n'a jamais été accepté dans la bande de Sarkozy, ou celle de Michel Pébereau, Claude Bébéar et les autres », écrit M. Le Bret.

L'auteur rappelle par ailleurs que l'Elysée avait été furieux d'avoir été informé tardivement du scandale. « C'était mon conseil de ne pas l'appeler (Ndlr, l'Elysée) », écrit Hugues Le Bret. « Le gouverneur de la Banque de France et le président de l'Autorité des marchés financiers (AMF) ont été d'accord », ajoute-t-il.

L'auteur indique par ailleurs que la direction de la banque, notamment Jean-Pierre Mustier, chef de la banque d'investissement, craignait que Jérôme Kerviel ne mette fin à ses jours. M. Mustier, qui a entretemps quitté la banque, avait été marqué par le suicide d'un autre trader de la Société Générale, mis à pied après « avoir été flashés par les radars internes ».

L'ancien trader de la Société Générale Jérôme Kerviel a été très lourdement condamné mardi par le tribunal correctionnel de Paris, qui lui a infligé cinq ans de prison, dont trois ferme, et des dommages et intérêts colossaux de 4,9 milliards d'euros correspondant à la perte subie par la banque début 2008.

Jérôme Kerviel était jugé pour avoir pris sur les marchés financiers des positions spéculatives de dizaines de milliards d'euros, dissimulées à l'aide d'opérations fictives et de fausses écritures.