L'agence d'évaluation financière Moody's a abaissé d'un cran la note des banques françaises Société Générale et Crédit Agricole SA, mais prolongé l'examen sur celle de BNP Paribas, qu'elle a laissé inchangée pour l'instant, selon un communiqué publié mercredi. La rumeur d'un abaissement circulait depuis dimanche, pour les trois établissements.

Dans le cas de Crédit Agricole SA, dont la note passe de « Aa1 » à « Aa2 », la décision est liée à l'exposition à la Grèce, tandis que dans celui de Société Générale, dont la note est rétrogradée de « Aa2 » à « Aa3 », la révision tient à la réévaluation du soutien dit systémique, c'est-à-dire l'aide que pourraient fournir les pouvoirs publics en cas de crise grave. L'agence avait annoncé mi-juin envisager un abaissement pour Société Générale, BNP Paribas et Crédit Agricole du fait de leur exposition à la Grèce.

Trois banques systémiques

Concernant Société Générale, Moody's rappelle qu'elle avait intégré dans la notation de la banque le soutien implicite dont elle bénéficie de la part des pouvoirs publics. L'agence estime toujours qu'en tant qu'établissement systémique, c'est-à-dire dont la défaillance serait susceptible d'affecter le système financier tout entier, la probabilité qu'il soit aidé par les pouvoirs publics reste « très élevée ». Mais elle considère que ce soutien n'a désormais plus de raison d'être plus important que celui dont peuvent bénéficier les autres banques françaises cotées, Crédit Agricole et BNP Paribas.

Dans le cas du Crédit Agricole, Moody's juge que si le groupe affiche des ressources en fonds propres « considérables » pour absorber des pertes potentielles liées à la Grèce, son exposition elle-même « est trop importante pour correspondre aux notes actuelles » de la banque.

Surveillance de BNP Paribas

Quant à BNP Paribas, Moody's a prolongé la surveillance négative sur la note de la banque française, signe qu'elle envisage toujours de l'abaisser, mais l'a pour l'instant laissée inchangée.

L'agence laisse entendre qu'au terme de son premier examen de trois mois, elle n'aurait pas modifié la note de la banque sur la base de son exposition à la dette d'Etat des pays fragiles de la zone euro, mais qu'elle a choisi de prolonger l'examen en se concentrant sur le financement de la banque sur les marchés.

Moody's souhaite « étudier les implications de la potentielle fragilité persistante de la banque sur les marchés de financement, compte tenu des besoins de financement » de BNP Paribas sur ces marchés. Depuis le mois d'août, l'ensemble des banques européennes souffrent de tensions sur le marché de la liquidité en dollars, la plupart des fonds monétaires américains, grands pourvoyeurs de liquidité, ayant décidé de réduire leurs approvisionnements.

L'agence précise que ce nouvel examen ne devrait pas entraîner un abaissement de notation de plus d'un cran, si Moody's décidait de modifier la note de la banque. Cet examen par Moody's de la note des banques françaises, entamé le 15 juin, ne prenait pas en compte l'impact de la baisse de leurs titres en Bourse, mais l'agence en tiendra compte dans son prochain examen, a précisé à l'AFP mercredi l'analyste Nicholas Hill de Moody's.

Les trois banques cotées ont de nouveau été prises dans la tourmente des marchés lundi et mardi.