1 200 euros, vraiment ? Nul besoin de reprendre en long et en large les débats sur la promesse d'une retraite minimum à 1 200 euros : elle ne concerne que les nouveaux départs, avec tous vos trimestres et un salaire proche du Smic, complémentaire incluse... en brut. Mais la réforme porte tout de même une hausse de 1,7 million de petites pensions et un boost du minimum contributif pour les futurs départs en retraite. Ce qu'il faut savoir.

1 - Avant la réforme, qui profite de la pension minimum ?

La pension minimum existe déjà, et ce depuis de longues années. Mais il ne s'agit pas d'une retraite minimum « tout compris » (base + complémentaire). Seule la pension de base, versée par votre Carsat (Assurance retraite), est concernée, la complémentaire (Agirc-Arrco le plus souvent) ne prévoyant aucun minimum.

Combien ? Le minimum contributif (MiCo) n'est pas un forfait : ce n'est pas un minimum applicable tel quel à tous les retraités. Déjà, il faut pouvoir justifier d'une carrière complète, donc avoir atteint l'âge du taux plein... lequel intervient souvent après l'âge légal de départ (62 ans actuellement, 64 ans à terme). En 2023, avant la réforme, si vous partez à taux plein avec une pension de base de 600 euros seulement, le MiCo vient compléter jusqu'à 684 euros. Sans le taux plein, votre MiCo est revu à la baisse.

Puis, si vous avez 120 trimestres cotisés (1), vous avez le droit au MiCo majoré. Au mieux, à ce jour : 747,57 euros, bruts, par mois. Attention, les deux ne se cumulent pas : la majoration est au mieux de 63 euros et quelques.

Le minimum contributif SANS la réforme des retraites
MontantCondition
Minimum contributif (MiCo)684 €
Pension de base
Taux plein
MiCo majoré748 €
Pension de base
Taux plein +
120 trimestres cotisés
Plafond du MiCo
1 352 €
Base + complémentaire
Limite le MiCo si les pensions de base + complémentaire dépassent le plafond
Nombre de bénéficiaires4,7 millions de retraités (33% des retraités de droit direct du régime général)

Montants arrondis, au 1er mai 2023. Sources : législation + Cnav (statistiques à fin 2022)

Dernier élément du casse-tête : votre retraite globale (votre pension de base ainsi portée à 747,57 euros, au mieux + les complémentaires) ne doit pas dépasser 1 352 euros. En brut. Sinon votre MiCo est rogné de façon à ne pas dépasser ce plafond. Au 1er septembre, le fonctionnement reste le même mais les montants sont revus et corrigés.

2 - Retraités actuels : qui profitera de la hausse maximum de 100 euros ?

Vous êtes retraité et le minimum contributif apparaît sur votre attestation de paiement Carsat (pension de base) ? Vous ne touchez pas les montants ci-dessus. Et c'est normal. Déjà car le MiCo et le MiCo majoré viennent en complément de votre pension de base acquise, à l'image de la prime d'activité complétant un salaire, jusqu'à atteindre le montant annoncé.

Ensuite car le minimum contributif et sa majoration sont revus à la hausse chaque année... mais une fois que vous êtes à la retraite, votre pension ne suit pas la même hausse, uniquement la revalorisation annuelle de la Cnav. Deux rythmes différents... ce qui explique que le MiCo que vous touchez depuis plusieurs années est inférieur aux montants ci-dessus.

Votre pension de base ne va donc pas atteindre le nouveau montant maximal du MiCo. Mais augmenter de 100 euros, au mieux. Sur les 1,7 million de petites retraites revalorisées, 125 000 pensions grimperont de 100 euros selon le ministère du Travail. En moyenne, le gain mensuel brut sera de 57 euros, selon les estimations fournies par gouvernement au printemps.

Réforme des retraites : MiCo revalorisé pour les retraités actuels
Montant
Minimum contributif (MiCo)+ 0 €
sur votre pension de base
MiCo majoré+ 1 à 100 €
sur votre pension de base
Bénéficiaires de la revalorisation du MiCo majoré1,8 million de retraités

Source : Rapport sur les objectifs et les effets du projet de réforme des retraites, janvier 2023.

Comment anticiper votre augmentation ?

Déjà, il faut vous assurez que vous bénéficier du MiCo majoré (120 trimestres cotisés + taux plein) et non uniquement du MiCo. Si c'est le cas, la hausse exceptionnelle sera proratisée selon votre durée d'assurance cotisée et la durée requise pour atteindre le taux plein pour votre génération.

La formule figure dans un document de la Cnav que MoneyVox a pu consulter : « majoration exceptionnelle = 100 € x trimestres cotisés / trimestres à valider pour le taux plein ».

En clair, si vous avez atteint le taux plein grâce à des trimestres validés (chômage indemnisé, arrêts maladie, etc.) mais non cotisés (réellement travaillés, en simplifiant), cela va réduire les 100 euros au prorata.

Exemple : pour une personne à la retraite depuis début 2023

Empruntons un exemple à demarches.interieur.gouv.fr : « Vous êtes né en 1961, vous avez les 168 trimestres d'assurance retraite requis pour avoir droit à une retraite à taux plein mais vous avez cotisé pendant seulement 130 trimestres ».

Cette personne est partie à la retraite début 2023, a droit au MiCo et à une majoration « classique » (le MiCo majoré) elle-même réduite pour cause de durée cotisée inférieure à la durée validée. La majoration « classique » est en effet déjà calculée au prorata. Pour faire court, au lieu des 747,57 euros maximum, ce retraité a 684 euros (le MiCo) + 49 euros = 733 euros.

Sa majoration exceptionnelle est proratisée de la même manière : 100 euros x 130 trimestres cotisés / 168 trimestres à valider = 77 euros. Avec ce coup de boost, sa pension de base grimpe à 800 euros.

EXEMPLES EN DÉTAIL. Petite retraite : quelle hausse pouvez-vous espérer avec la réforme des retraites ?

3 - Futurs retraités : 100 euros de mieux avec la réforme, au mieux

Pour un départ fin 2023, le nouveau minimum contributif sera de 709 euros. Et le MiCo majoré portera dans le meilleur des cas votre pension minimum à 848 euros, en brut, soit 100 euros de plus qu'aujourd'hui. Donc +25 euros sur le MiCo et +100 euros sur le MiCo majoré.

Mais ce boost maximal de 100 euros ne concernera qu'une minorité de futurs retraités. Sur 180 000 à 200 000 futurs retraités aux revenus modestes bénéficiant chaque année de cette hausse du MiCo majoré, moins de 40 000 néo-retraités profiteront à plein du coup de boost de 100 euros, selon les données livrées par le gouvernement. Et seulement 10 000 à 20 000 d'entre eux atteindront les 1 200 euros, en brut, avec la complémentaire.

Réforme des retraites : MiCo revalorisé pour les futurs retraités
MontantCondition
Minimum contributif (MiCo)709 €
Pension de base
Taux plein
MiCo majoré848 €
Pension de base
Taux plein +
120 trimestres cotisés
Plafond du MiCo
1 352 €
Base + complémentaire
Limite le MiCo si les pensions de base + complémentaire dépassent le plafond

Sources : documents Cnav et projets de décret

Réforme des retraites : ce qui change pour les petites pensions à partir du 1er septembre

Une nouveauté pour les parents au foyer

Les périodes validées au titre de l'assurance vieillesse des parents au foyer (AVPF) et de l'assurance vieillesse des aidants (AVA) entrent désormais - dans la limite de 24 trimestres - dans le décompte des trimestres « cotisés » comptabilisés pour la majoration du minimum contributif.

4 - Quand les petites retraites seront-elles augmentées ?

Futurs retraités. Dès le 1er septembre 2023 : les nouveaux MiCo et MiCo majoré s'appliquent « aux pensions prenant effet à compter du 1er septembre 2023 » selon le décret d'application.

Actuels retraités. Là, ça dépend. « 600 000 vont percevoir cette augmentation dès l'automne, dans les semaines qui viennent et notamment sur le paiement de la retraite de septembre », a expliqué le ministre du Travail Olivier Dussopt. Donc le 9 octobre, date de versement de la pension de base comptant pour septembre.

Réforme des retraites : quand ces 8 nouveautés vont-elles réellement s'appliquer ?

Les autres ? Plus d'un million de « petites » retraites actuelles ? Olivier Dussopt poursuit : « Ça sera échelonné jusqu'à début 2024 parce que beaucoup d'assurés ont cotisé dans plusieurs caisses différentes, donc il faut reconstituer les carrières. » Un document interne à la Cnav consulté par MoneyVox, prévoit que cette pension revue et corrigée soit « versée au plus tard en septembre 2024 ».

5 - La complémentaire Agirc-Arrco sera-t-elle aussi revalorisée ?

Suspense. A ce stade, la réforme des retraites ne touche pas à la complémentaire. Le régime complémentaire principal (13 millions de retraités), celui des ex salariés du privé et indépendants, l'Agirc-Arrco, est co-géré par les syndicats et organisations patronales. Des négocations ont commencé - timidement - sur plusieurs aspects en vue d'un accord courant septembre ou début octobre 2023. Au menu : revalorisation annuelle, avenir du malus de 10%... et un éventuel geste de l'Agirc-Arrco pour les bénéficiaires du minimum contributif.

Réforme des retraites : et maintenant, la bataille de la complémentaire Agirc-Arrco

Avant la réforme, quelle complémentaire touchent les bénéficiaires du minimum contributif ? MoneyVox a demandé au printemps à l'Agirc-Arrco de simuler la complémentaire d'un retraité qui a fait valoir ses droits à la retraite à taux plein début 2023 après 42 ans de carrière (168 trimestres) rémunérée au Smic. En clair, le profil type de la pension minimum promise. L'Agirc-Arrco avait estimé que « sa pension mensuelle brute à l'Agirc-Arrco est de l'ordre de 255 euros ». Même avec un MiCo majoré, cette complémentaire ne permettrait pas d'atteindre le fameux objectif des 1 200 euros. D'où l'intérêt pour le gouvernement d'espérer un geste du plus gros des régimes complémentaires.

Retraite « minimum » : quelle complémentaire Agirc-Arrco pour une carrière au Smic ?

(1) A différencier des trimestres validés ou réputés cotisés. Le décompte des trimestres cotisés figure sur votre relevé de carrière sur LAssuranceRetraite.fr.