C'est un nouvel avantage pour les retraités porté par la réforme. Certes, il nécessite de travailler encore plus longtemps, puisque ce cumul emploi-retraite revu et corrigé profite à ceux qui partent après avoir atteint le taux plein, à un âge qui peut être bien plus élevé que l'âge légal. Ce qui change pour les futurs retraités, aussi bien pour la pension de base que la complémentaire, en 5 questions.

1 - C'est quoi, le cumul emploi-retraite ?

Reprendre un travail alors que vous avez déjà liquidé vos droits à la retraite, tout simplement. « Plus de 500 000 retraités », profitaient déjà de ce dispositif avant la réforme selon le gouvernement.

Mais attention, avant comme après la réforme, reprendre le travail se fait plus ou moins facilement selon le moment où vous avez liquidé vos droits à la retraite. En bref, tant que vous partez à la retraite après l'âge légal ET après avoir atteint l'âge du taux plein (avoir tous les trimestres requis), vous pouvez travailler comme bon vous semble. En revanche, si vous êtes parti avant l'âge du taux plein, votre activité professionnelle complémentaire à votre pension est limitée.

Vous avez le taux plein, et vous êtes parti après l'âge légal (carrière longue exclue) ? Vous avez liquidé tous vos droits, complémentaires comprises ? Vous pouvez travailler autant que vous le souhaitez, sans aucun plafond de ressources. C'est le « cumul intégral ». C'est ce cumul emploi-retraite là qui devient plus intéressant encore après la réforme.

Vous n'avez pas obtenu une retraite à taux plein, ou vous êtes parti en anticipé ? Vous ne bénéficiez que du « cumul emploi retraite plafonné ». C'est-à-dire ? Vous pouvez reprendre un travail mais vous devrez - en simplifiant - ne pas gagner plus dans votre nouvelle situation professionnelle (en cumulant pension et nouveau salaire) qu'avant de prendre votre retraite. Sinon ? Votre pension de base sera rognée de façon à rester sous ce plafond (ou sous 1,6 fois le Smic).

A quel âge puis-je partir à la retraite ? *

Age légal de départ à la retraite **
Nombre de trimestres requis ** --
Âge du taux plein automatique ** 67 ans

* A compter du 1er septembre 2023, l'âge légal de la retraite sera relevé progressivement de trois mois par an pour atteindre 64 ans en 2030, contre 62 ans aujourd'hui.
** Source : projet de réforme des retraites du gouvernement présenté le 10 janvier 2023.

NB : Il s’agit d’un simulateur simplifié qui présente les cas généraux. Pour une simulation personnalisée, rendez-vous sur le simulateur du site info-retraite.

2 - Pourquoi reprendre un travail à la retraite était jusqu'ici peu intéressant ?

« Jusqu'à la réforme des retraites, (...) les périodes travaillées en cumul emploi-retraite ne permettaient pas d'améliorer sa pension », explique le ministre du Travail Olivier Dussopt dans le communiqué accompagnant le décret d'application du nouveau cumul emploi-retraite, publié le 11 août dernier au Journal officiel.

Jusqu'à présent, le nouvel emploi du retraité donnait lieu à cotisations salariales, comme pour tout salarié... mais les cotisations retraite se faisaient à fonds perdus. Car cet emploi exercé pendant votre période de retraite ne vous donnait droit à aucun supplément de pension.

3 - Qu'est-ce qui change avec la réforme des retraites ?

Si vous reprenez le travail après votre départ à la retraite, cela ne sera plus à fonds perdus : vous cotisez pour acquérir de nouveaux droits.

Une subtilité : l'Assurance retraite ne recalculera pas votre pension initiale. Pendant votre période de cumul emploi-retraite, vous cotisez pour une seconde retraite. Un complément de pension qui sera versé à part.

« L'attribution de la seconde retraite n'est pas automatique »

Quelles conditions pour décrocher cette seconde retraite ?

  • Pouvoir prétendre au cumul emploi-retraite intégral : donc être parti à taux plein et avoir liquidé tous vos droits.
  • Si vous retournez travailler chez votre précédent employeur, « un délai de 6 mois » devra être respecté. Ce délai n'existe pas si vous changez d'employeur.
  • Réclamer cette seconde pension ! Comme le souligne l'Assurance retraite dans une fiche pédagogique, « l'attribution de la seconde retraite n'est pas automatique. Faites-en la demande auprès de votre caisse régionale. »

Et attention : au moment de réclamer votre seconde retraite, il ne s'agira pas de reprendre encore un nouvel emploi à la suite : « Une fois la seconde retraite obtenue, vous ne pouvez pas cotiser pour une troisième retraite. »

Attention : taux plein obligatoire pour profiter du nouveau dispositif

Comme indiqué ci-dessus, seuls les retraités ayant liquidé leurs droits à taux plein et après l'âge légal - le cumul intégral - peuvent bénéficier de ce cumul emploi-retraite ouvrant droit à une seconde pension.

Les retraités partis avant le taux plein ou en carrière longue restent soumis au cumul plafonné dans les mêmes conditions qu'avant la réforme, avec un cumul de ressources à ne pas dépasser.

4 - Qu'est-ce qui change, aussi, pour la complémentaire Agirc-Arrco ?

Dans l'accord conclu le 5 octobre dernier, les syndicats et organisations patronales cogestionnaires du régime complémentaire Agirc-Arrco ont transposé le même principe du cumul emploi-retraite offrant de nouveaux droits. « Les cotisations patronales et salariales dues à compter du 1er janvier 2023 (...) sont génératrices de points pour les allocataires en “cumul emploi retraite sans condition tenant aux ressources”. »

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Traduction ? Les retraités profitant du cumul emploi-retraite intégral, donc partis à taux plein, ne cotiseront pas à perte à l'Agirc-Arrco en reprenant une activité. Ils accumuleront de nouveaux points.

Dans le cas de la complémentaire Agirc-Arrco, cela ne donnera pas lieu à une seconde pension mais à un nouveau calcul de la pension complémentaire une fois le cumul emploi-retraite arrivé à son terme.

« Je cumule déjà retraite et travail : vais-je en profiter ? »

Quid de ceux qui avait déjà eu recours au cumul emploi-retraite avant l'entrée en vigueur de la réforme ? L'Assurance retraite (Cnav ou Carsat) prendra en compte toutes les cotisations de l'année 2023. Donc tout emploi cumulé avec votre pension en 2023, pas en 2021 ou 2022. Même principe pour l'Agirc-Arrco : sont pris en compte les cotisations versées depuis le 1er janvier 2023.

5 - Pouvez-vous espérer un important complément de pension grâce à ce cumul ?

Pension de base (Assurance retraite). Cette seconde pension ne pourra pas dépasser 5% du plafond annuel de la sécurité sociale, ce qui correspond actuellement à 2 200 euros par an et donc un peu plus de 183 euros par mois, grand maximum, pour cette seconde pension de base, en sachant que ce plafond annuel est revalorisé chaque année (193 euros par mois maximum en 2024). Il faudra toutefois cumuler emploi et retraite pendant plusieurs années avant d'espérer ce complément maximum...

Pension complémentaire Agirc-Arrco. Les nouveaux droits ou points complémentaires seront limités en fonction du même plafond annuel de la Sécurité sociale, mais sans pourcentage, donc à 3 864 euros grand maximum pour un cumul prenant fin en 2024. Là encore, il faudrait continuer à travailler très longtemps et à un très haut niveau de salaire pour espérer atteindre ce plafond.

Retraite Agirc-Arrco : ce qui change pour votre pension complémentaire avec le nouvel accord

Exemple, livré par le gouvernement. Jean né en 1960, retraité : « Il a liquidé sa pension à taux plein en 2022, à 62 ans, après avoir travaillé toute sa vie au salaire moyen avec pension d'environ 2 350 euros par mois. Il reprend une activité au même salaire pendant deux ans et cumule donc sa pension et son salaire. » Avant la réforme, cet emploi ne lui offre qu'un salaire complémentaire, pas de nouveaux droits à la retraite. Si la réforme était entrée en vigueur en 2022, il aurait pu espérer un complément de retraite de 130 euros par mois, estime le gouvernement.

Rappel : un retraité peut aussi reprendre une activité avec un statut différent, comme auto-entrepreneur par exemple.