Un cadeau ? Bien sûr, les primes d’intéressement et de participation ont tout de l’épargne « bonus » : un complément de salaire qui tombe sans avoir à vous priver. Ce n’est pas une raison pour l’investir les yeux fermés. Sinon votre plan rapportera moins qu’un livret A !

Près de 150 milliards d’euros sont investis sur les plans d’épargne salariale ! Qu’il s’agisse de plans d’épargne entreprise (PEE), bloqués 5 ans, ou de plans bloqués jusqu’à la retraite, ces produits séduisent 11 millions d’épargnants.

chiffres clés épargne des français

Mauvaise nouvelle : les primes records versées l’an passé étaient principalement calculées sur la base des résultats financiers de l’année 2019. Or, en 2020, les entreprises françaises ont été frappées de plein fouet par la crise sanitaire. Résultat : les primes d’intéressement et de participation versées en mai 2021 (sur la base des bénéfices 2020) baissent de 20% en moyenne selon les principaux gestionnaires. Dans tous les cas, attention à ce que vous allez faire de cet argent. Voici les 5 enseignements à retenir de notre étude exclusive sur l'épargne salariale.

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1 – Ne pas choisir… le pire des choix !

Vous ne connaissez que vaguement vos droits en épargne salariale ? En bref : la participation est un dispositif obligatoire de partage des bénéfices dans les entreprises de plus de 50 salariés, l’intéressement un mécanisme facultatif liés aux objectifs de l’entreprise. Puis vous placez (ou non) la prime annuelle sur un PEE, bloqué 5 ans, et/ou un plan d’épargne retraite (PER) d’entreprise, bloqué jusqu’à la retraite.

Intéressement, participation, PEE, PER : qui a droit à quoi ?

L’État ne lésine pas sur le rabais fiscal pour favoriser ce placement : 2 milliards d’euros, c’est le coût pour l’État de l’exonération d’impôt sur le revenu de l’épargne salariale, ce qui en fait la 3ème niche fiscale la plus coûteuse pour l’État. Quand vous percevez la prime, deux options s’offrent en effet à vous : prendre le cash (et payer l’impôt sur le revenu… si vous êtes imposable) ou placer cet argent sur un plan (et éviter l’impôt).

Impôt sur le revenu : faut-il encaisser ou placer votre prime d'épargne salariale ?

Si vous oubliez de choisir ? L’absence de choix (la date limite est le plus souvent le 31 mai) envoie votre épargne sur un PEE voire à 50% sur un plan bloqué jusqu’à la retraite. Un placement par défaut entraînant des « conséquences dommageables » selon le médiateur de l’Autorité des marchés financiers (AMF)…

Lire l’interview du médiateur de l’AMF sur les litiges en épargne salariale

2 – Le portefeuille moyen battu par… le livret A !

Ne pas choisir est un problème. Mal choisir aussi ! Or les salariés, peu ou mal conseillés, investissent plus de 20% de cette épargne salariale sur des fonds monétaires… qui affichent une performance négative ! A la différence de l’assurance vie, l’épargne salariale ne dispose pas d’un fonds en euros, qui offre malgré tout un vrai compromis entre rendement et absence de risque.

Résultat : sur 5 ans (de juin 2015 à juin 2020), un plan « lambda », n’a rapporté que 0,61% par an en moyenne ! Moins bien que le livret A sur cette même période !

épargne salariale rendement 5 ans

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3 – Une épargne mal investie… faute de conseil

Pourquoi personne ne vous aide à mieux investir ? C’est un constat quasi unanimement partagé : sauf exception, les salariés se débrouillent seuls, face à leur bulletin d’option, pour répartir leur prime parmi une poignée de fonds (monétaire, obligataire, diversifié, actions, etc.). Et le seul « conseiller » est soit l'employeur, soit les collègues…

Pourquoi êtes-vous si mal conseillés pour placer votre argent

4 – Un choix limité… au choix de votre employeur

Certains voient le verre à moitié plein : oui, personne ne conseille le salarié… mais comme il ou elle a un choix réduit, c’est moins grave. En effet, voici une autre spécificité de l’épargne salariale : vous ne choisissez pas le gestionnaire, ce privilège revenant à l'employeur. Et ce dernier sélectionne (généralement avec l’aval des représentants du personnel) une poignée de fonds sur lesquels vous pourrez investir. Un fonctionnement qui a l’avantage de la simplicité mais qui pose question... en laissant in fine la main aux deux ou trois groupes qui dominent ce marché si concentré.

gestionnaires épargne salariale

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5 – Les fonds ? Pas toujours les meilleurs…

Dans les grandes entreprises, les services ressources humaines et représentants du personnel sélectionnent les fonds. Dans les PME, faute de temps, le patron opte bien souvent pour l’offre clé en main. Ces fonds multi-entreprises, ceux qui sont donc proposés aux « petits » épargnants salariés des PME, valent-ils le coup ? Pas toujours… Même si notre étude menée avec Quantalys cache quelques bonnes surprises, à commencer par la performance honorable des fonds ISR (investissement socialement responsable).

tops et flops fcpe sur 5 ans

EXCLUSIF. Les fonds « grand public » de l'épargne salariale sont-ils performants ?

Des plans à fuir ? Non. A étudier ? Oui !

Bien sûr, l’épargne salariale, c’est du bonus. Bien sûr, si verser sur le plan vous permet de toucher l'abondement de l'employeur, c’est appréciable. Il n’empêche : la somme ainsi placée fructifie-t-elle mieux sur ce plan ou sur un produit plus classique ?

Certes, l'argument de la fiscalité est un argument massue. L'exemple d'une prime de 1 000 euros du point 2 a été calculé hors impôt sur le revenu, en se basant sur un salarié non imposable. La « perte » engendrée par un portefeuille « moyen » reste moindre que le coût de l'impôt sur le revenu si vous êtes imposable (quelle que soit votre tranche d'imposition) : concrètement prendre le cash et placer la somme sur un fonds en euros de l'assurance vie, par exemple, ne rattrape pas le « coût fiscal ». Du moins pas en 5 ans.

S'il ne faut retenir qu'une chose de ces analyses et simulations, la voici : en réfléchissant réellement à la manière de répartir votre épargne (privilégier le fonds obligataire au monétaire pour la sécurité, regarder les performances récentes des fonds, diversifier entre actions, fonds diversifié, ISR, etc.), voire en basculant sur un placement plus classique au bout de 5 ans - si vous avez un PEE -, vous évitez la « cata » d'une prime qui végète sur un fonds qui vous fait perdre de l'argent.