Pour améliorer l'accès au crédit immobilier, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a fait miroiter « un prêt à un taux accessible » pour les ménages. Une proposition encore bien loin de profiter aux emprunteurs.

Mardi 26 septembre, le Haut conseil de stabilité financière (HCSF), autorité présidée par Bruno Le Maire, estimait dans un communiqué que les règles régissant le crédit immobilier étaient bonnes et qu'il n'était donc pas nécessaire de revenir dessus, notamment concernant le taux d'endettement des ménages.

Quelques heures plus tard, le ministre de l'Économie évoque, auprès du Parisien, une réflexion autour d'un « prêt à taux bonifié ». « Quand les taux sont à 4%, ne faut-il pas réfléchir à un taux plus accessible pour les ménages ? », s'interroge le ministre auprès du quotidien.

Selon lui, la complexification de l'immobilier tient aujourd'hui à une raison très simple : « Les taux d'intérêt ont flambé. On sort d'une espèce d'âge d'or, où l'on donnait du crédit à beaucoup de monde à des taux pas loin de 1%. » Avec des taux moyens sur 20 ans actuellement proposés à 4%, le nombre de ménages capables d'emprunter pour un projet immobilier a en effet drastiquement chuté ces derniers mois.

Un taux à 2%, mais pas avant 2025 ?

À quoi pourrait ressembler ce prêt à taux bonifié ? Bruno Le Maire évoque le même principe que ce que proposait le Crédit Foncier dans les années 70. Le but, « offrir des conditions de financement de crédit plus attractives que celles du marché. »

Comme le rappelle Le Parisien, il s'agissait à l'époque d'un prêt « avec un taux fixé par avance, soit avec une banque publique, comme l'était le Crédit foncier (absorbé par le groupe Banque populaire Caisse d'épargne en 2018), soit avec une banque privée signataire d'une convention avec l'État. » Le principe du prêt à taux bonifié serait alors de proposer aux ménages un taux aux alentours des 2%, la différence avec les barèmes bancaires devant alors être absorbée par l'État.

Une chose est sûre, ce nouveau prêt est encore loin de voir le jour. « Nous devons étudier cette possibilité avec le ministre du Logement et les députés », estime Bruno Le Maire. De leur côté, les professionnels de l'immobilier préviennent que des mesures doivent être prises dans les plus brefs délais.

Le courtier Pretto dénonce ainsi « une occasion manquée » après la réunion du HCSF, quand Bérengère Dubus, secrétaire générale de l'UIC, principal syndicat de courtiers en crédit immobilier de France assure que « la folie, c'est de faire toujours la même chose et de s'attendre à un résultat différent. » Mettre en place ce prêt « demande au moins quelques mois de travail, avec les institutions financières, les banques... Il n'y aura pas de disposisif sur le prêt intermédiaire dans le budget 2024 », balaie de son côté Bruno Le Maire.