Financer un projet avec un crédit à la consommation risque d'être plus coûteux et plus difficile en 2023. Confrontés à une tension croissante sur leurs marges, les établissement spécialisés continuent d'augmenter leurs grilles de taux et se montrent de plus en plus sélectifs.

2022 a été une année paradoxale pour le crédit conso. Deux mois de baisse des taux en janvier et février, dans un contexte de forte demande, puis un brusque retournement : le début de la guerre en Ukraine, et ses conséquences, notamment, sur la conjoncture économique, ont complètement changé la donne, entraînant une hausse continue des taux proposés aux consommateurs pour financer leurs projets, quels qu'ils soient.

Tous prêts personnels confondus, le taux moyen est passé de 3,63% en janvier à 4,85% en fin d'année, soit une hausse de 122 points de base, selon le comparateur spécialisé Checkmoncredit.fr. Un exemple : emprunter pour acheter une voiture d'occasion à l'aide d'un prêt de 15 000 euros sur 60 mois coutaît, en moyenne, 442 euros de plus fin décembre que début janvier.

Nous en sommes encore là en ce début d'année 2023. Plus que jamais même : les taux proposés en janvier par les établissements spécialisés sont en nette hausse par rapport à décembre. Hausse facilitée par la mise à jour, en début de mois, des seuils de l'usure, ces taux maximum autorisés par la réglementation.

Chaque mois, MoneyVox vous propose, en partenariat avec le comparateur de crédits à la consommation CheckmonCredit.fr, un baromètre des taux des crédits à la consommation. Il présente les taux moyens et excellents, chez une trentaine de banques, assurances et organismes de crédits, selon le type de projet, le montant du financement et la durée de remboursement souhaitée.

Le baromètre des taux - Janvier 2023
Automobile
(neuf et occasion)
Sur 12 moisJusqu'à 36 moisJusqu'à 60 moisJusqu'à 84 mois
Jusqu'à 5 000 euros
Taux excellent2,98%4,40%4,69%5,74%
Taux moyen8,14%8,34%7,61%7,44%
Jusqu'à 15 000 euros
Taux excellent1,57%3,39%3,67%4,40%
Taux moyen3,90%4,85%5,06%5,35%
Jusqu'à 40 000 euros
Taux excellent1,68%3,36%3,79%4,34%
Taux moyen3,71%4,70%4,91%5,18%
TravauxSur 12 moisJusqu'à 36 moisJusqu'à 60 moisJusqu'à 84 mois
Jusqu'à 5 000 euros
Taux excellent3,97%4,72%4,98%5,21%
Taux moyen8,41%8,53%7,78%7,23%
Jusqu'à 15 000 euros
Taux excellent1,58%3,58%3,67%3,92%
Taux moyen3,94%4,86%5,04%5,25%
Jusqu'à 40 000 euros
Taux excellent1,66%3,40%3,70%3,93%
Taux moyen3,62%4,61%4,83%5,03%
Autres prêts
personnels
Sur 12 moisJusqu'à 36 moisJusqu'à 60 moisJusqu'à 84 mois
Jusqu'à 5 000 euros
Taux excellent3,68%5,00%5,47%5,89%
Taux moyen8,58%8,85%8,12%7,86%
Jusqu'à 15 000 euros
Taux excellent1,61%3,73%4,07%4,63%
Taux moyen4,11%5,06%5,27%5,50%
Jusqu'à 40 000 euros
Taux excellent1,70%3,82%4,21%4,49%
Taux moyen3,84%4,90%5,11%5,30%

Taux relevés au cours de la semaine du 16 janvier 2023. Données fournies par le comparateur de crédits à la consommation CheckmonCredit.fr

Des prêts plus chers...

Tout indique que cette tendance sera durable. Elle devrait même marquer 2023. « Réaliser un projet à l'aide d'un financement va être plus compliqué cette année », résume Sergio Monteiro, fondateur du comparateur spécialisé Checkmoncredit.fr.

Plus cher, pour commencer. Les établissements de crédit sont, en effet, confrontés à une hausse de leurs coûts, ceux pris en compte dans la formation de leurs grilles de taux. De leurs coûts de refinancement en particulier, c'est-à-dire le prix qu'ils payent pour accéder à l'argent qu'ils prêteront ensuite à leurs clients. Depuis mars 2022, le taux des OAT à 5 ans, qui sert de base de référence pour ces coûts, n'a cessé d'augmenter, passant de -0,24% à plus de 2,5% actuellement.

Problème : les établissements ne peuvent pas répercuter à leur guise cette hausse sur les taux pratiqués. Pourquoi ? En raison des seuils de l'usure, qui n'augmentent pas au même rythme que les coûts de refinancement. En clair, la hausse de ces derniers a dû être en partie absorbée par les marges des banques.

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... et plus rares ?

Ces tensions sur les marges des banques ont des conséquences pour les candidats à l'emprunt, et pas seulement en termes de taux d'intérêt. Plutôt que de distribuer des prêts peu ou pas rentables, les établissements, en effet, font le choix de réduire le débit en se montrant plus sélectives dans le choix de leurs clients. Les signes de ce (relatif) tarissement sont déjà là : après avoir affiché une belle croissance annuelle jusqu'en septembre, la production de prêts personnels a chuté : -17,5% en novembre, selon l'ASF (1).

Ces restrictions sur l'octroi interviennent également dans un contexte économique dégradé pour les consommateurs. Ce n'est pas un hasard si, depuis la fin 2022, l'ASF publie un observatoire des signaux faibles du marché des crédits conso. Son constat, en janvier 2023, est clair : la qualité de la demande de prêts « s'effrite », tandis que les reports de remboursements et les impayés progressent. Autrement dit, prêter devient plus risqué, ce qui justifie de durcir les conditions d'octroi des nouveaux crédits.

Taux d'usure : une mise à jour mensuelle à partir du 1er février

Dans ce paysage relativement sombre, une bonne nouvelle est tombée, au moins pour les banques. À compter du 1er février, et jusqu'en juillet au moins, les taux de l'usure seront actualisé tous les mois, et plus tous les trimestres civils, comme il est de coutume. Une manière, espère la Banque de France, de lisser la hausse des taux et de limiter les risques de blocage.

(1) Association française des sociétés financières, qui regroupe l'ensemble des établissements spécialisés. En matière de crédit à la consommation (crédits renouvelables, crédits affectés, prêts personnels, location avec option d'achat) les adhérents de l'ASF représentent près de 50% de l'encours de l'ensemble des établissements de crédit (et la majorité des opérations de crédits renouvelables).