La fête est finie ! Emprunter à moins de 1% sur 20 ans devient aujourd'hui réservé à quelques profils privilégiés. Les taux remontent, confirme l'observatoire de Meilleurtaux, mais jusqu'où ? La guerre en Ukraine va peut-être changer la donne.

Emprunter pour l'achat d'un bien immobilier coûte plus cher. La hausse des taux signalée depuis le début de l'année se confirme une fois de plus. Dans son 33ème observatoire dédié au crédit immobilier, dévoilé ce mardi matin, Meilleurtaux enfonce le clou. Selon le courtier, il y a de moins en moins de taux immo sous la barre des 1% sur 20 ans, ce qui était encore la norme à la fin de l'année passée.

Une observation qui se dessine nettement ces dernières semaines. Ainsi, en janvier 2021, 38% des dossiers sur 20 ans, traités par le courtier, obtenaient un taux à 0,90% sur une durée de 20 ans et 29% des dossiers du 1,10%. En février 2022, 29% ont des taux à 1,30%, 42% à 1,10% et il n'y a plus que 13% des offres à 0,90%. « Désormais près d'une offre sur 3 se situe entre 1,10% et 1,30%. Nous revenons quasiment aux conditions de l'automne 2019 », souligne Maël Bernier, la directrice de la communication de Meilleurtaux. De 1%, la nouvelle norme de taux sur 20 ans passe à 1,2%.

Emprunter devient plus difficile, la preuve en 3 chiffres

Concrètement, voici l'impact sur un emprunt de 200 000 euros : hors assurance, la mensualité qui était de 920 euros par mois avec un taux de 1% est désormais de 933 euros par mois avec cette remontée à 1,2%. Une différence de 13 euros par mois « seulement », mais qui sur la durée du prêt se calcule en milliers d'euros. Sur 20 ans, le coût total du crédit atteint 23 976 euros, soit 3 227 euros de plus ! « La pression inflationniste est très forte et les banques étaient contraintes jusqu'ici de relever leurs barèmes, c'est d'ailleurs encore le cas en mars, néanmoins, il faudra être attentif aux évolutions notamment avec la situation actuelle en Ukraine », prévient Maël Bernier.

Des taux dans l'incertitude

Le conflit est susceptible en effet de rebattre les cartes. Sans ce contexte géopolitique, les taux seraient clairement repartis à la hausse pour freiner la hausse des prix. Mais dans la situation actuelle, la Banque centrale européenne ne peut pas agir comme anticipé. « Nous sommes dans la plus grande incertitude. C'est une situation inédite depuis de très nombreuses années où il est très difficile de prévoir, il faut rester très prudent. Donc oui les taux directeurs baissent mais cette baisse n'est pas répercutée par les banques dans leurs barèmes et c'est directement lié au contexte géopolitique, la vraie question est comment vont agir les banques dans les semaines et mois à venir ? A priori, la hausse des barèmes progressive est le scénario le plus crédible mais encore une fois il convient d'être extrêmement prudent », explique Maël Bernier.

L'assurance emprunteur pour compenser ?

Si les taux remontent un peu, les emprunteurs vont pouvoir profiter de la réforme de l'assurance emprunteur qui va rentrer en vigueur à compter du 1er juin. Cette assurance, à laquelle il est quasi-obligatoire de souscrire pour se voir accorder un crédit immobilier, va pouvoir être résiliée beaucoup plus facilement. Les nouveaux emprunteurs, et ceux dont le crédit est en cours, pourront plus facilement profiter des offres de la concurrence potentiellement moins chères pour mettre fin à l'assurance proposée par leur banque. « Selon les profils, les économies réalisées se chiffrent entre 5 000 et 15 000 euros, les Français vont regagner du pouvoir d'achat avec ce changement d'assurance à tout moment ! » souligne Maël Bernier. Mais attention, comme toujours, le diable se niche dans les détails puisque l'assurance pourrait augmenter sur certains profils comme les plus jeunes ou les plus modestes. Gare aux effets pervers !

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