Vous remboursez un prêt au Crédit Mutuel alors que vous présentez un « risque » de santé ? Si vous faites partie des clients fidèles, la banque mutualiste va supprimer le surcoût d'assurance lié à ce risque dès décembre. Cette annonce du Crédit Mutuel semble avoir pris de court toutes les autres banques. Certaines vont-elles prendre une mesure similaire ?

Cancer récent ? Diabète ? Sport à risque ? Quel est votre taille et votre poids ? Fumez-vous ? Ces questions intrusives, posées de façon directe ou détournée (« Avez-vous souffert de maladies graves ? ») se retrouvent toutes ou presque dans le questionnaire de santé. Formulaire qui boucle la souscription à une assurance emprunteur, couverture non-obligatoire mais tout de même systématiquement réclamée par les banques quand vous sollicitez un crédit immobilier.

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C'est ce questionnaire de santé que le Crédit Mutuel compte supprimer. Mais attention, à condition de faire partie des clients fidèles : il faut justifier de 7 années lors desquelles vous avez domicilié vos revenus au Crédit Mutuel (salaire, pension ou autres ressources tombant chaque mois sur votre compte bancaire). Ceux qui remplissent cette condition de fidélité, et qui ont moins de 62 ans au moment de signer le prêt immobilier, ne se verront plus soumettre de questionnaire de santé. Quant à ceux qui remboursent déjà un crédit au CIC, au Crédit Mutuel Alliance fédérale et dans les fédérations partenaires (Nord Europe, Basse-Normandie, etc.), rien ne change si vous ne présentez pas de risque de santé. En revanche, si vous êtes soumis à une surprime (un surcoût) pour cause de maladie grave ou de pratique sportive à risque, la confédération du Crédit Mutuel s'engage à cesser de vous prélever cette surprime dès le mois de décembre 2021.

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Silence radio, ou presque, chez les banques concurrentes

Cette annonce, le président de la Confédération nationale du Crédit Mutuel, Nicolas Théry, affirme l'avoir soufflée à ses concurrents bancaires lundi 8 novembre, donc la veille de la conférence de presse tenue mardi 9 novembre. Les banques avaient quelques heures pour préparer leur réaction. Pourtant, MoneyVox a sollicité tous les grands réseaux... et peu de banques ont réagi du tac au tac.

Pas peu fier de son annonce coûteuse (30 millions d'euros de manque à gagner à partir de décembre avec la suppression des surprimes pour les clients actuels), qui est selon lui tout sauf une « annonce commerciale », Nicolas Théry a invité les autres banques à faire de même : « La porte est grande ouverte. On aimerait bien que tout le monde le fasse. D'ailleurs nous avons prévenu nos concurrents dans le secteur de la banque et de l'assurance. »

Alors ? Qui va supprimer le questionnaire de santé ? Premier constat : aucune banque n'a fait une annonce similaire. Suivront-elles un jour la démarche du Crédit Mutuel ? Silence radio, ou presque... A commencer par le Crédit Mutuel Arkéa (fédérations de Bretagne et du Sud-Ouest), qui a préféré ne pas réagir à l'annonce du groupe concurrent au sein de la confédération du Crédit Mutuel.

Du côté de la Fédération bancaire française, actuellement présidée par... Nicolas Théry, la règle est celle de la neutralité : « La FBF ne s'autorise pas à commenter les initiatives de l'un de ses adhérents. S'agissant de la réglementation de l'assurance emprunteur, elle défend un modèle mutualisé qui protège les ménages qui ont un crédit immobilier et assure un accès large à la propriété. » Autrement dit : la FBF n'est pas favorable à la concurrence allant de pair avec la résiliation à tout moment.

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Sous couvert d'anonymat, en revanche, plusieurs acteurs du marché bancaire ne se privent pas de réagir. En résumé : le Crédit Mutuel se fait suffisamment de marge sur l'assurance emprunteur pour se permettre un tel geste. Ou encore : tôt ou tard, ce geste va provoquer une hausse des tarifs mutualisés...

Société Générale, BNP, Banque Postale : leurs alternatives

Les réactions officielles sont évidemment plus mesurées. Et bienveillantes envers le Crédit Mutuel. A La Banque Postale, « on salue l'engagement », on rappelle que la banque a signé la convention « Garantie Immobilière Solidaire » pour éviter toute surprime aux emprunteurs ayant été gravement malade en Ile-de-France, en précisant que cela va dans le « même sens de l'histoire » que le Crédit Mutuel, à un rythme différent.

Fin des surprimes pour certains acheteurs malades

La Société Générale affirme travailler « depuis plusieurs années à un processus d'allégement des formalités médicales sur son assurance des emprunteurs. Plusieurs mesures ont déjà été mises en place ces dernières années : relèvement des seuils au-delà desquels sont demandées des formalités médicales, exclusion du calcul de ces seuils des prêts relais jusqu'à 500 000 euros, prolongation des durées de validité des examens médicaux dans les cas où il sont demandés. (...) Des études pour aller plus loin dans cette direction sont en cours. »

Même type de réaction du côté de BNP Paribas, qui préfère mettre en avant ses initiatives récentes : « Depuis 2019, le contrat Cardif Libertés Emprunteur offre une couverture et une tarification adaptées aux personnes confrontées notamment à la maladie de Parkinson, au diabète gestationnel ou aux troubles du psychisme liés à un événement de vie, en plus de celles couvertes depuis de nombreuses années et pour lesquelles l'assureur était précurseur il y a plus de 10 ans. » L'assureur du groupe, BNP Paribas Cardif rappelle aussi avoir signé un partenariat avec la région Ile-de-France « pour faciliter l'accès au logement des personnes présentant un risque aggravé de santé ».

Lors de la conférence du Crédit Mutuel, son président Nicolas Théry a confié à la presse qu'un patron de banque lui a répondu, en ce début de semaine, après avoir pris connaissance de cette suppression du questionnaire de santé pour les clients fidèles : « super, bravo, on y pensait... » Pour l'heure, le patron de banque en question ne s'est pas dévoilé.

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