Les formules de location longue durée, avec ou sans option d’achat, attirent de plus en plus les consommateurs, qui les utilisent pour s’équiper en automobile, en électronique ou en électroménager. Méfiance toutefois : derrière les loyers affichés, souvent très attractifs, se cachent des frais qu’il faut anticiper.

Une révolution est en cours dans le domaine de l’accès aux biens de consommation. Le traditionnel crédit à la consommation, qu’il soit personnel, affecté ou renouvelable, est en déclin. Selon la Fédération bancaire française (FBF), la part des Français remboursant actuellement un crédit conso est la plus basse jamais vue depuis 30 ans : moins d’un quart des Français (24,9% précisément), contre 29% il y a encore une vingtaine d’années. L’appétit pour la consommation, contrarié par la pandémie, n’est pourtant pas seul en cause. Ce recul s’explique aussi par l’évolution des comportements d’achat et l’émergence de nouvelles formes de financement. Deux en particulier : la LOA (location avec option d’achat) et la LLD (location longue durée ou leasing).

C’est le secteur de l’automobile qui a ouvert la voie, faisant de la LOA son premier mode de financement, et de loin. En février 2021, sur les 737 millions d’euros empruntés par les Français pour acheter des véhicules, 688 l’ont été sous la forme d’une location avec option d’achat (1). La LLD, de son côté, représentait près de 30% des ventes du marché automobile, particuliers et sociétés confondues, au 4e trimestre 2020 (2). Surtout, elle se diffuse dans d’autres secteurs commerciaux, comme l’électronique et l’électroménager.

Le prix affiché et les coûts cachés

C’est donc incontestable : la LOA et la LDD, habilement poussées par les revendeurs, trouvent leur public. Entre leurs avantages - la simplicité, la souplesse, etc. - et leurs inconvénients - les contraintes d’usage, le coût -, les Français semblent avoir arbitré en faveur des avantages. Sont-ils bien avisés ? La question du coût de ces formules, notamment, pose problème. Calculer le coût total d’un bien financé grâce à une location, en effet, est plus complexe qu’il n’y paraît, compliquant la comparaison avec un crédit classique.

Sur le papier, pourtant, tout paraît simple. Dans leurs publicités et leurs boutiques, les fabricants et revendeurs affichent un loyer mensuel souvent présenté comme tout compris. Il faut lire les « petites lignes » des contrats proposés pour se rendre compte que le 1er loyer est généralement beaucoup plus coûteux, parfois jusqu’à 30% du prix d’achat, et que, contrairement à une caution, il ne sera pas remboursé à la restitution du bien loué. Pour s’apercevoir également qu’il existe d’autres coûts potentiels. Voici les trois principaux, à prendre en considération avant d’opter pour une formule location.

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Les frais liés à l’usage

C’est un des atouts de la LOA et la LLD : elles vous permettent d’éviter la corvée de revendre le bien lorsque vous souhaitez changer. Ces formules, toutefois, ne sont pas dénuées de contraintes. Une notamment, qui concerne l’automobile : le kilométrage limité.

Les contrats de location prévoient en effet généralement un forfait kilométrique, c’est-à-dire un nombre de kilomètres maximum à parcourir avec le véhicule. Plus ce chiffre est élevé, plus le prix de la location augmente. Attention toutefois à ne pas choisir un forfait trop juste : les kilomètres supplémentaires parcourus vous seront en effet facturés au moment de restituer le véhicule. Et ce n’est généralement pas donné : entre 5 et 10 centimes d’euros le kilomètre supplémentaire, soit jusqu’à 100 euros pour 1 000 kilomètres de dépassement.

Vous avez vu trop juste ? Certains contrats permettent de relever le forfait kilométrique une ou deux fois au cours de la location, au prix d’une hausse du loyer mensuel. Mais ce n’est pas une obligation pour le loueur : c’est donc un point à bien vérifier avant de signer le contrat.

Les frais liés à l’usure

Lorsque vous optez pour la location, mieux vaut être soigneux. Vous avez en effet la responsabilité d’entretenir et, le cas échéant, de réparer le bien loué, afin de le restituer en bon état. Dans le cas d’une automobile, le concessionnaire va la passer au peigne fin, examinant en détails l’état du moteur, des pneus et des jantes, de la carrosserie, de l’intérieur du véhicule, à la recherche de dommages de nature à réduire sa valeur résiduelle. La moindre rayure, la moindre grosse tâche va ainsi entraîner des frais de remise en état.

Cette opération peut malheureusement tourner au cauchemar. Dans une enquête sur le sujet publiée en septembre 2020, l’association 60 millions de consommateurs diffusait le témoignage d’automobilistes se plaignant d’avoir payé des frais exorbitants, au-delà de 1 500 euros, pour des petits dégâts jugés inévitables lorsqu’on utilise un véhicule au quotidien pendant plusieurs années : des traces noires, des petits impacts, des micro-rayures…

Certes, il s’agit sans doute de cas extrêmes. Les contrats prévoient généralement une exemption de frais pour les dégradations relevant d’une usure normale. Problème : il est souvent difficile, pour le consommateur, de contester les critères d’appréciation adoptés unilatéralement par le loueur. Mieux vaut, donc, intégrer à son budget un petit pécule destiné à couvrir ces frais.

Les frais de résiliation anticipée

Que se passe-t-il si vous ne souhaitez pas aller au terme de la période prévue de location ? Dans le cadre d’une LOA, c’est assez simple : les contrats sont soumis au cadre réglementaire du crédit à la consommation et prévoient un droit au remboursement anticipé, souvent sans indemnités.

Ce n’est pas le cas pour la LLD. Dans son rapport public 2021 (3), la Cour des comptes a pointé le problème pour les locations d’appareils électroniques et électroménagers. Contrairement à la LOA, la location longue durée n’est pas assimilée à un crédit à la consommation. Conséquence : les informations et protections réglementaires qui l’encadrent « sont celles d’une location classique et donc beaucoup plus limitées », note l’institution.

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C’est vrai, tout particulièrement, dans le cas d’une restitution anticipée. Dans les contrats consultés par la Cour, « celle-ci est assortie du paiement de l’intégralité des mensualités dues jusqu’au terme du contrat initial. Les exemptions sont peu nombreuses et ne couvrent généralement pas les principaux accidents de la vie (perte d’emploi, maladie, invalidité…) ». En clair, si vous souhaitez restituer le bien loué, en particulier parce que vous éprouvez des difficultés à assumer les mensualités, vous risquez d’être piégé. Vous pourriez de plus avoir à vous acquitter de frais librement fixés par le loueur : des frais forfaitaires variables pour rejet de prélèvement, par exemple, ou des intérêts de retard « calculés pour certains à un taux proche du taux d’usure », note la Cour.

Heureusement, le vide réglementaire entourant la LLD devrait être prochainement comblé. Dans sa réponse à la Cour, Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie a promis que ses services initieraient « en 2021 des travaux afin d’identifier les modalités possibles d’évolution du dispositif ». En attendant, méfiance !

Quelques conseils pour anticiper les coûts cachés

  • Si vous envisagez d’acheter définitivement le bien à la fin du contrat de LOA, prenez le temps de vérifier, avant de louer, que le financement avec un crédit classique n’est pas plus avantageux. C’est souvent le cas.
  • Dans le cas d’une automobile, anticipez vos besoins en termes de forfait kilométrique, ne le choisissez pas trop juste et préférez un contrat qui vous permettra de le revoir à la hausse pendant la durée de la location.
  • Prévoyez un petit budget pour couvrir les frais de remise en état.
  • Avant d’opter pour une location longue durée, notamment pour de l’électronique ou de l’électroménager, consultez attentivement les modalités de résiliation anticipée du contrat.

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(1) Source : ASF - Crédit à la consommation, statistique mensuelle d’activité, février 2021. (2) Source : Lettre Sesamlld, T4 2020. (3) Source : Cour des Comptes, Les politiques publiques en faveur de l’inclusion bancaire et de la prévention du surendettement : des outils adaptés, une mise en œuvre à conforter, Rapport public annuel 2021.