Alors que l’avenir de certaines professions reste incertain, des banques exigeraient d’intégrer la garantie perte d’emploi dans l'assurance de prêt pour décrocher un prêt immobilier. Une couverture trop onéreuse pour la protection réelle, critiquent plusieurs courtiers.

Prendre une assurance emprunteur n’est pas une obligation légale. Pourtant, elle est systématiquement imposée par les banques comme condition à l’obtention d’un prêt immobilier, en principe dans une version comprenant une couverture contre le décès, l’invalidité et l’incapacité temporaire d’exercer son activité professionnelle. Or, alors que près d’un Français sur dix est au chômage et que la crise du coronavirus pourrait provoquer des faillites d’entreprises, il semblerait que certaines banques demandent aux emprunteurs de souscrire à une nouvelle garantie, liée à la perte d’emploi. C’est en tout cas ce qu’a remarqué le courtier spécialisé en assurance emprunteur Magnolia.fr, qui s’en était déjà ému la semaine dernière dans Le Parisien.

« Malgré des conditions d’emprunt très favorables, crise économique oblige, le secteur d'activité de l’emprunteur est scruté à la loupe et celui qui évolue dans un secteur sinistré comme l'hôtellerie, la restauration, l'événementiel ou l'aérien a de grandes difficultés à trouver un financement bancaire, même s’il est solvable. Les banques renforcent leurs exigences, en réclamant la souscription de la garantie perte d'emploi aux emprunteurs présentant un niveau de risques élevé... » détaille Magnolia ce 10 mars, en ajoutant que cette exigence ne concerne plus seulement ces emprunteurs « à risque » : « Nous avons pu constater que les caisses du Crédit Agricole étendent cette pratique, hier encore anecdotique, à de plus en plus de profils d’emprunteur », détaille le courtier par communiqué.

Une garantie trop chère pour la protection ?

D’apparence utile – l’assurance prenant en charge les mensualités si l’emprunteur perd son travail - cette couverture perte d’emploi est dans les faits plutôt décriée par les courtiers en assurance, Magnolia donc, mais pas seulement.

« L’offre n’est pas à la hauteur de ce qu’on pourrait attendre. Avec un coût moyen équivalant au moins à 0,20% du capital emprunté, on ne conseille pas à nos clients de prendre cette garantie », nous expliquait précédemment Maël Bernier, porte-parole de Meilleurtaux.com. La cherté de cette couverture motive également l’alerte de Magnolia : « Elle coûte entre 0,30% et 1% du capital emprunté selon l'âge et la profession de l'emprunteur. Certaines banques la facturent même 5 euros pour 100 euros emprunté, ne souhaitant pas dépasser les 1200 euros de capital à assurer par mois ». Or, dans un contexte où désormais le calcul du taux d’endettement doit systématiquement intégrer la mensualité d’assurance, ce surcoût peut entrainer le refus de la demande de crédit.

Cet argument du prix est à mettre en parallèle avec l’utilité réelle de la garantie perte d’emploi que questionnent aussi les courtiers. Son déclenchement est en effet limitée par des restrictions parfois importantes, notamment une franchise de plusieurs mois avant les premiers versements. Autrement dit, entre le moment où l’emprunteur perd son emploi et le moment où l’assureur prend en charge ses mensualités, il peut s’écouler entre 3 et 9 mois, d’après Magnolia. De plus, cette couverture est réservée aux personnes ayant un contrat stable, en CDI, et avec au moins 6 mois d’ancienneté. D'où cette mise en garde d'Astrid Cousin, porte-parole de Magnolia : « Il est primordial que l’emprunteur comprenne avant de signer que cette garantie reste optionnelle. »