La BCE a décidé d'abaisser le taux de refinancement et le taux de prêt marginal de 5 points de base à respectivement 0,00% et 0,25%. Dans le même temps, le taux de dépôt est en repli de 10 points de base, à -0,40%. Une décision favorable aux ménages ? Les courtiers en crédit et analystes divergent sur la réalité d'une baisse des taux de crédit pour les particuliers et les entreprises.

Parmi les mesures annoncées par la BCE, jeudi 10 mars, il y a la mise en place d'une nouvelle série de prêts bancaires de très long terme (TLTRO-2). Chaque demande de financement sera accordée « pour une durée de 4 ans à un taux compris entre -0,40% et 0% », remarque Valentine Ainouz, chargée de la stratégie et de la recherche économique chez Amundi.

Elle constate aussi : « Les banques pourront emprunter à ce titre jusqu’à 30% de l’encours de crédits aux entreprises non financières et aux ménages (hors crédits immobiliers), à la date de janvier 2016. » Dit autrement, la BCE souhaite amener « les banques à faire davantage de crédits avec les liquidités empruntées. Celles qui dépasseront un certain volume de crédits octroyés entre le 1er février 2016 et le 31 janvier 2018 se verront appliquées (rétroactivement) un taux d’intérêt négatif sur les liquidités empruntées », précise Valentine Ainouz. En clair, la BCE les rémunérera pour avoir activement financé l'économie : les ménages et les entreprises.

Soutenir une économie en souffrance

« Dans ce contexte, la baisse des taux des crédits aux particuliers pourrait continuer car les banques sont plus que fortement incitées à prêter, aux ménages évidemment mais également et surtout aux entreprises de la zone euro afin de soutenir une économie en souffrance », réagit Maël Bernier de Meilleurtaux.com.

En effet, avant même cette annonce de la BCE, la Centrale de financement faisait le constat qu'en « ce début de mars, leurs barèmes de taux se sont encore réduits et ce, sur toutes les durées. Les taux moyens perdent encore 0,10 à 0,15 sur 15, 20 et 25 ans. » Ces chiffres l'ont amenée à estimer que « nous sommes de plus en plus proches des records atteints au printemps 2015 ! Par exemple, il est actuellement possible d’obtenir des taux en deçà de 1% sur une durée de 7 ans et également, en deçà de 1,50% sur 15 ans pour de bons dossiers. »

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Doutes sur la baisse des taux de crédits

Une perspective qui n'est pas partagée par tous les acteurs de la place. C'est le cas de Jérôme Robin, président de Vousfinancer.com : « Théoriquement, cette nouvelle baisse généralisée des taux de la Banque centrale européenne est une très bonne nouvelle qui devrait conduire à de nouvelles baisses des taux de crédit. Mais dans les faits, ces mesures pourraient peser sur la rentabilité des banques : en effet, si dans un contexte de taux très bas les banques parviennent à dégager des marges convenables via le crédit en refinançant les prêts qu'elles accordent à des taux nuls, elles ont de plus en plus de mal à gagner de l'argent avec les liquidités de leurs clients qu'elles replacent, tout en rémunérant cette épargne à des taux plus élevés… ».

L'enquête mensuelle de la Banque de France pour le mois de février 2016, met aussi en avant cette difficulté. « Les banques font état d’une diminution de la marge sur les crédits de risque moyen », peut-on lire dans la publication publiée le 11 mars.

Philippe Weber, responsable des études et de la stratégie de CPR AM, modère le risque : « dans le pire des cas, ce sera neutre pour les banques si elles redéposent à la BCE les liquidités obtenues ; dans le meilleur des cas, les liquidités seront reprêtées, vraisemblablement plus cher. » Les prochaines semaines seront instructives.