Les taux fixes moyens à 15 et 20 ans restent en ce début décembre contenus dans la fourchette 3,05% - 3,55% selon les courtiers en crédit immobilier Meilleurtaux et Empruntis. Pas d’évolution flagrante par rapport aux baromètres publiés le mois dernier. En revanche, les deux courtiers assurent que plusieurs banques ont choisi d’abaisser fortement leurs barèmes afin d’attirer de nouveaux clients. L’objectif : boucler un maximum de dossiers début 2014.

Les courtiers en crédit immobilier ne parvenaient pas à accorder leurs violons ces dernières semaines. Certains pariaient sur une stabilisation des taux fixes jusqu’à la fin 2013, d’autres sur une légère baisse, quelques uns misant plutôt sur une hausse faible mais continue. A en croire les évolutions communiquées cette semaine par Empruntis et Meilleurtaux, qui se basent sur les barèmes fournis par les banques, la tendance de la fin d'année serait plutôt une lente érosion.

En décembre, Meilleurtaux évoque dans un communiqué diffusé ce mardi une moyenne de 3,35% pour les taux fixes à 20 ans et de 3,05% sur 15 ans, soit des baisses de 0,03 et 0,02 pt par rapport à novembre. Si ces évolutions restent extrêmement faibles, elles confirment la fin de la hausse amorcée au début de l’été 2013. Même constat pour Empruntis : les taux de marché (1) à 15 ans (3,20%) et à 20 ans (3,55%) n’ont quasiment pas évolué en deux mois.

La courbe des taux fixes, en 2013, aura donc suivi une courbe sur courant alternatif : baisse constante jusqu’en juin, hausse de l’été à octobre, puis stabilisation. Bilan : les taux fixes moyens du mois de décembre annoncés par Meilleurtaux restent inférieurs d’environ 0,10 pt à ceux du mois de janvier 2013.

Stratégies divergentes selon les établissements

Le courtier en crédit immobilier témoigne cependant de situations bien différentes d’un établissement de crédit à un autre. Une dizaine de banques, nationales et régionales, auraient baissé leurs barèmes de 0,10 à 0,40 pt en l'espace d'un mois, trois autres ayant choisi de les remonter de 0,10 pt. Le président de Meilleurtaux, Hervé Hatt, note ainsi que certaines banques affichent des tarifs très compétitifs « inférieurs à la moyenne du marché ». Pourquoi ? Car « les taux présentés aujourd’hui sont ceux des crédits qui seront accordés en 2014 », l’objectif étant pour ces établissements « de commencer l’année dans les meilleures conditions ».

La porte-parole d’Empruntis Maël Bernier évoque aussi des écarts qui se creusent. Elle divise ainsi les banques en deux catégories : « [Celles] qui préparent déjà 2014 et [celles] qui se focalisent pour le moment uniquement sur la fin d’année 2013. » Les premières « préparent l’avenir » en cherchant à capter de nouveaux dossiers, les autres se contentent « de préserver une volumétrie
 nécessaire en accord avec leurs objectifs commerciaux à fin décembre ». Un constat correspondant aux données de l’Anil, qui font état d’un élargissement de la fourchette des taux minimum et maximum au 4e trimestre 2013 .

Lire : Prêt immobilier : 2013 s'achève avec des taux « nettement inférieurs à 4% » (Anil)

« Aucune raison que les taux repartent à la hausse »

Cette tendance de certains banquiers à diminuer leur taux en vue de la rentrée 2014 annonce-t-elle une longue période baissière ? Les courtiers ne se risquent pas à un jugement hâtif. En revanche, Maël Bernier estime qu’il n’existe actuellement « aucune raison » que les taux repartent à la hausse, à condition toutefois que l’OAT 10 ans se maintienne à son niveau actuel (2).

Sandrine Allonier, responsable des études économiques de Meilleurtaux, mise même sur « quelques baisses en début d’année » car « les banques, compte-tenu du niveau des taux d’emprunt d’Etat et des bonnes conditions de refinancement dont elles bénéficient, ont la possibilité de proposer des taux très attractifs si elles le souhaitent ». Ces deux courtiers s’accordent surtout sur l’idée d’évolutions peu marquées. En cas de baisse des taux à la rentrée 2014, Maël Bernier parle d’une érosion de 0,10 pt maximum.

(1) Taux moyen calculé sur l’ensemble des barèmes bancaires reçus par le courtier, selon la porte-parole d’Empruntis Maël Bernier.

(2) Le taux à 10 ans de l’OAT (obligation assimilable au Trésor) est de 2,24% au 2 décembre 2013, après avoir atteint 2,63% le 10 septembre selon la Banque de France.