Après Standard & Poor’s en janvier dernier, c’est au tour d’une autre agence de notation internationale, Moody’s, de priver la dette française de la note maximale AAA. Pourquoi cette dégradation ? Et quelles pourraient en être les conséquences ?

Moody’s a annoncé hier soir dans la soirée qu’elle abaissait la note de la dette française d’un cran, de AAA à AA1. Pire, l’agence maintient sa perspective négative, ce qui laisse augurer d’une possible nouvelle dégradation dans les mois à venir. Moody’s est ainsi, après Standard & Poor’s (S&P) en janvier dernier, la deuxième grande agence de notation internationale à sanctionner la dette française. Dans l’immédiat, la troisième, Fitch, maintient le triple A, mais sous perspective négative et avec la menace d’une dégradation début 2013.

Quelles pourraient être les conséquences de cette dégradation ? En janvier, la perte du AAA de S&P n’avait que peu affecté les taux d’intérêt de la dette souveraine française. Au contraire, la France, jugée plus fiable que la plupart de ses voisins de la zone euro, emprunte actuellement à des taux historiquement bas. Néanmoins, à court terme, une hausse de l’OAT (obligations assimilables au Trésor) 10 ans pourrait entraîner avec elle les taux fixes des prêts immobiliers, actuellement proches de leurs plus-bas historiques.

Pour éviter ce scénario, Pierre Moscovici, le ministre de l’Economie, s’est voulu rassurant, rappelant dans un communiqué que « la dette française demeure (…) parmi les plus liquides et les plus sûres de la zone euro ». Il a également rejeté sur le précédent gouvernement, celui dirigé par François Fillon, la responsabilité de cette dégradation : « Elle reflète, comme le souligne Moody’s, l’insuffisance des gouvernements précédents à redresser les comptes publics et la compétitivité de notre économie. »

La menace du ralentissement économique

Cette dégradation était attendue depuis plusieurs mois. Depuis le mois de février précisément, lorsque Moody’s avait placé la dette souveraine française sous surveillance négative. La perspective avait ensuite été confirmée en mai, le temps pour l’agence d’évaluer, à la suite de l’élection présidentielle, la politique du nouvel exécutif. Pour expliquer cette dégradation, Moody’s, dans son communiqué, avance trois arguments :

  • la perte « graduelle et soutenue » de compétitivité de l’économie française, liée selon elle aux « rigidités de longue date de ses marchés du travail, des biens et des services »,
  • les incertitudes autour de ses rentrées fiscales, et donc des perspectives budgétaires, dans un contexte de ralentissement économique,
  • son exposition, notamment celle de son secteur bancaire, à un éventuel défaut d’un pays de la zone euro.

Parmi les motifs d’espoir, qui justifient le maintien, selon l’agence, d’un « niveau extrêmement haut de notation », on retrouve son « économie large et diversifiée », ainsi, note Moody’s, qu’un « fort investissement dans des réformes structurelles et la consolidation fiscale, comme le montre les récentes annonces gouvernementales, qui pourrait, à moyen-terme, atténuer certaines rigidités structurelles et améliorer la dynamique de la dette française. » L’agence de notation rappelle toutefois que la France a rarement réussi à faire aboutir ce type de réformes et considère que le récent pacte dévoilé par le gouvernement « ne [devrait] pas (…) avoir l’ampleur suffisante pour rétablir la compétitivité ».