Après le krach boursier provoqué par le coronavirus, le CAC 40 a bondi de 30% au cours du 2ème trimestre. Mais cette euphorie s’essouffle depuis juin, à mesure que l’épidémie s’aggrave aux Etats-Unis. Est-ce le moment de vendre avant que les marchés s’affolent ?

Après avoir chuté de 40%, juste avant le confinement, pour tomber à quelque 3 900 points mi-mars, le CAC 40 s’est nettement redressé au deuxième trimestre, dans le sillage des autres indices européens et américains. Début juin, la cote parisienne est ainsi repassée au-dessus des 5 000 points. L’envolée est encore plus fulgurante pour l’Eurostoxx 50 et le Dow Jones américain qui ont repris en 3 mois 40% de leur valeur perdue en mars.

Toutefois, depuis début juin, les indicateurs boursiers ne remontent plus. Pire, certains jours, ils virent à l’orange, comme ce fut le cas, le 24 juin, pour le CAC 40 qui a perdu 3%. « Les investisseurs manifestent beaucoup de nervosité. Ils sont prêts à acheter ou à vendre très rapidement », observe Stéphane Ceaux-Dutheil, analyste technique pour la plateforme de trading Alvexo. Selon lui, tant que le CAC 40 reste entre 4 600 et 5 250 points, les investisseurs resteront dans une phase d’observation, à l’affût des signes pouvant faire pencher la balance soit du côté d’un rétablissement économique durable soit, au contraire, d’une aggravation de la crise.

Le calme avant le retour de la tempête ?

« Les investisseurs sont nerveux. Ils sont prêts à acheter ou à vendre très rapidement »

« On est entrés dans une phase d'attente, analyse également Andréa Tueni, responsable relation clients chez Saxo Bank. Les investisseurs s'interrogent sur la récente et forte progression des marchés et sur le fait qu'elle soit justifiée ou non ». Manifestation de cette hésitation : le retour de la volatilité, c’est-à-dire des mouvements haussiers et baissiers rapprochés. Alors qu’en temps normal, l’indicateur de la peur, le VIX américain, est compris entre 12 et 20, il oscille ces derniers jours entre 27 et 40.

Or, la situation épidémique actuelle n’est pas de nature à apaiser les investisseurs. Alors qu’en mars, lorsque les marchés dévissaient, « nous constations à peine 90 000 cas de coronavirus par jour et environ 30 000 aux Etats-Unis seulement, le décompte actuel fait ressortir près de 200 000 cas journaliers à travers le monde et près de 50 000 aux Etats-Unis », souligne ce 2 juillet Vincent Boy, analyste marchés chez IG France.

« Compte tenu des chiffres de contamination inquiétants et de l'incertitude quant à la rapidité de la reprise économique, on ne peut donc pas écarter le risque d'une nouvelle chute des marchés », redoute Andréa Tueni de Saxo Bank. « Tout est ouvert, estime quant à lui Stéphane Ceaux-Dutheil. Je vois mal le CAC 40 retrouver ses points hauts rapidement. Mais je n’ai pas non plus la conviction que l’on sera 15% plus bas dans les semaines à venir ». Néanmoins, ces deux analystes s’accordent sur le fait que les mesures de soutien prises par les banques centrales et les gouvernements (prêts aux entreprises, rachat de dettes, chômage partiel...) tendent à rassurer les investisseurs et soutiennent les cours boursiers.

La saison des résultats trimestriels, qui va s’ouvrir à la mi-juillet, pourrait permettre aux actionnaires de trancher, d’analyser plus lucidement la situation des entreprises. En effet, comme le rappelle Claire Castanet, directrice des relations avec les épargnants au sein de l’Autorité des marchés financiers (AMF), pour prendre de bonnes décisions d’investissement, « outre le cours actuel de l’action et la politique de dividendes, l'investisseur doit croire au potentiel de développement de l'entreprise ».

Conserver ou vendre : une décision à prendre dans les 15 jours

« Nous tablons sur le fait que la reprise ne sera pas aussi rapide que ce que le marché semble anticiper »

Pour le 2ème trimestre 2020, il n’y a pas vraiment de suspense. A l’exception des géants du numérique à qui le confinement a profité (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft Intel, Netflix…), les performances des sociétés cotées devraient être catastrophiques. Si elles témoignent néanmoins d’une certaine résilience et prévoient un regain d’activité pour la fin d’année 2020, les investisseurs s’en trouveraient alors ragaillardis. Mais les analystes financiers se montrent plutôt sceptiques sur ce dénouement. « Nous tablons sur le fait que la reprise ne sera pas aussi rapide que ce que le marché semble anticiper aujourd'hui. Le rebond durable et quasi linéaire de ces dernières semaines aura, selon nous, énormément de mal à se prolonger », nous explique ainsi le responsable relation clients chez Saxo Bank.

D’ici la publication des résultats financiers, les investisseurs ont donc une quinzaine de jours pour affûter leur stratégie et choisir l’une des trois options sur le tapis : vendre, se couvrir ou assumer l’investissement de long terme !

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Ainsi, les plus opportunistes, ceux qui sont entrés sur le marché au creux de la vague dans l’espoir de tirer un gain à court terme, estimeront peut-être qu’il est temps de revendre. « 13% sur un trimestre pour le CAC 40, c'est une belle performance. Certaines années, on en est bien loin. Donc prendre une partie de ses bénéfices et sécuriser ses gains peut tout à fait être un bon pari », souligne en ce sens Andréa Tueni. « J’attendrais toutefois l’extrême limite, juste avant le début de publication. Dans les 15 prochains jours, l’épidémie peut s’atténuer et les cours boursiers prendre quelques points », précise Stéphane Ceaux-Dutheil.

Deuxième option : sans aucune conviction quant à l’évolution de son portefeuille boursier, « l'investisseur peut, pour passer sans trop d'encombres la période des résultats d'entreprises, se couvrir contre la baisse d'un titre par exemple en prenant des options », rappelle Andréa Tueni. L'option de vente vous permet en effet de fixer aujourd'hui le prix futur de revente d'un titre. Ainsi, si son cours baisse, vous vendez aux prix de l'option. En revanche, si son cours augmente, vous n'exercez pas votre option.

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Encore de belles marges de progression sur le long terme

« Tous les secteurs qui ont énormément souffert ont un potentiel de rattrapage important »

Rappelons toutefois que les résultats trimestriels ne sont qu'un événement parmi tant d'autres dans la vie d’une entreprise, alors que l’investissement en bourse s’inscrit, lui, dans le temps long. « Les études menées montrent que sur le long terme un portefeuille boursier équilibré, constitué progressivement pour lisser les fluctuations de la bourse, cohérent avec son profil de risque et avec un suivi régulier des perspectives de développement des sociétés, permet de dégager des performances satisfaisantes », insiste Claire Castanet de l’AMF. D’où la troisième option : conserver ses positions pour profiter sur la durée du fait d’être entré en bourse lorsque les marchés étaient sous-valorisés.

A 5 000 points, le CAC 40 reste en effet loin de son niveau de croisière : « l’indice parisien a passé 80% du temps à évoluer entre 5250 et 5 600 points ces 3, 4 dernières années », fait remarquer à MoneyVox Stéphane Ceaux-Dutheil d’Alvexo. Des chiffres qui semblent attester du fait qu’il existe encore de belles opportunités d’investissement. « Ce qui est sûr est que, si la situation économique doit s'améliorer, tous les secteurs qui ont énormément souffert (tourisme, aéronautique, luxe et automobile) peuvent très vite reprendre, anticipe Andréa Tueni. Ces sociétés ont un potentiel de rattrapage important. »

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