Le krach boursier, en réaction au coronavirus, donne des sueurs froides aux investisseurs actifs. A l’inverse, les débutants peuvent être tentés d’investir pour bénéficier du prochain rebond. Petit guide pratique et règles de base pour démarrer.

Mettant en péril la croissance économique mondiale, l’épidémie du coronavirus est à l’origine de la chute spectaculaire des indices boursiers. A Paris, le CAC 40 - composé de 40 actions d’entreprises françaises parmi les plus fortes capitalisation boursières - a ainsi dégringolé en moins d’un mois de 36% pour passer en dessous du seuil des 3 900 points, au plus bas depuis l’été 2013 !

Pour les investisseurs déjà actifs sur les marchés, cette période est catastrophique. Impossible dans ces conditions de vendre sans subir de lourdes pertes. Mais pour les autres, « c’est plutôt le moment de faire de bonnes affaires », de l’aveu même d’Agnès Pannier-Runacher, la secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Economie et des Finances. Si cette déclaration faite sur CNews le 10 mars dernier peut sembler inappropriée, elle décrit néanmoins une réalité : le moment idéal pour placer son argent c’est lorsque les marchés dévissent.

En investissant dans une période de creux, votre portefeuille a en effet plus de chance de prendre de la valeur. Toutefois, cela ne signifie pas qu’il faut investir tout l’argent de votre Livret A en actions, en obligations et autres titres financiers. Surtout pas ! En bourse, on n’investit que l’épargne dont on n’a pas besoin, du moins pas besoin pour ses projets à court et moyen terme. C’est pourquoi, seuls ceux qui ont par ailleurs déjà une épargne de précaution, placée sur un support garanti comme un livret d’épargne ou le fonds euros d’une assurance vie, peuvent penser à se lancer.

A lire sur MoneyVox : Combien garder comme épargne de précaution ?

Vous êtes peut-être déjà armé pour investir

Pour vous lancer, vous devez tout d'abord disposer d'une enveloppe pouvant héberger des produits financiers : des actions, des obligations ou des fonds, appelés « organismes de placement collectif » (OPC), eux mêmes composés d'actions et/ou d'obligations. Cette enveloppe peut être un compte-titres, un Plan d’épargne en actions (PEA), un Plan d’épargne retraite (PER) ou une assurance vie.

Vous avez déjà une assurance vie, investie essentiellement sur le fonds euros ? Vous pouvez profiter de cette période propice pour transférer un peu de votre épargne du fonds euros vers des unités de compte investies en actions. Ou compléter celle-ci avec votre épargne complémentaire, pour investir. Pour les autres, il va falloir ouvrir un nouveau produit d'épargne.

Avant de vous précipiter, prenez garde : si le compte-titres est ouvert à l'ensemble des instruments financiers, et quel que soit l'origine géographique du titre, le PEA est réservé (sauf exceptions) aux fonds et actions européens. Quant aux produits disponibles dans les assurances vie, ils dépendent totalement du choix des assureurs.

Attention aussi aux frais : sur les PEA et les compte-titres, les intermédiaires financiers prélèvent des droits de garde, facturés sous forme de commissions fixe et variable. En ce qui concerne le PER et l’assurance vie, ce sont notamment des frais de gestion supplémentaires qui sont retenus. Ce niveau de tarification variant d’un distributeur à un autre, la mise en concurrence s’impose ! D'une manière générale côté frais, il vaut mieux éviter d’ouvrir son enveloppe dans une banque traditionnelle, et passer plutôt par un courtier ou une banque en ligne.

Des délais d’ouverture rallongés avec le coronavirus

Si les banques et les assureurs restent actifs durant l’épidémie de Covid-19, leurs effectifs peuvent être réduits. C’est pourquoi même si vous pouvez ouvrir à distance une assurance vie ou un compte-titres, il se peut que vous deviez attendre plusieurs jours avant de pouvoir vous mettre à boursicoter. Vous pouvez toujours profiter de ce laps de temps pour approfondir vos connaissances, vous renseigner sur les fonds d’investissement accessibles et peaufiner votre stratégie.

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L’investissement indirect pour débuter en bourse

Votre assurance vie ou votre compte-titres ouvert, vous voilà prêt à investir. Le problème est que, sans expérience ni connaissance financière, il est complexe et périlleux de faire le tri parmi les actions des milliers de sociétés cotées en bourse. Rien que sur Euronext - principal opérateur des places financières de la zone euro - quelques 1 300 entreprises sont référencées. C’est pourquoi, plutôt que d’investir en direct, les néophytes peuvent privilégier les fonds d’investissement. En achetant des parts de ces OPC, créés et gérés par des entreprises de gestion d’actifs (Lyxor, Lazard Frères Gestion, Natixis Asset Management, OFI Asset Management…), vous investissez simultanément dans plusieurs sociétés. Charge aux gestionnaires de faire croître la valeur de ces fonds.

De fait, les OPC facilitent la diversification de votre patrimoine en construction. Ces fonds, thématisés, sont conçus pour permettre aux investisseurs de s’exposer au marché qu’ils ciblent. Ils sont en effet composés d’actions (fonds actions), d’obligations (OPC obligataires) ou des deux (fonds diversifiés) d’entreprises exposées à un même secteur d’activités (immobilier, biotechnologie, financier…) et/ou à une même zone géographique (Europe, marchés émergents, Amérique du nord...).

Pensez également aux trackers (ou ETF), bien pratiques pour cibler en un coup les grandes sociétés cotées. Au contraire des fonds classiques, qui cherchent à faire le meilleur résultat possible, les ETF sont en effet des produits « passifs » construits pour répliquer les grands indices boursiers (CAC 40, Euro Stoxx 500, MSCI World...). Et, car ils nécessitent un moindre suivi des gestionnaires, les frais de gestion sont généralement réduits, de l'ordre de 0,10% à 0,50%, contre en moyenne 2% pour un fonds actions classique.

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Plus généralement, pour choisir vos OPC, les rendements passés sont un critère important. Mais pour reprendre l'adage réglementaire, « les performances passées ne préjugent pas des performances futures » : il ne faut pas tenir compte uniquement de leurs dernières performances. Un fonds peut très bien, dans un contexte d’euphorie boursière généralisée, afficher de bons résultats sur une période particulière, tout en étant peu adapté à une nouvelle période. Vous trouverez les informations essentielles de chaque fonds dans le « Document d'informations clés pour l'investisseur », disponible sur les sites financiers ou dans la base de données de votre courtier.

Attention aux frais !

Ne multipliez pas à outrance les supports. Car plus vous disposez de fonds, plus la facture risque de grimper ! En effet, chaque fonds est soumis à sa propre facturation. Ainsi, pour se rémunérer, les sociétés de gestion appliquent d'une part des frais de gestion. Prélevés annuellement, ces derniers viennent directement en déduction de la performance énoncée. Ils sont donc faciles à prendre en compte. En revanche, les frais d’entrée peuvent s’avérer bien plus douloureux pour votre épargne. Concrètement, si pour un fonds donné, 5% de frais d’entrée sont facturés, cela signifie que pour 1 000 euros investis, ce ne sont que 950 euros qui atterriront effectivement sur l’OPC. De quoi, au fil de vos versements, amoindrir progressivement mais considérablement le capital accumulé.

La gestion pilotée pour ne pas mettre les mains dans le cambouis

Si la gestion financière vous rebute, sachez qu’il est possible moyennant des frais supplémentaires de confier la gestion de votre contrat à une société de gestion d’actifs. Cela s’appelle de la gestion sous mandat ou de la gestion pilotée. En pratique, vous choisissez un profil d’investissement parmi ceux proposés (équilibré, défensif, agressif…) et le gérant réalise les arbitrages conformément à cette orientation.

Pas de personnalisation poussée pour autant, la gestion pilotée est une gestion dite collective : le gérant agrège tous les contrats ayant le même profil et gère l’ensemble. Sous cette apparente simplicité, prenez toutefois garde aux frais et aux performances. Parfois, un bon tracker peut être plus rentable que la gestion pilotée et tout aussi facile d'accès ! Toutefois, les courtiers en ligne sont nombreux à proposer à moindre frais des assurances vie en gestion pilotée.

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Diversifier et investir progressivement

Diversifier vos fonds et ne pas être dépendant de la bonne santé d'un seul secteur d’activité ou d'une seule région du monde est la première règle à respecter pour faire fructifier sainement, progressivement et sur le long terme votre argent. La diversification est aussi le meilleur moyen de limiter les pertes en cas de soubresauts boursiers. En effet, si en vous documentant vous pouvez, en théorie, anticiper et vendre au bon moment vos parts de fonds, en pratique, il est illusoire de penser que vous y parviendrez à tous les coups.

De plus, ce n'est pas parce que les marchés semblent au plus bas qu'il faut investir toute votre épargne destinée à la bourse d'un coup. Au contraire, gardez toujours un peu d'argent de côté en cas de nouvelle baisse. Cela permet de lisser le risque puisque vous n’augmentez que progressivement votre exposition. L'idée : commencez par miser 20% à 50% de votre épargne disponible sur des supports boursiers, et faites des versements ultérieurs pour racheter à un prix encore plus abordable si la bourse n'a pas encore atteint son point bas.

En résumé,

  • Le choc boursier peut être un bon moment pour les investisseurs néophytes de débuter en bourse.
  • Pour ce faire, vous devez disposer d'une enveloppe capable d'accueillir des supports boursiers (actions, obligations et fonds d'investissement), à savoir une assurance vie, un PEA ou encore un compte-titres...
  • Pour les novices, il est préférable d'investir dans un premier temps sur des fonds d'investissement (ou OPC) afin de diversifier facilement le portefeuille. Autre solution : la gestion pilotée pour confier l'épargne à un investisseur professionnel.
  • Avant de vous lancer, veillez à mettre en concurrence les distributeurs sur la base des frais et du nombre de fonds accessibles notamment.