Une fausse avocate a proposé d'aider la nonagénaire à régler un litige avec l'opérateur téléphonique Orange avant de lui soutirer près de 200 000 euros en 6 mois. Si la fraude a été stoppée grâce à un proche, les fonds sont perdus et les banques se disent incompétentes.

Une escroquerie de 200 000 euros. Une femme âgée de 96 ans a vidé un contrat d'assurance vie sur les mauvais conseils téléphoniques de personnes malveillantes.

« Ce n'est pas que je me sente coupable, mais j'ai fait confiance bêtement. J'ai été trop crédule », raconte la nonagénaire des Hauts-de-Seine au Parisien. En six mois, deux escrocs organisés ont précisément soutiré 194 000 euros à l'ancienne institutrice en se faisant passer pour de faux agents de l'opérateur téléphonique Orange. Pour régler un litige d'impayé, ils lui proposent les conseils d'une avocate, en échange d'importantes sommes d'argent.

« Pendant l'été 2021, Eugénie retire en trois fois 38 500 euros au Crédit Mutuel, pactole qu'elle remet en main propre » à la fausse avocate, écrit le quotidien. Une dizaine de virements de 10 000 euros chacun vers la Belgique via un compte ouvert à la Société Générale ont aussi été réalisés ainsi que des retraits réguliers, dont le contenu a été remis en main propre à un complice de l'avocate, pour un total de 25 000 euros.

C'est finalement au moment, où la victime envisage de vendre son appartement qu'un proche s'aperçoit de l'arnaque et la pousse à déposer plainte. « On est parvenu à sauvegarder 60 000 euros, et Eugénie a été placée sous curatelle simple », souffle son ami Jean-François. Pour autant, les malfaiteurs ne sont pas identifiés et la plainte est classée sans suite en septembre 2022. L'ancienne institutrice ne devrait jamais revoir son argent.

Quel rôle pour les banques ?

Et les banques dans cette affaire ? Comment ne sont-elles pas intervenues face à de tels mouvements sur les comptes d'une femme âgée de 96 ans ? Elles avancent le principe de « non-immixtion », qui prévoit que la banque ne peut s'immiscer dans les affaires de son client, sauf anomalie apparente.

Dans les colonnes du Parisien, le Crédit Mutuel explique : « Nous avons fait signer des lettres de décharge et adressé plusieurs courriers de mise en garde à la cliente, qui a systématiquement expliqué qu'elle faisait ce qu'elle voulait de son argent. »

Arnaque au faux conseiller : les bons réflexes pour se faire rembourser par votre banque

« Si la banque ne fait rien alors qu'elle constate un abus, sa responsabilité peut-être engagée, c'est la question du devoir de vigilance qui se pose », explique au quotidien Mélanie Saldanha, juriste à l'UFC-Que Choisir.

L'enjeu est de taille. La logique veut que votre banque vous rembourse sur le champ en cas d'arnaque, mais certaines refusent, vous accusant de négligence. Dans cette optique, il est notamment recommandé de ne pas s'incriminer lors de son dépôt de plainte.