Selon un sondage YouGov pour MoneyVox, le dispositif MaPrimeRenov' est désormais bien connu des Français et de plus en plus perçoivent d'un bon œil les travaux de rénovation énergétique dans le cadre d'un achat immobilier. Mais derrière, de nombreuses zones floues perdurent et le risque de fraudes est solidement ancré dans l'imaginaire collectif.

Avec ses 650 000 demandes abouties en 2021 et 2022 pour des millions de dossiers déposés, c'est le fer de lance de la politique énergétique du gouvernement ! Le dispositif MaPrimeRenov' est aussi l'aide à la rénovation énergétique la plus connue par les Français, selon un sondage réalisé par YouGov* pour MoneyVox.

61% des sondés connaissent son existence quand seulement 35% répondent positivement au terme Eco-PTZ qui finance à taux zéro des travaux jusqu'à 50 000 euros et 16% aux certificats d'énergie, qui sont une aide complémentaire versée par le fournisseur d'énergie. Les femmes comme les personnes interrogées âgées de 45 à 55 ans sont les mieux informés sur le sujet.

La Première ministre, Élisabeth Borne, ne s'est donc pas trompée lors de la présentation, le 13 juillet, des grandes lignes de la planification écologique d'ici à 2030 lors d'un conseil national de la transition écologique. Elle a en effet annoncé une augmentation de 1,6 milliard d'euros du budget de MaPrimeRénov', pour atteindre 4 milliards d'euros en 2024. Mais le chemin de la rénovation énergétique est encore long puisque selon notre étude, plus d'un 1 sondé sur 4 (28%) ne connaît aucun des trois dispositifs proposés.

Un chantier majeur, une éducation à parfaire

En France, selon la dernière étude de l'Observatoire national de la rénovation énergétique (ONRE) au moins 5,2 millions de résidences principales sont considérées comme des « passoires énergétiques. » Les aides ne suffiront pas et l'éducation est essentielle. A la question, « avez-vous déjà entendu parler des diagnostics immobiliers obligatoires ? », 41% des sondés répondent oui au sondage MoneyVox. Un total limité puisque 22% se dit totalement incompétent sur la question et 37% ne saurait pas en donner le nom précisément.

Pour améliorer la situation, l'Etat rend obligatoire dès septembre le recours à MonAccompagnateurRenov', un assistant à la maîtrise d'ouvrage, pour recevoir un minimum de 5 000 euros d'aides publiques. « Il permet de s'assurer que les travaux qui vont être réalisés auront de réels gains de performance énergétique pour les particuliers », juge Baudouin De La Varende, le cofondateur d'Ithaque une entreprise spécialisée dans le domaine. Mais ce service de conseil et d'orientation sera payant, sauf politique publique locale de soutien. Et il ne passera pas par un Diagnostic de performance énergétique (DPE) mais pas la réalisation d'un audit énergétique, ce qui complexifie encore la compréhension.

« La question financière est centrale dans la volonté de rénovation énergétique »

Le premier est un bilan thermique simplifié, valable 10 ans et réalisé par un diagnostiqueur formé et certifié. Il est actuellement utilisé pour la mise en place du calendrier de sanctions qui contraint les propriétaires bailleurs à réaliser des travaux chez eux sous peine de ne plus pouvoir louer. Le second reprendra les caractéristiques du DPE, mais devra aussi être force de proposition sur la réalisation des travaux à entreprendre. Son coût est aussi deux fois plus élevé, minimum.

Pour autant, les performances énergétiques d'un logement sont estimées importantes par 82% des personnes interrogées, notamment au moment d'un achat. Aujourd'hui, selon nos résultats, 20% des sondés ont réalisé des travaux, 17% ont commencé à en réaliser et 13% ont des projets en cours de finalisation. Seulement, 17% des Français interrogés balayent la question d'un revers de main.

« La question financière est centrale dans la volonté de rénovation énergétique », estime Gautier Villard, de l'entreprise HelloWatt qui propose notamment un DPE en ligne via ses factures mensuelles et les appareils présents à son logement. Et puis la note qui est attribuée à votre logement influe sur sa valeur et sur le niveau des charges quotidiennes qu'il occasionne.

La peur de la fraude et des arnaques

Il suffirait donc de convaincre non seulement les acquéreurs, mais aussi les habitants de se pencher sur la rénovation énergétique et les outils à disposition. Mais il existe un dernier écueil de taille, les Français interrogés sont 54% à associer rénovation énergétique et fraude. Un pourcentage qui grimpe même à 90% chez les sondés âgés de plus de 55 ans.

A juste titre, semble-t-il. Un rapport du Sénat, rendu public en juillet, critique la lutte menée contre celles-ci et plus de 10 000 plaintes ont été enregistrées sur la plateforme SignalConso au cours de l'année 2022. L'ampleur des fraudes est telle que la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) est passé de 352 à 679 contrôles annuels entre 2017 et 2021.

Dans une question adressée au gouvernement, la sénatrice Françoise Ferat s'inquiétait « de pratiques frauduleuses de certaines entreprises et des offres prétendument à 1 euro (...) Ce laxisme instille le doute chez les Français soucieux de rénover leur logement et contribue au gaspillage de l'argent public. »

Pour compenser le manque de moyens des enquêteurs, le gouvernement invite à consulter sur Internet les mises en garde qui figurent sur le site France Rénov' tandis que les fraudes constatées se font majoritairement par démarchage téléphonique.

* L'enquête a été réalisée sur 1004 personnes représentatives de la population nationale française âgée de 18 ans et plus. Le sondage a été effectué en ligne, sur le panel propriétaire YouGov France du 11 au 12 juillet 2023.