Avant d’ouvrir une assurance vie, scrutez bien les frais prévus dans le contrat ! Car ils sont multiples : parfois votre épargne est rognée à l’adhésion, à chaque versement, chaque année à l’heure des intérêts, à chaque modification de l’investissement voire à la sortie. Zoom sur les frais que vous pouvez tenter de négocier, et sur ceux qu’il faut comparer avec de souscrire.

Les frais que vous pouvez négocier

1 – Frais sur versement : à négocier impérativement !

Tout contrat d’assurance vie est un véritable millefeuille de frais. Mais une ligne doit plus particulièrement retenir votre attention : les frais d’entrée, ou frais sur versement. Ceux-ci ne sont pas systématiques : quasiment tous les contrats d’assurance vie en ligne sont dépourvus de frais d’entrée, tout comme quelques contrats mutualistes et associatifs. Mais certaines banques et assureurs prévoient encore dans leurs contrats la possibilité de facturer le versement à un niveau proche du maximum légal, situé à 5%. Selon notre étude, basée sur le top 100 de La Tribune de l’assurance, les 10 plus gros contrats du marché se permettent de facturer chaque dépôt 3,23% en moyenne.

C’est sur cette ligne de frais que vous avez le plus de pouvoir de négociation. A condition toutefois d’accepter, en contrepartie, d’investir une part de votre versement (30% le plus souvent) sur les supports en unités de compte, qui n’offrent pas de garantie en capital à la différence du fonds en euros.

Samir a déposé 1 000 euros sur une assurance vie ouverte auprès de sa banque début 2018, laquelle facture 4% chaque versement. Seuls 960 euros ont effectivement été investis au moment de son dépôt, les 40 euros restants servant à financer l’activité de la banque (le distributeur du contrat) et l’assureur (le gestionnaire). Plutôt averse au risque, il a choisi de tout miser sur le fonds en euros, qui a rapporté 1,40% en 2018 et 1% en 2019. Si le rendement reste le même lors des prochaines années, Samir va devoir attendre l’automne 2021 pour retrouver sa mise initiale, de 1 000 euros.

Lire aussi : 2 ans de rendement perdus, en moyenne, à cause des frais sur versement !

2 – Frais d’arbitrage : possible de les baisser

Modifier votre investissement, au sein de l’assurance vie, en passant votre épargne d’un support en unités de compte à un autre, ou vers le fonds en euros, cela s’appelle un arbitrage. Et cela a (parfois) un coût : soit quelques euros par arbitrage, au forfait, soit un faible pourcentage (0,50% à 1% le plus souvent) du montant arbitré.

Cette ligne de frais n’est pas systématique : les frais d’arbitrage sont à 0% sur la plupart des assurances vie en ligne et sur certains contrats associatifs ou d’assureurs mutualistes. Même certains grands réseaux bancaires prévoient un arbitrage gratuit par an. Une « fleur » qui peut être étendue à plusieurs arbitrages, en négociant…

Juliette veut transférer 1 000 euros du fonds en euros vers un support en unité de compte orienté sur le secteur de la santé, suite à la crise sanitaire du Covid-19. Les frais d’arbitrage étant de 0,50%, seuls 995 euros sont investis sur le support désigné, 5 euros revenant à l’assureur.

3 – Frais de sortie : à négocier s’ils existent encore

Pas de panique : le plus souvent, vous n’avez pas à vous pencher sur la question des frais de sortie car les assureurs n’en prévoient plus sur l’ensemble des contrats actuellement commercialisés. Mais, si vous voulez retirer de l’argent d’un très vieux contrat, ou si un aïeul veut piocher dans son vieux contrat et que celui-ci prévoit des frais de sortie en capital, alors sachez que vous pouvez réclamer un rabais (voire une exonération totale) sur ces frais devenus anachroniques.

Les frais qu’il faut comparer avant l’ouverture

1 – Frais de gestion : à comparer au regard de la performance

Les assureurs ponctionnent votre épargne chaque année au titre des frais de gestion. A hauteur de 0,61% en moyenne selon les derniers chiffres du gendarme du secteur, l’ACPR, qui portent sur l’année 2018. Les assureurs filiales des groupes bancaires, qui gèrent les contrats des grandes banques, sont les plus gourmands : ils facturent la gestion à hauteur de 0,64% par an selon l’ACPR, contre 0,45% pour les « assureurs traditionnels ».

Négocier ? Hors de question. Sauf dans de très rares exceptions, le client ne peut pas négocier ces frais à la baisse, tout simplement car votre conseiller financier n’a pas la main sur cette ligne tarifaire, fixée par l’assureur pour l’ensemble d’un portefeuille de contrats. En revanche, vous avez intérêt à regarder les frais de gestion avant de souscrire, en prenant soin de distinguer les frais de gestion sur le fonds en euros et ceux appliqués aux unités de compte (UC), souvent fixés à des niveaux différents.

Vous avez aussi intérêt à scruter les frais de gestion additionnels pour les options de gestion (en cas de mandat d’arbitrage) mais aussi pour les options en gestion libre : les options sécurisation des plus-values, limitation des pertes, entre autres, peuvent faire l’objet de frais supplémentaires, tout comme la possibilité d’investir sur des SCPI, des actions (« titres vifs »), des fonds répliquant un indice financier (ETF, ou « trackers »)… A comparer soigneusement !

Vivien découvre que le rendement de son fonds en euros pour l’année écoulée, 2019, est de 1,50%, fonds sur lequel il dispose de 10 000 euros. Les frais de gestion de ce fonds étant de 0,70%, le rendement brut (total) est en réalité de 2,20%. Les intérêts annuels bruts sont donc de 220 euros, mais seuls 150 euros sont capitalisés sur son fonds en euros, les 70 euros restants servant à financier l’activité de l’assureur.

A savoir également : sur les UC, ces frais se concrétisent chaque année par une ponction sur le nombre de parts en votre possession.

2 – Frais sur la rente : à comprendre avant de souscrire

Quand vous arrivez à l’âge de la retraite et que vous souhaitez utiliser votre assurance vie pour vous générer des revenus complémentaires, vous avez le choix entre les retraits programmés et la conversion en rente, qui vous permet de profiter d’un revenu régulier jusqu’à votre mort. Si vous optez pour la rente viagère, attention au casse-tête pour comprendre la tarification : s’enchevêtrent potentiellement frais de conversion, frais d’arrérage et frais de gestion de la rente !

Schématiquement : 1. Votre épargne est ponctionnée au moment de transférer votre pécule vers le fonds dédié à la rente chez l’assureur (frais de conversion) ; 2. Cette somme peut faire l’objet de frais de gestion annuels ; 3. Les frais d’arrérage sont ponctionnés chaque mois au moment du versement de la pension. Le plus souvent, seulement un ou deux de ces frais sont appliqués. Et ils sont généralement non négociables. D’où l’importance de bien choisir son contrat.

Clotilde, nouvellement retraitée, a épargné 100 000 euros sur son assurance vie, qu’elle compte transformer en rente viagère. Elle va bénéficier d’une rente mensuelle brute de 340 euros. Et donc d’une rente « nette de frais d’arrérage » de 330 euros, puisque 3% de frais d’arrérage sont prévus dans les conditions générales de son assurance vie.

Voir notre calculatrice de rentes viagères

3 – Frais « cachés » : pour bien choisir les fonds

Outre les frais de gestion du contrat, les supports en unités de compte font l’objet d’une tarification « invisible » : les frais internes aux UC, qui sont des fonds d’investissement gérés par des asset managers, bref des sociétés de gestion. Or ces asset managers ponctionnent des frais pour financer leur activité : ceux-ci sont invisibles dans le sens où la performance qui vous est communiquée est nette de frais « internes » au fonds en UC.

Combien coûtent ces frais « cachés » ? C’est le grand écart, comme le montre une étude récente de Goodvalueformoney.eu : sur les supports en UC investis en actions françaises, les frais « internes » facturés par les asset managers vont de 0,20% à 3,70%. Or le site spécialisé Good Value for money constate qu’un niveau de frais élevé ne s’explique par forcément par un niveau de performance financière élevée… Là encore, vous n’avez aucune marge de négociation, mais vous pouvez choisir vos UC en connaissance de cause, en épluchant le document d’information clés (DIC) de chaque fonds ou en posant la question à votre banquier ou conseiller financier.

Voir aussi le comparatif d’une sélection de contrats d’assurance vie