Un nombre croissant d’assurances vie permettent d’investir directement dans des actions de sociétés cotées en bourse (CAC 40, SBF 120…). En période de taux bas, est-ce un bon moyen de booster la performance de votre contrat ?

Best-seller de l’épargne, l’assurance vie va-t-elle finir par remplacer le compte-titres et le Plan d’épargne en actions (PEA) ? Ces deux supports purement boursiers sont en effet délaissés par les épargnants. Alors qu’en 2009, 13% des ménages possédaient l'un ou l'autre, ils ne sont désormais plus que 6%, selon l’Autorité des marchés financiers. A l’opposé, les investissements boursiers dans le cadre d’une assurance vie progressent : 12% des épargnants détiennent des unités de comptes (fonds actions, fonds obligataires, actions en direct, trackers…), contre seulement 7% en 2009.

Les assureurs et courtiers en assurance vie accompagnent et soutiennent cette tendance, en limitant l’accès à leurs fonds euros, mais aussi en diversifiant les supports d’investissement proposés. Ainsi, ces dernières années, les titres vifs – l’achat en direct d’actions de sociétés cotées en bourse - ont fait leur entrée dans les assurances vie en ligne. En 2011, Altaprofits, avec son contrat Titres@Vie assuré par SwissLife, a été l’un des précurseurs. Mais ces derniers mois, le mouvement semble s'accélérer.

Depuis janvier, la banque en ligne Boursorama donne accès à 38 des 40 valeurs du CAC 40 (hors AXA et Hermès) en gestion libre. Plus récemment, début juin, Generali a aussi enrichi son contrat Himalia d’une centaine de titres vifs du CAC 40, du SBF 120 et de l’Eurostoxx 50, qui regroupe les 50 sociétés de la zone euro ayant la plus forte capitalisation boursière.

Du marketing ou un intérêt réel pour l’épargnant

« Les assureurs s’intéressent aux titres vifs car c’est un atout marketing intéressant. Cela va parler et plaire à un investisseur qui connaît l’historique d’une action de pouvoir y réinvestir par le biais de son assurance vie », explique à MoneyVox Didier Bujon, directeur général de la société de conseil en gestion privée Equance. « Evidemment, c’est un argument marketing », renchérit Guillaume-Olivier Doré, fondateur de la plateforme d’épargne Mieuxplacer, mais qui présente aussi des intérêts pour les épargnants, dont la limitation des frais. « Avoir des titres vifs dans son assurance vie permet d’échapper aux multiples commissions si ces actions étaient logées dans un OPCVM lui-même logé dans une assurance vie », poursuit Guillaume-Olivier Doré.

Investir sur des actions via son assurance vie est généralement moins onéreux que dans le cadre d’un PEA ou d’un compte-titres. A l’image de Boursorama Vie et de Binck Vie, certains contrats en ligne sont en effet dénués de frais d’arbitrage sur les titres vifs ou alors en intègrent quelques-uns gratuits par an, ce qui n’est pas du tout la norme avec un compte-titres ou un PEA. Cette inflation tarifaire a d’ailleurs conduit le gouvernement à encadrer à partir du 1er juillet les frais du PEA.

En outre, en logeant des actions dans une assurance vie, les dividendes, versés sur un fonds monétaire ou euros, tombent dans le régime fiscal accommodant de l’assurance vie : impôt prélevé au moment du rachat, abattement de 4 600 euros pour un retrait après 8 ans, avantage fiscal au moment de la transmission du patrimoine…

Sélection d'assurances vie avec titres vifs
Titres@VieMes-placements LibertéBoursorama VieBinck Vie
AssureurSwissLifeSpiricaGeneraliGenerali
DistributeurAltaprofitsMes-placementsBoursoramaBinck
Nombre d'actions en direct14711138102
MarchésCAC 40, SBF 120, Eurostoxx 50CAC 40, CAC Next 20, Eurostoxx 50, Dow Jones Industrial AverageCAC 40CAC 40, SBF 120, Eurostoxx 50
Conditions d'investissement500 € par titre (minimum 2 actions achetées)1 000 € par titre acheté en ligne, 3 000 € par ordre papier500 € par titre10 000 € par titre
Frais de courtage0,29% de l'arbitrage (minimum de 25 €)0.60% de l'arbitrageGratuitGratuit
Frais de gestion0,84% par an0,50% par an0,75% par an0,75% par an

En complément d'un compte-titres ou d'un PEA

En pratique, toutefois, le match assurance vie contre le compte-titres ou le PEA n’a pas vraiment lieu d’être s’agissant des titres vifs. Ces trois enveloppes correspondent à un horizon de placement, une gestion et plus généralement à des besoins différents.

Via l’assurance vie, les épargnants ont accès à seulement quelques indices financiers essentiellement français voire européens (CAC 40, SBF 120…). Bien que certains contrats se démarquent, à l’image de celui de Spirica compatible avec le Dow Jones Industrial Average, indice composé des 30 entreprises américaines parmi les plus importantes. « Si un investisseur veut un large choix d’actions à acheter et arbitrer rapidement, l’assurance vie ne fera pas son bonheur. En revanche, s’il veut détenir un titre sur une durée longue en optimisant la fiscalité sur des dividendes qui veut également bénéficier du régime successoral avantageux de l’assurance vie, là, cela a du sens », résume Didier Bujon d’Equance.

Acheter des actions avec une assurance vie n’est en effet pas aussi souple et rapide qu’avec un compte-titres. « Le processus de transmission de l’ordre peu digitalisé et la multiplicité des interlocuteurs font que les épargnants ne peuvent pas arbitrer leur position d’heure en heure ni même généralement du jour au lendemain », souligne Guillaume-Olivier Doré. Dans ces conditions, difficile de tirer profit de l’évolution des cours boursiers. Dans l’idéal, les actions dans une assurance vie doivent pouvoir être conservées sur le long terme, ce qui nécessite donc de privilégier les titres de rendement. C’est-à-dire des actions de sociétés qui versent régulièrement des dividendes. L’assurance vie ne sert donc pas à boursicoter !

Un placement qui s’adresse aux initiés

Cela ne signifie pas que les actions logées dans une assurance vie sont sans risque. Comme tout placement boursier, ce type d’investissement s’adresse à une clientèle avertie. « Il faut être capable de gérer la volatilité inhérente aux marchés financiers, met en garde le patron de Mieuxplacer. Sinon il est préférable d’investir dans un fonds, qui peut contenir des dizaines d’actions différentes, et est donc moins volatil qu’une seule action ».

Pour limiter le risque de perte, les gestionnaires questionnés conseillent également de ne pas dépasser 2% à 5%, selon le profil de l'épargnant, la part investie en actions détenus en direct. « Sur une année, l’impact des titres vifs sur la performance globale de l’assurance vie sera, certes, relativement faible. Mais sur le long terme, ils peuvent améliorer ainsi de quelques dizaines de points le rendement du contrat », estime Guillaume-Olivier Doré.

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