Sur une assurance-vie multisupports, la gestion libre vous permet de sélectionner vous-même les supports en unités de compte. Un choix impliquant des paris gagnants... et d'autres perdants. Dès lors, comment éviter qu'un investissement devienne trop handicapant ?

Un choix de 200, 300, 400, voire parfois plus de 500 supports en unités de compte (UC) ! Difficile, dans ces conditions, de ne jamais se tromper ! Certes, de nombreux distributeurs d’assurance-vie proposent une gestion sous mandat, ou pilotée, à leurs clients, avec des seuils d’accès de plus en plus bas. Mais cette assistance peut engendrer des frais supplémentaires, et certains épargnants préfèrent dans tous les cas la gestion libre, histoire de garder la main sur leurs placements.

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Pour aider leurs clients avides d’indépendance dans cette démarche, les assureurs prévoient de nombreuses options de gestion automatique : de la sécurisation des plus-values à leur dynamisation, en passant par le rééquilibrage automatique et la limitation des pertes. Cette dernière, souvent désignée par son appellation anglaise stop loss, permet comme son nom l’indique de stopper la chute de la valeur d’un support en UC. Comment ? En arbitrant automatiquement toute l’épargne investie sur cette UC vers un fonds plus sécurisé. Charge au souscripteur de déterminer le seuil de pertes déclenchant ce « stop de protection ».

Cette option est plutôt répandue parmi les contrats d’assurance-vie à frais réduits, sur internet, souvent imaginés pour être gérés en autonomie par les épargnants. Ainsi, elle est aussi bien présente sur des contrats de banques en ligne, comme BforBank Vie, Monabanq Vie ou Fortuneo Vie, que sur un produit associatif comme Epargne Retraite Multigestion (Asac-Fapès), ou des assurances-vie distribuées par des courtiers comme Darjeeling, Epargne Evolution ou Altaprofits Vie. Dans tous les cas, l'option est gratuite mais, le plus souvent, les arbitrages automatiques réalisés suite au déclenchement du stop loss sont facturés, à la différence des arbitrages réalisés à la demande de l'assuré.

« Stop loss » relatif ou absolu ?

Un élément permet toutefois de classer les contrats proposant cette option en deux grandes familles : ceux qui proposent le stop loss relatif et ceux qui proposent le stop loss absolu, une troisième famille proposant l’un et l’autre. Quelle différence ? En absolu, la perte est jugée par rapport à la valeur de l’UC au moment de la souscription de l’option. En relatif, la perte est mesurée par rapport à la plus haute valeur atteinte par l’UC. Schématiquement, en mode « stop loss absolu », pour 100 euros misés sur une UC à la souscription et un seuil de moins-value de 10%, l’arbitrage se déclenchera toujours si la valorisation tombe sous les 90 euros. Peu importe si la valorisation a grimpé à 150 euros entre temps. En relatif, en revanche, l’arbitrage se déclenchera à 135 euros si la valorisation est montée si haut.

Outre la version relative ou absolue, d’autres caractéristiques divergent selon les contrats : ticket d’entrée, le ou les supports de sécurisation, l'intervalle de constatation des pertes, etc. Pour illustrer ces différences, nous avons analysé trois contrats gérés par les trois principaux assureurs du marché de l’assurance-vie en ligne : Generali, Suravenir et Spirica (1).

Fortuneo Vie (Suravenir)

Sur l’option stop loss, Fortuneo Vie affiche plusieurs points forts. La limitation des pertes n’est ici disponible qu’en mode relatif, a priori la plus avantageuse des deux versions existantes. Et l’option est accessible à tous les souscripteurs, sans condition de montant minimum sur le contrat. Autre point fort : le très large choix de support de sécurisation (plus d’un vingtaine), l’arbitrage défensif ne se faisant ainsi pas systématiquement sur un fonds en euros. Quant au seuil de perte, il est de 5% de la valeur (ou plus, fixé de façon libre). Enfin, le niveau des pertes est jaugé chaque jour, pour un arbitrage déclenché le jour ouvré suivant si besoin. Reste un bémol : un forfait de 28 euros par arbitrage. Autant dire que, même si l'option est accessible, il faut que le jeu en vaille la chandelle.

Plus d’infos sur le contrat Fortuneo Vie

Linxea Spirit (Spirica)

Sur plusieurs points, l’option de « limitation des moins-values » de Linxea Spirit est l’exact contraire de celle de Fortuneo Vie. Il s'agit d’un stop loss absolu qui est réservé aux épargnants disposant de 5.000 euros minimum sur leur assurance-vie mais, point fort, les arbitrages automatiques sont gratuits. La constatation des pertes se fait le jour J pour un arbitrage à J+1 (date de valeur). L’arbitrage défensif est alors réalisé vers un fonds en euros. Comme sur la plupart des contrats, le seuil de moins-value est de 5% (ou plus, par palier de 1%).

Plus d’infos sur le contrat Linxea Spirit

Puissance Sélection (Generali)

A la différence des deux contrats précités, Puissance Sélection propose, au choix, la « limitation des moins values » en valeur absolue ou en valeur relative. Un point fort. Concernant l’encours minimal du contrat (2.000 euros), le support défensif (Eurossima), le seuil d’arbitrage (5% ou plus, par palier de 5%) ou la tarification (0,50% de la valeur arbitrée avec un plafond à 30 euros), le contrat distribué par Assurancevie.com offre un compromis entre les options stop loss de Fortuneo Vie et Linxea Spirit. Mais il souffre d’un bémol : la constatation des pertes n’est qu’hebdomadaire, le vendredi, pour un arbitrage le lundi de la semaine suivante.

Plus d’infos sur le contrat Puissance Sélection

(1) Les caractéristiques de l’option stop loss sont négociées entre l’assureur et le distributeur (courtier, banque en ligne, etc.), ce qui explique que deux contrats gérés par un même assureur peuvent afficher des caractéristiques légèrement différentes.