L'inflation se maintient actuellement à un niveau plus élevé que prévu, selon les chiffres dévoilés ce mercredi par l'Insee. Une mauvaise nouvelle pour les portefeuilles, qui devrait toutefois influencer positivement les futures évolutions des taux des livrets d'épargne réglementée, Livret A en tête.

Inflation plus forte que prévu, pouvoir d'achat en nette baisse : le panorama dessiné ce mercredi par l'Insee (1) pour les prochains mois est plutôt sombre. En février, la hausse des prix, hors tabac, était attendue à 6,2% sur un an. Elle a finalement été corrigée à la hausse : 6,4%. Et, dans son point de conjoncture, l'institut statistique en a fait de même pour ses prévisions des prochains mois. En clair, les prix, de l'alimentation en particulier, vont continuer d'augmenter.

Difficile, dans ce contexte, de trouver des points positifs. Un seul, peut-être : cette inflation persistante devrait soutenir les taux des livrets d'épargne réglementée (Livret A, LDDS, LEP, CEL et Livrets Jeune) dont la prochaine révision est attendue au 1er août.

Légère baisse attendue pour le LEP

Celui du Livret d'épargne populaire, en premier lieu. Ces derniers temps, sa rémunération a été systématiquement alignée sur l'inflation moyenne du semestre précédent, ce qui l'a amené à passer de 1% en début d'année 2022 à 6,10% depuis le 1er février dernier.

Logiquement, tout ralentissement de la hausse des prix devrait lui faire prendre le chemin inverse. Sur la base des chiffres définitifs de l'inflation en janvier (6,10%) et en février (6,40%), et des prévisions dévoilées aujourd'hui par l'Insee, son taux pourrait baisser à 5,70% à l'occasion de sa prochaine révision automatique, le 1er août prochain. Cela aurait pu être pire (5,50%) si les précédentes prévisions de l'Insee sur l'inflation, plus optimistes, s'étaient réalisées.

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Livret A : une forte hausse possible...

Le maintien d'une inflation un peu plus forte que prévu devrait également influencer positivement le rendement du Livret A, et par extension celui du LDDS, du CEL et des Livrets Jeunes. L'indice des prix à la consommation, en effet, entre en compte dans la formation de son taux.

Mais, dans son cas, c'est l'autre indice intégré à sa formule de calcul qui devrait être déterminant : l'€ster, ce taux utilisé par les banques de la zone euro pour s'échanger de l'argent. Celui-ci, en effet, est directement influencé par la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) et donc par la hausse récente de ses taux directeurs.

Résultat : sa moyenne semestrielle est actuellement en forte hausse. Elle est passée de 0,56% en début d'année 2023 à 1,54% à la mi-mars. En maintenant ce rythme rapide, elle pourrait s'approcher des 3% d'ici à la fin juin. A condition, bien sûr, que la BCE ne renonce pas à sa volonté affichée de poursuivre la hausse de ses taux pour refroidir l'économie. De ce point de vue, les conséquences de la faillite de la banque états-unienne SVB devront être observées de près.

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... mais sous conditions

Si cette trajectoire, et celle de l'inflation hors tabac dessinée par l'Insee, se confirmaient, les conséquences sur le taux du Livret seraient alors spectaculaires. En appliquant strictement la formule de calcul, il pourrait atteindre 4,40%, contre 3% actuellement.

La Banque de France acceptera-t-elle de donner un tel coup de pouce au taux du Livret A ? C'est peu probable, si l'on s'en tient à sa doctrine récente. François Villeroy de Galhau, son gouverneur, a affirmé à plusieurs reprises sa volonté de lisser la hausse du taux du Livret A, pour éviter, notamment, de déstabiliser le secteur du logement social, qui utilise cette ressource pour financer ses projets. Il devrait donc, selon toute vraisemblance, proposer au gouvernement de limiter son évolution, comme il en a le droit. A 3,5% ? Ou 4% ? Réponse au mois de juillet.

(1) Institut national de la statistique et des études économiques