Des discussions sont en cours entre Bercy, la Banque de France et différents acteurs du secteur immobilier, parmi lesquels les banques et les courtiers. Le but : éviter un blocage du secteur, impacté par une hausse des refus de crédits.

Y aura-t-il du mouvement sur le front du crédit immobilier avant le 1er octobre, date à laquelle le taux d'usure sera relevé, comme chaque trimestre ? Actuellement fixé à 2,57% pour les prêts de 20 ans et plus (2,60% pour les durées plus courtes), il avait été remonté de 0,17% au 1er juillet par rapport au trimestre précédent. Selon plusieurs prévisions, il pourrait encore être rehaussé de 0,20% à 0,40% à compter du 1er octobre.

Malgré tout, le taux d'usure, ce taux maximum auquel les banques peuvent prêter de l'argent et comprenant le taux nominal, l'assurance emprunteur ainsi que les différents frais de dossier, est sous le feu de toutes les critiques. Il faut dire que si le taux d'usure a augmenté de 0,17% entre le 1er avril et le 1er juillet, la progression des taux immobiliers moyens sur 20 ans était de 0,44 point sur la même période.

Selon un sondage Opinion Way commandé par l'Association Française des Intermédiaires en Bancassurance (Afib), 45% des dossiers de crédit immobilier présentés depuis janvier sont retoqués à cause du taux d'usure : soit près d'un dossier sur deux.

Les banques invitées à faire un effort sur les taux

Il y a quelques semaines, un autre sondage Opinion Way commandé par 6 associations professionnelles d'intermédiaires en opérations de banque et en services de paiement (IOBSP) expliquait que 40% des intermédiaires en crédit se voyaient refuser 40% des dossiers, tandis que 85% d'entre eux faisaient état d'un taux de refus supérieur à 20%.

Si les courtiers en crédit tirent la sonnette d'alarme depuis de longues semaines, d'autres acteurs du secteur, d'ordinaire plus mésurés, rapportent également une crispation sur le marché du crédit immobilier. C'est le cas par exemple de l'Agence nationale pour l'information sur le logement (Anil), qui dans son indicateur des taux du 3e trimestre 2022 affirme que « cette remontée (du taux d'usure) reste insuffisamment corrélée à la progression des taux de marché dans un contexte de forte inflation. Une augmentation des rejets pour cause de crédit usuraire (c'est-à-dire dépassant le seuil de l'usure) a été observée en juillet-août. En effet, seuls les ménages bénéficiant des taux les plus bas peuvent espérer accéder actuellement à un prêt si l'on considère les frais de garantie et d'assurance qui s'ajoutent au taux d'intérêt. »

Les banques seront-elles contraintes de freiner la hausse des taux ?

Face à des critiques de plus en plus nombreuses, Bercy s'est emparé du sujet. Une « expertise » est en cours, assure le ministère de l'économie auprès des Échos. Une information confirmée par le Parisien, qui explique qu'une série de rencontres « démarre ce mercredi entre la Banque de France, Bercy, les prêteurs mais aussi les associations de consommateurs ».

Preuve que le dossier est pris au sérieux par le gouvernement. Toujours selon les Échos, si un changement du mode de calcul du taux d'usure n'est pas à l'ordre du jour, il aurait en revanche été demandé aux banques de faire un effort et de ralentir la hausse des taux.

Crédit immobilier : à quoi doit-on s'attendre pour la rentrée ?