Les taux des crédits à la consommation, tous types confondus, restent en nette hausse début juin, selon notre baromètre mensuel. La situation économique dégradée pèse de plus en plus. Avec des conséquences sur l'accès aux prêts ?

Les mois passent, et ça se confirme : l'enchaînement crise du Covid - guerre en Ukraine a fait rentrer le crédit conso, comme d'autres secteurs économiques, dans une nouvelle séquence plutôt défavorable aux emprunteurs.

Alors que le début de 2022 avait été marqué par une baisse des taux, en moyenne, par rapport à l'année précédente, le déclenchement des hostilités à l'Est de l'Europe et les incertitudes économiques qu'elles engendrent a provoqué un retournement de tendance quasi immédiat, qui se confirme de mois en mois. « Début juin, l'écart avec les taux de 2021 continue de se creuser », certifie Sergio Monteiro, fondateur du comparateur de crédits conso CheckmonCredit.fr.

Avec quelques nuances toutefois. Les prêts personnels auto et travaux décollent. Les taux moyens sont un quart de point supérieur à ceux de 2021 pour les prêts travaux. Et même plus pour les prêts destinés à financer une automobile ou une moto. « Il s'agit d'un cas un peu particulier », développe Sergio Monteiro. « Le marché des automobiles neuves est très mou en raison des pénuries. Logiquement, les banques sont peu enclines à proposer des promotions agressives. »

Catégorie la moins affectée par la hausse : les prêts personnels divers et les besoins de trésorerie. Un produit sur lequel les taux sont souvent plus proches des seuils de l'usure, les taux maximum autorisés, et sur lesquels les prêteurs ont par conséquent moins de marge d'ajustement.

Chaque mois, MoneyVox vous propose, en partenariat avec le comparateur de crédits à la consommation CheckmonCredit.fr, un baromètre des taux des crédits à la consommation. Il présente les taux moyens chez une trentaine de banques, assurances et organismes de crédits, selon le type de projet, le montant du financement et la durée de remboursement souhaitée.

Le baromètre des taux - Juin 2022
Automobile
(neuf et occasion)
Sur 12 moisJusqu'à 36 moisJusqu'à 60 moisJusqu'à 84 mois
Jusqu'à 5 000 euros
Taux excellent2,11%3,31%3,90%4,78%
Taux moyen7,37%7,51%6,34%6,02%
Jusqu'à 15 000 euros
Taux excellent0,76%2,20%2,77%3,41%
Taux moyen2,65%3,58%3,86%4,36%
Jusqu'à 40 000 euros
Taux excellent0,79%2,10%2,69%3,25%
Taux moyen2,54%3,37%3,73%4,26%
TravauxSur 12 moisJusqu'à 36 moisJusqu'à 60 moisJusqu'à 84 mois
Jusqu'à 5 000 euros
Taux excellent2,72%3,14%3,53%3,88%
Taux moyen7,26%7,38%6,14%5,68%
Jusqu'à 15 000 euros
Taux excellent0,79%2,22%2,71%2,93%
Taux moyen2,69%3,47%3,75%4,18%
Jusqu'à 40 000 euros
Taux excellent0,77%2,04%2,59%2,88%
Taux moyen2,59%3,27%3,56%4,07%
Autres prêts
personnels
Sur 12 moisJusqu'à 36 moisJusqu'à 60 moisJusqu'à 84 mois
Jusqu'à 5 000 euros
Taux excellent2,65%3,87%4,49%5,24%
Taux moyen7,79%8,10%6,86%6,82%
Jusqu'à 15 000 euros
Taux excellent0,79%2,24%2,87%3,66%
Taux moyen2,79%3,89%4,16%4,54%
Jusqu'à 40 000 euros
Taux excellent0,85%2,21%2,95%3,61%
Taux moyen2,57%3,62%3,99%4,37%

Taux à début juin 2022. Données fournies par le comparateur de crédits à la consommation CheckmonCredit.fr

Des banques plus prudentes, mais ouvertes

Les raisons de ces hausses de taux sont connues. L'argent qu'elles prêtent, les banques l'empruntent elles-mêmes sur les marchés. Or le coût de ce refinancement augmente, et elles le répercutent.

Mais cette hausse est aussi la manifestation d'une prudence croissante des établissements de crédit spécialisés, qui cherchent à protéger leurs marges. La conjoncture économique particulièrement négative, et notamment la forte hausse des prix à la consommation, affecte, en effet, la situation financière des ménages, à commencer par les plus fragiles. Ces derniers sont ainsi tentés de se tourner vers les prêts personnels pour payer leurs factures ou boucler leurs fins de mois.

Résultat : des risques de défaut qui augmentent, et donc une vigilance accrue. Floa Bank, filiale spécialisée de BNP Paribas, a, par exemple, déjà annoncé son intention de renforcer ses conditions d'attribution dans les semaines à venir. « Nous n'avons pas vocation à renflouer les caisses des particuliers sans nous poser de question dans ce contexte exceptionnel », a expliqué Marc Lanvin, son directeur général adjoint, au quotidien Le Parisien.

Ce choix augure-t-il d'un resserrement plus large de l'octroi de nouveaux crédits ? Dans l'immédiat, Sergio Monteiro, de CheckmonCredit.fr, n'en détecte pas les signes avant-coureurs. Quels sont-ils ? « Les banques commencent par demander plus de justificatifs, par petites touches et sur certains profils », confirme ce fin observateur du marché. Le second levier pour limiter leurs risques consiste à limiter les durées maximum de remboursement, en les ramenant, par exemple, de 84 à 72 mois. « Si cela venait à se produire, ce serait un signe clair de tension. Mais je n'ai pas le sentiment que ce soit actuellement le cas », conclut Sergio Monteiro.

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