Les taux du marché interbancaire se sont rapprochés mardi de leurs plus bas niveaux historiques, un mouvement toujours soutenu par les prêts à trois ans de la Banque centrale européenne (BCE) ainsi que par les anticipations d'une nouvelle initiative de l'institut monétaire. Mais la baisse devrait bientôt s'interrompre.

Le principal taux du marché interbancaire en zone euro, l'Euribor à 3 mois, se situait mardi à 0,673%, non loin de son record absolu de 0,634%, enregistré le 31 mars 2010. Après avoir grimpé jusqu'à 1,592% fin octobre 2011, au faîte des tensions sur la zone euro et du mouvement de défiance vis-à-vis des banques européennes, l'indice a entamé une décrue progressive jusqu'à flirter avec son record.

L'Euribor à un mois a, lui, franchi mardi son plus bas niveau historique pour s'afficher à 0,386%. L'Euribor à 6 mois et à 9 mois n'étaient plus eux qu'à un point de base (0,01 point de pourcentage) de leur record.

« L'atterrissage est proche »

La baisse tend néanmoins à ralentir depuis plusieurs semaines. « Nous ne sommes déjà plus sur la belle décrue qu'on a connu entre janvier et mars », selon Patrick Jacq, stratégiste obligataire de BNP Paribas. Le mouvement avait alors été enclenché par la première opération de prêt à trois ans de la BCE, fin décembre, et avait ensuite été soutenu par la seconde, fin février. Les banques ont emprunté, sur ces deux opérations, 1.018 milliards d'euros à la BCE.

Pour autant, cette baisse « n'est pas liée à la perception d'un moindre risque » sur les banques européennes, observe un stratégiste obligataire, sous couvert d'anonymat. Seules les grandes banques se prêtent sur le marché interbancaire, et pour des montants restreints et des durées très courtes, selon plusieurs observateurs. D'autant que le nouveau cadre réglementaire dit Bâle III dissuade fortement les banques de se prêter entre elles, associant un risque accru à ces opérations.

L'effet des prêts à trois ans de la BCE se dissipant, les taux interbancaires continuent néanmoins à décroître légèrement du fait d'anticipations d'une action prochaine de la BCE, probablement une baisse des taux, selon un stratégiste obligataire sous couvert d'anonymat. Pour Patrick Jacq, le point d'atterrissage est proche et « il suffirait de peu de chose pour que les taux remontent ».