Le principal taux de référence du marché interbancaire en Europe, l'Euribor à échéance 3 mois, a connu une hausse pour la première fois depuis l'abaissement du taux directeur de la Banque centrale européenne (BCE), début juillet, signe d'une stabilisation de cet indicateur.

Lundi, l'Euribor à 3 mois a atteint 0,223%, contre 0,220% vendredi. Entre le 5 juillet, date du passage du principal taux directeur de la BCE de 1% à 0,75%, l'Euribor à 3 mois a reculé de près d'un demi-point de pourcentage (0,42). « Cela va être difficile d'aller beaucoup plus bas », a commenté René Defossez, stratégiste obligataire de Natixis, estimant « presque étonnant qu'on soit arrivé à ce niveau là ».

La forte baisse du principal taux de référence pour les prêts entre banques pourrait indiquer une normalisation des relations entre établissements européens mais, de l'avis général, ce n'est pas le cas. Le nouveau cadre réglementaire, dit Bâle III, dont le calibrage n'est pas encore finalisé, dissuade en l'état les banques de se prêter entre elles. Si, de l'aveu d'un dirigeant bancaire, le climat général s'est amélioré après les déclarations du président de la BCE, Mario Draghi, début août et début septembre, la contrainte de Bâle III demeure.

Dans l'enquête menée par la BCE auprès de 105 banques et dont les résultats ont été publiés vendredi, « les participants estiment que les conditions de la liquidité se sont détériorées » entre le deuxième trimestre 2011 et la même période de 2012. Toujours selon l'étude, les prêts ont diminué de 38% en un an pour les opérations en blanc (réalisées sans apporter d'actifs en garantie).

Pour M. Defossez, la légitimité de l'Euribor comme indicateur du marché interbancaire est aussi remise en question par les enquêtes en cours, qui visent à déterminer si ce taux et son cousin, le Libor (pour les banques de Londres au Royaume-Uni), ont fait l'objet de manipulations. Il estime ainsi que le témoin le plus légitime est davantage l'OIS (Overnight indexed swap), qui permet à une banque d'obtenir un taux fixe sur une durée allant jusqu'à un an. A la différence de l'Euribor, qui est construit sur une base déclarative (chaque banque soumet son taux), l'OIS est appuyé sur un ensemble de transactions effectivement réalisées, ce qui écarte toute manipulation. L'OIS à 3 mois affichait lundi 8 points de base (0,08%).