L'ancien président de Dexia, Pierre Richard, à l'origine de la création de la banque, a tenté de relativiser mardi la responsabilité de l'établissement dans les difficultés que connaissent certaines collectivités locales ayant souscrit des prêts structurés.

« Il faut vraiment prendre en compte ce qui s'est passé depuis 2008 sur la planète financière », a fait valoir Pierre Richard lors de son audition devant la commission d'enquête parlementaire sur les produits financiers à risque souscrits par les acteurs publics locaux. « Nous faisions des stress tests », des tests de résistance sur les prêts accordés aux collectivités, « avec des hypothèses défavorables, mais dans certains cas, la réalité a abouti à des choses qui dépassaient ces stress tests ».

« Bons pour l'économie »

Plusieurs collectivités locales françaises se sont retrouvées, depuis 2007, prisonnières de prêts à taux variable parfois adossés à des devises étrangères, notamment le franc suisse. Dans ce dernier cas, l'appréciation brutale de la devise helvétique par rapport à l'euro a fait bondir les taux de ces prêts.

Pierre Richard a rappelé que le taux moyen actuel des prêts accordés par Dexia aux collectivités « reste modéré ». Au total, malgré la crise, « les collectivités, en particulier les grandes, ont tiré bénéfice de ces produits structurés », soutient-il. « Les produits structurés ont été bons pour l'économie. Les grandes entreprises ne s'en sont jamais plaintes ».

Les arguments de l'ex-patron de Dexia ont été vivement critiqués par plusieurs membres de la commission, notamment le député UMP Henri Plagnol, qui les a jugés « pathétiques ». Le rapporteur Jean-Pierre Gorges (UMP) a lui estimé qu'« on ne (pouvait) pas accepter l'élément de la crise ». « Vous n'avez pas traité les collectivités comme des partenaires », a-t-il commenté, regrettant notamment que Dexia n'ait pas mis en place un mécanisme protecteur pour empêcher les taux des prêts structurés incriminés de s'envoler (procédé de « cap »).

« Fiers de notre rôle »

« Nous avons eu un comportement qui correspondait à notre éthique », a martelé le co-fondateur de Dexia, en 1996, débarqué en 2008 et dont la gestion a été mise en cause par l'actuelle équipe dirigeante de la banque en cours de démantèlement. « Les produits les plus toxiques, nous avons dissuadé les collectivités locales de les prendre », a-t-il assuré, mentionnant notamment les prêts dits « snowball », dont le taux est variable mais ne peut jamais baisser.

En outre, « nous nous interdisions un certain nombre de produits pour un certain nombre de collectivités que nous considérions comme pas assez armées pour traiter ce genre de produits », s'est défendu Pierre Richard. « Nous étions très fiers de ce rôle de banquier des collectivités, puisque c'etait vraiment l'objet de la création de Dexia, que l'on puisse constituer une banque européenne », a-t-il expliqué. « Nous pensions que nous pouvions constituer cette banque pour pouvoir être un banquier utile car au service des collectivités locales d'Europe ».