Les jeunes font leur grand retour en bourse. Mais comment la nouvelle génération se comporte-t-elle sur les marchés financiers ? Les jeunes sont-ils plutôt des traders ou des investisseurs ? Quels sont les secteurs dans lesquels ils investissent ? Pour mieux les comprendre, la rédaction de MoneyVox est allée à la rencontre des investisseurs de demain.

Coup de jeune pour les marchés financiers. Après avoir délaissé la bourse pendant près d'une décennie, les jeunes redécouvrent aujourd'hui les joies de l'investissement. En l'espace de quelques mois, la part des moins de 35 ans chez les détenteurs d'actions en direct a bondi de 11% à 18%. Dans le même temps, l'âge médian des investisseurs diminue de 58 à 46 ans. Un « rajeunissement significatif, » observe l'Autorité des marchés financiers (AMF).

Pour décrypter les comportements et les attentes de cette nouvelle génération d'investisseurs, la rédaction MoneyVox lançait il y a quelques semaines un appel à témoignages. Au total, plusieurs dizaines de jeunes, âgés de 18 à 35 ans, ont pris le temps de nous répondre. L'occasion de mieux comprendre leur vision de la bourse, et faire tomber quelques idées reçues.

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Idée reçue #1 : « c'est juste un effet de mode »

Pour commencer notre enquête, nous leur avons demandé pourquoi ils avaient choisi la bourse et, surtout, pourquoi maintenant ? Car pendant des années, les jeunes sont restés à l'écart des marchés financiers. En 2019, seuls 2,3% des 18-35 ans détenaient des actions, d'après les chiffres de l'AMF. Deux ans plus tard, ils sont 4,4%, soit presque deux fois plus.

« Ce qui m'a décidée, c'est la faible valorisation de certaines actions incontournables, comme Total ou Air Liquide, durant le krach Covid », témoigne Titif0u (27 ans) sur le forum MoneyVox. Comme elle, 150 000 nouveaux investisseurs ont profité de la baisse historique des cours en mars 2020 pour faire leurs premiers pas en bourse. « Toutes les conditions étaient réunies pour se lancer : un surplus d'épargne, du temps libre pour s'intéresser au fonctionnement des marchés, et un excellent point d'entrée », décrypte Aldo Sicurani, délégué général de la Fédération des Investisseurs Individuels et des Clubs d'investissement (F2iC). « Les sites de paris sportifs en ligne, dont les jeunes sont friands, étaient à l'arrêt, faute de matchs. Certains pensaient trouver une alternative », nous expliquait récemment Sébastien d'Ornano, président de Yomoni,

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Mais il serait faux de croire que l'intérêt des jeunes pour la bourse commence avec le Covid et se termine avec lui. « Certains disent que les jeunes se sont intéressés à la bourse juste pendant le confinement, c'est une erreur totale, nos chiffres le démontrent. Il s'agissait en fait du point de départ d'une tendance de fond », observe Marc Touati, économiste et président du cabinet ACDEFI. Pour beaucoup, la pandémie n'a été qu'un accélérateur. « J'ai débuté en 2019, avec un investissement de 1 500 euros sur la Française des Jeux. J'avais étudié le dossier et j'étais raisonnablement optimiste », se souvient Jean (34 ans). L'histoire lui a donné raison : un an après son introduction à la Bourse de Paris, le titre FDJ affichait une spectaculaire performance de +75%. « Galvanisé par ce premier succès, j'ai décidé de me diversifier, et la chute de mars 2020 a été une formidable opportunité, » complète Jean.

Aujourd'hui encore, l'attrait des jeunes pour la bourse reste fort : 27% des 18-34 ans auraient l'intention d'acheter des actions prochainement, d'après une étude du courtier Trade Republic. Quant aux raisons invoquées par les jeunes pour justifier leur envie d'investir sur les marchés, elles ressemblent, somme toute, à celles de leurs aînés. « J'étais à la recherche d'un moyen pour dynamiser mon épargne », indique Clément, déçu par la faible rentabilité des produits d'épargne réglementés. « Je voulais diversifier mes placements, mais aussi en apprendre davantage sur l'économie, la finance et la vie des entreprises », répond Titif0u.

Idée reçue #2 : « les jeunes aiment le risque »

Voilà pour le « pourquoi. » Mais qu'en est-il du « comment »? Une fois sur les marchés, les jeunes se comportent-ils différemment des investisseurs plus âgés ? Quels courtiers privilégient-ils ? Et quels risques sont-ils prêts à prendre ?

L'année 2021 a été marquée par la montée en puissance des neo-brokers, des courtiers nouvelle génération qui allient simplicité d'utilisation et frais réduits pour rendre l'investissement accessible au plus grand nombre. Entre 2018 et 2021, leur clientèle a été multipliée par 12. Et ces établissements font un carton auprès des jeunes. L'âge moyen de leur clientèle s'élève à 36,8 ans, contre 55,2 ans dans les banques classiques.

Bien sûr, tous les jeunes ne sont pas clients d'un neo-broker. Beaucoup ont opté pour une banque en ligne, à l'image de Florent, qui a ouvert son PEA chez Boursorama Banque. Lorsqu'on les interroge sur les critères de leur choix de courtier, c'est la tarification qui prime. « Avoir le PEA chez Boursorama permet aussi, à partir de 20 000 euros d'avoirs, de solliciter une avance sur titres pour emprunter jusqu'à la moitié de la valorisation du PEA au taux très faible de 0,5% », complète le jeune homme.

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La jeune clientèle des neo-brokers se distingue toutefois des clients (plus âgés) des banques traditionnelles par sa façon d'investir. Selon l'AMF, la fréquence des transactions est deux fois plus élevée chez les courtiers nouvelle génération. Leur montant, en revanche, est quatre fois plus plus faible : 680 euros en moyenne, contre 2 680 euros dans une banque traditionnelle.

Transactions rapides, petits montants... Les jeunes seraient-ils plutôt des traders que des investisseurs ? Pas nécessairement, répond Aldo Sicurani. « Il y a un attrait chez certains jeunes lorsqu'ils débutent pour la spéculation et les cryptos. Mais cela ne dure qu'un temps et la plupart finissent par comprendre qu'investir progressivement et dans la durée est l'une des meilleures stratégies pour générer un bon rendement tout en limitant les risques ».

Loin de l'image de « tête brûlée » qu'on leur prête souvent, les jeunes privilégient, selon l'étude de Trade Republic, la rentabilité à long terme (72%) plutôt qu'à court terme (53%). « J'ai une stratégie d'investissement sur le long terme », confirme Titif0u. « Investir sur 10 ou 20 ans est la meilleure chose à faire, même si cela peut paraître paradoxal quand on est jeune, qu'on ignore de quoi demain sera fait, et qu'on vit dans une société de l'immédiateté ».

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Idée reçue #3 : « les jeunes investissent dans des actifs responsables »

On présente souvent les jeunes comme une génération engagée. Mais cela se ressent-il dans leurs investissements ? Oui et non. Selon le sondage réalisé par Trade Republic, 61% des 18-34 ans indiquent que le « sens » de leur investissement est un critère important. Ils sont également 55% à se montrer attentifs à l'impact environnemental des entreprises qu'ils financent.

« Les jeunes compartimentent moins les différentes dimensions de leur vie », décrypte Mickaël Mangot, auteur de L'Empire du sens, pour Le Monde. « Leurs parents travaillaient et investissaient pour gagner de l'argent et faisaient des dons ou du bénévolat pour faire le bien ; eux sont nombreux à vouloir intégrer leurs exigences éthiques dans tous leurs actes ».

Enfin ça, c'est la théorie. Car, comme chez leurs aînés, on observe parfois des incohérences entre le discours des jeunes et la réalité de leurs investissements. « La nouvelle génération est un peu plus sensible aux dimensions sociale et environnementale que les actionnaires âgés. Mais le premier critère de choix reste avant tout le rendement », relève Aldo Sicurani. Sauver le monde, d'accord. Mais seulement si ça rapporte.

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Bien sûr, il y a toujours des exceptions. Et si elle n'est pas systématiquement en tête de liste, la question du « sens » fait bel et bien partie des critères de choix des jeunes générations. « J'ai investi 95% de mes fonds sur le marché français par conviction bleu-blanc-rouge avant même de chercher du rendement », explique Maxime (27 ans).

Plus que les entreprises « vertes », ce sont les entreprises innovantes qui recueillent les bonnes grâces des jeunes. Le courtier Bux a récemment publié les 15 actions les plus populaires sur son application BUX Zero. Parmi les lauréats, on retrouve les entreprises Apple ou encore Tesla. « Les jeunes apprécient les nouvelles technologies, notamment parce qu'ils comprennent bien leur fonctionnement et le potentiel qui en découle », commente Aldo Sicurani.

Pour diversifier leur portefeuille à moindre frais, ils sont également nombreux à privilégier les ETF (ou trackers), des instruments financiers qui répliquent les variations d'un indice, comme le CAC40. « Je privilégie les ETF, qui demandent moins d'investissement personnel que le stock picking, ont l'avantage d'être simples, avec peu de frais, diversifiés en termes de nombre d'entreprises et performants », détaille Florent59.

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