Oubliées les complexes comparaisons des produits d’épargne en fonction de leur imposition ! L’entrée en vigueur de la flat tax a modifié les rapports de force. Tour d’horizon des placements sans risque avec cette nouvelle donne.

Vous êtes en début de carrière, vos revenus progressent doucement et vous commencez à épargner à moyen ou long terme ? Si, comme bon nombre d’épargnants français, votre principal critère de choix est la sécurité du placement, alors oubliez tous les conseils répétés ces dernières années ! L’entrée en vigueur de la flat tax en janvier 2018 a totalement rebattu les cartes.

Pour la grande majorité des placements, la fiscalité est rigoureusement la même : 12,80% d’impôt sur le revenu + 17,20% de cotisations sociales, soit un prélèvement global de 30% sur les intérêts des différents placements. Une imposition forfaitaire intéressante pour la plupart des contribuables, sauf pour les non imposables qui devront privilégier l’imposition de droit commun, en optant pour le barème progressif au moment de la déclaration. Autrement dit : vous pouvez mettre de côté la question de la fiscalité pour vous concentrer sur les qualités propres à chaque produit.

Plus d’infos sur le prélèvement forfaitaire unique (PFU), ou flat tax

1 – Assurance-vie

Fiscalité. Le fameux « avez-vous pensé à prendre date ? » n’a (presque) plus lieu d’être. Pour un contrat d’assurance-vie ouvert en 2018, les règles fiscales sont simples : 12,80% d’impôt sur le revenu, payé à chaque retrait sur les gains réalisés grâce à votre épargne, avant 8 ans de détention. Passé le 8e anniversaire du contrat, la fiscalité devient plus avantageuse : vous profitez du traditionnel abattement annuel de 4 600 euros pour une personne seule, 9 200 euros pour un couple. Des seuils qui concernent, rappelons-le, uniquement la part de gains dans le retrait, et non l’ensemble de la somme retirée. Bref, après 8 ans, les retraits sur les plus « petits » contrats ne seront pas imposés ! Au-delà de ces seuils, un taux réduit de 7,50% d'impôt s’applique (ou 12,80% pour les contribuables disposant de plus de 150 000 euros en assurance-vie).

Points forts. Dans la famille des placements sécurisés, les fonds en euros de l’assurance-vie présentent actuellement les rendements les plus alléchants. En se limitant aux fonds les plus accessibles, les « bons » rendements servis en 2017 naviguent à 2% ou plus, y compris sur les contrats sans frais d’entrée. Soit 1,40% net après application de la flat tax : mieux que n’importe quel autre produit à capital garanti à ce jour ! L’assurance-vie a aussi l’avantage de la souplesse : elle permet de tester des supports plus risqués (les fonds en unités de compte) en restant dans la même enveloppe fiscale.

Points faibles. Pléthore de contrats coexistent sur le marché. Certains, en particulier ceux proposés par les banques traditionnelles, font l’objet de frais multiples. Et l’aspect « couteau suisse » du produit peut le rendre complexe pour un novice.

Ce qu'il faut retenir sur l'assurance-vie

L’assurance-vie apparaît assez clairement comme le produit gagnant de la nouvelle donne fiscale. Utilisée de façon sécurisée, donc investie à 100% sur les fonds en euros, l'assurance-vie rapporte plus que le PEL, les livrets, etc. A privilégier, donc, pour une épargne à moyen ou long terme, au-delà de l'épargne de précaution.

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2 – Plan épargne logement

Fiscalité. Un PEL ouvert en 2018 est logé à la même enseigne que la plupart des placements : la flat tax est prélevée à la source, sur les intérêts versés chaque année.

Points forts. Epargne régulière (45 euros minimum par mois), pécule bloqué pendant plusieurs années, possibilité de profiter d’un prêt épargne logement à terme : ces caractéristiques peuvent encore séduire certains, pour l’aspect épargne-projet du PEL ou pour sécuriser l’épargne d’un enfant.

Points faibles. Avec un taux contractuel de 1%, la rémunération annuelle du PEL ressort à 0,70% net de cotisations sociales et fiscales. Faible compte tenu des contraintes du produit en comparaison du 0,75% net d’impôt du Livret A. Et les « nouveaux PEL » ne permettent plus de toucher la prime d’Etat en cas de prêt épargne-logement.

Ce qu'il faut retenir sur le PEL

Le Plan épargne logement est le grand perdant de l’année 2018. Désormais imposé dès sa première année de détention, il n’offre que peu d’avantages. Trop peu pour justifier de bloquer son épargne pendant 2 à 3 ans minimum.

Plus d'infos sur le Plan épargne logement

3 – Livrets bancaires

Fiscalité. Les intérêts des livrets classiques sont eux aussi soumis à la flat tax. Comme ces dernières années, la demande de dispense de prélèvement reste envisageable pour les ménages les moins imposés afin d’éviter les 12,80% d’impôt sur le revenu au moment du versement des intérêts, mais l’impôt devra dans tous les cas être régularisé suite à la déclaration annuelle.

Points forts. Oubliée « l’option à 24% » accessible sous condition : la fiscalité des livrets bancaires gagne en simplicité et en lisibilité avec la flat tax. Les taux promotionnels, généralement dédiés aux nouveaux souscripteurs et pour une période limitée, redeviennent attractifs : avec la flat tax, du 2% (taux boosté le plus courant actuellement) rapporte 1,40% net d’impôt.

Points faibles. Le taux de base, c’est-à-dire la rémunération servie une fois la période promotionnelle terminée, reste extrêmement bas. Seuls les livrets Zesto et Distingo font exception et proposent du 1% brut. Dans les grands réseaux bancaires, le taux moyen des livrets plafonne désormais à 0,14% selon le baromètre cBanque.

Ce qu'il faut retenir sur les livrets bancaires

Avec la flat tax, certains « livrets B » redeviennent compétitifs, les taux promo étant actuellement comparables au niveau de rémunération des fonds en euros d’assurance-vie. Mais la faiblesse des taux de base n’incite pas à la détention longue.

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4 – Livret A, LDDS, LEP et Livret Jeune

Fiscalité. Les livrets d’épargne réglementée ont été préservés. Leurs intérêts restent entièrement défiscalisés : ni impôt sur le revenu ni cotisations sociales et donc pas de flat tax !

Points forts. Une épargne disponible à tout moment et, donc, une rémunération entièrement défiscalisée. A ce jour, les taux demeurent élevés par rapport aux rendements pratiqués sur les autres produits liquides : 0,75% sur le Livret A et le LDDS, 1,25% pour le Livret d’épargne populaire (LEP) et de 1% à 2% voire plus sur le Livret Jeune.

Points faibles. Les rémunérations élevées servies sur les livrets réglementés font figure d’anomalie vis-à-vis des livrets classiques, même si le Livret A ne préserve désormais plus votre épargne de l’inflation (1,3% annuel en mars 2018). Le gouvernement prévoit par conséquent de modifier une nouvelle fois la formule du Livret A, avec un taux plancher à 0,50%. En outre, les dépôts sur ces livrets restent plafonnés : 22 950 euros pour le Livret A, 12 000 pour le LDDS, 7 700 pour le LEP et 1 600 pour le Livret Jeune.

Ce qu'il faut retenir sur les livrets réglementés

Accessible à tous pour le Livret A, sous certaines conditions pour les autres, les livrets réglementés affichent une rémunération honorable par rapport à la concurrence. Le livret d'épargne réglementée reste un support idéal pour l’épargne de précaution. Il est donc conseillé, dans l'idéal, d’y conserver 2 à 4 mois de revenus et de placer le surplus sur des produits plus rémunérateurs, comme l’assurance-vie.

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