Face aux besoins de « financements massifs » de l'Europe pour sa transition énergétique et numérique, Bruno Le Maire appelle jeudi à la création d'un produit d'épargne européen et plaide pour l'« urgence » de relancer l'union des marchés de capitaux (UMC).

« Mon premier objectif, d'ici 2027, est que nous soyons en mesure de proposer un produit d'épargne européen, avec les mêmes règles et la même fiscalité proposées à l'ensemble des citoyens européens », a déclaré Bruno Le Maire dans un discours à Bercy. Le ministre de l'Economie français s'exprimait en amont de la présentation des conclusions de la « mission Noyer », du nom du gouverneur honoraire de la Banque de France Christian Noyer, chargé par Bercy de chapeauter les travaux et d'établir des recommandations pour relancer l'UMC.

La « mission Noyer » souligne que l'Union européenne « devra investir massivement d'ici 2030 » : assurer la transition énergétique de l'UE nécessiterait près 700 milliards d'euros par an et la transition numérique 125 milliards d'euros. Or l'épargne européenne « constitue un gisement de 35 000 milliards d'euros » qui pourrait contribuer au financement des projets européens.

C'est de l'argent « qui dort sur des comptes bancaires et qui ne sert à rien alors que nous avons besoin de financement », a plaidé Bruno Le Maire. Cette épargne, bien qu'« abondante » est par ailleurs trop exportée hors de l'Union, a encore relevé le ministre de l'Economie.

Ce produit d'épargne européen est l'une des quatre recommandations issues du rapport de la mission Noyer, rédigés par des acteurs du secteur privé et public. Ce produit d'épargne serait labellisé et majoritairement fléché vers l'économie européenne. Il devrait aussi être réservé à des investissements de long terme et resterait bloqué jusqu'à la retraite, sauf « événements majeurs de la vie ».

Autre préconisation de la mission : « relancer le marché de la titrisation », cette technique financière, qui consiste à transformer des dettes détenues par une entreprise ou une banque en titres financiers plus facilement échangeables. « La titrisation, pour faire simple, c'est la transformation de créances en produit uniforme attractif pour les marchés », a résumé Bruno Le Maire.

Enfin, les auteurs du rapport suggèrent que l'ESMA, l'Autorité européenne des marchés financiers, devienne le « superviseur des superviseur », pour concurrencer la SEC, le régulateur des marchés financiers américains.

« Si tout le monde ne veut pas avancer, nous avancerons à quelques-uns », prévient Bruno Le Maire. « Je ne laisserai pas quelques Etats prendre en otage l'Union des marchés de capitaux », a-t-il conclu, alors que ce projet peine à voir le jour depuis des années faute d'une vision commune notamment à la France et l'Allemagne.