La SEC, organisme de règlementation américain, a validé la semaine dernière 11 ETF bitcoin proposés par des sociétés de gestion d'actifs, parmi lesquelles le géant BlackRock. Si les épargnants français ne peuvent pas encore acheter ces produits financiers, des moyens existent pour profiter de cette nouveauté.
C'est une nouvelle attendue, mais qui n'a pas manqué de faire du bruit dans l'univers des cryptomonnaies. Depuis le jeudi 10 janvier 2024, les investisseurs américains peuvent s'exposer au bitcoin en passant par de simples comptes-titres auprès de leurs banques ou sociétés d'investissement, grâce aux ETF (pour Exchange Traded Funds, NDLR). Les ETF, ou trackers, sont des fonds d'investissement dont le seul objectif est de répliquer les performances d'un actif boursier ou d'un panier d'actifs.
La US Securities and Exchange Commission (SEC), organisme de réglementation et de contrôle des marchés financiers américains, a ainsi validé les 11 ETF Spot bitcoin suivants : VanEck, Bitwise, Fidelity, Franklin, Valkyrie, Hashdex, ArkInvest, Grayscale, BlackRock, WisdomTree, Invesco, Galaxy. Il est à noter qu'en s'exposant avec les ETF bitcoin, les clients ne disposent pas eux-mêmes des bitcoins. Ce sont les sociétés de gestion d'actifs qui le détiennent dans un wallet, un portefeuille, tandis que les clients ne disposent que d'un produit qui représente la valeur du bitcoin.
Vers une adoption de masse grâce aux ETF ?
Un produit déjà disponible en Europe depuis quelques années, comme l'explique Thomas Romain, directeur commercial de Bitpanda : « Il y a déjà des produits assez similaires à l'ETF bitcoin sous la forme d'ETC (pour Exchange Traded Commodities). Mais les ETC sont des produits très confidentiels, tandis que les ETF vont toucher beaucoup plus de personnes aux États-Unis, avec des frais beaucoup moins élevés. De plus, les sociétés de gestion qui les proposent sont énormes. L'impact peut donc être majeur pour l'industrie, car cela va ouvrir les portes de l'adoption de masse. »
De l'avis de nombreux professionnels du secteur, l'arrivée de ces ETF va en effet permettre aux gens de se rendre compte que le bitcoin peut permettre de diversifier son épargne, au même titre que d'autres investissements déjà solidement implantés. Le départ est en tout cas réussi puisque selon Jag Kooner, responsable des produits dérivés de Bitfinex cité par le média journalducoin.com, « les ETF bitcoin au comptant ont dépassé les ETF sur l'argent aux États-Unis, avec 12 milliards pour ceux liés au BTC et environ 11,5 pour ceux liés au métal gris. »
Souci, les investisseurs français ne peuvent pas, à ce jour, profiter des ETF bitcoin. Comme l'explique le média spécialisé The Big Whale, « contrairement aux États-Unis, il n'est pas possible de proposer en Europe un ETF reproduisant les performances d'un seul actif pour des questions de protection de l'investisseur ». Pour détenir du bitcoin, un investisseur français doit donc passer par les rares sociétés proposant des ETC, à l'image du courtier Saxo Bank, ou par une plateforme et détenir lui-même ses actifs sur un portefeuille.
Une adoption, mais un prix qui chute
L'adoption de masse pourrait également avoir un impact sur le prix. Car le bitcoin est une ressource limitée, éditée à 21 millions d'unités. « Sa valeur s'apprécie en fonction de l'offre et de la demande, poursuit Thomas Romain. Le fait que des gros investisseurs comme BlackRock rentrent dans la partie va forcément influer sur la demande. En effet, en proposant ces ETF, les compagnies sont obligées de détenir elles-mêmes du bitcoin à hauteur de ce que les gens investissent. »
Il est cependant à noter que depuis l'annonce de l'acception des ETF bitcoin par la SEC, le prix du principal cryptoactif n'a pas flambé, perdant même de sa superbe en passant de 46 000 à 39 925 dollars entre le 11 et le 24 janvier. Les investisseurs chevronnés ont « acheté la rumeur » et « vendent désormais la nouvelle » : selon certains observateurs, le cours du bitcoin pourrait donc ne pas flamber en 2024, contrairement à ce que prédisent d'autres acteurs du milieu.
Pas de quoi entamer la confiance de Thomas Romain, pour qui la validation de ces ETF bitcoin n'est que le premier pas : « Je pense que les institutionnels vont dans le futur lancer d'autres produits similaires sur d'autres cryptoactifs. C'est un produit que les gens veulent, et si les gens le veulent alors il y a un produit à créer et à vendre ». Un avis partagé par la banque américaine Morgan Stanley, pour qui la validation des ETF bitcoin par la SEC pourrait à l'avenir déboucher sur la validation d'autres ETF similaires.
