Fin de l'inflation galopante, croissance en berne, incertitudes géopolitiques... Voici ce que vous réserve l'année 2024 sur les marchés financiers selon les prévisions de trois analystes, ainsi que leurs conseils pour protéger votre épargne.

Sur le papier, l'année 2023 semblait mal engagée pour les marchés financiers, avec une inflation historiquement élevée, des hausses de taux à répétition, une croissance chinoise au point mort, et l'enlisement du conflit en Ukraine.

« La plupart des investisseurs s'attendaient à une récession généralisée », confirme Antoine Fraysse-Soulier, analyste marché pour le courtier eToro. Mais l'économie a (un peu) mieux résisté que prévu, avec une croissance mondiale estimée à 3%, selon les prévisions de l'OCDE.

Résultat : le CAC40, indice vedette de la place parisienne, a clôturé l'année en hausse de 16,5% à 7 543,18 points, sa troisième meilleure performance sur les dix dernières années grâce notamment au reflux de l'inflation. Tandis que le S&P500, qui regroupe les 500 plus grandes valeurs américaines, a flambé de 24,2% en 2023.

Ces hausses vont-elles se poursuivre en 2024 ? Rien n'est moins sûr. « Au vu des nombreux dossiers en cours, l'année risque d'être marquée par une volatilité élevée », estime Dorian Abadie, analyste OPCVM et Bourse chez Meilleurtaux Placement. Depuis le 1er janvier, le CAC 40 a perdu près de 2%.

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Chute de l'inflation

L'attention des investisseurs se portera notamment sur les taux directeurs de la BCE et de la Fed, alors que l'inflation montre des signes de ralentissement. Elle devrait revenir de 5,4% en 2023 à 2,7% en 2024 dans la zone euro, selon les projections de la BCE. L'inflation serait de 2,1% en 2025, pour atteindre 1,9% en 2026.

« L'inflation se rapproche de la cible des banquiers centraux, qui souhaitent la maintenir autour de 2%, si bien que le consensus table désormais sur deux baisses de taux en 2024, dont une première baisse attendue dès l'été prochain », indique Antoine Fraysse-Soulier.

Toutefois, rien n'est joué. « Une croissance économique solide au début de l'année obligera le marché à repousser son estimation actuelle selon laquelle les réductions de la Fed commenceront au deuxième trimestre », note David Kostin, stratège chez Goldman Sachs.

Sa prédiction pour 2024 ? Un marché « plat » sur le premier semestre de l'année et des gains qui se concentreront sur le second semestre, lorsque le brouillard concernant l'évolution des taux directeurs de la Fed et les élections américaines sera levé.

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Incertitude géopolitique

C'est d'ailleurs l'une des thématiques à surveiller en 2024 : plus de la moitié de la population mondiale (51%) sera appelée aux urnes l'an prochain, avec des élections prévues dans 76 pays, parmi lesquels les États-Unis, l'Inde, le Mexique ou encore la Russie.

De quoi entretenir un climat d'incertitude, notamment aux États-Unis, où Trump se porte candidat pour un nouveau mandat et serait pour l'instant donné gagnant par les sondages dans cinq des six Etats les plus disputés, selon le New York Times.

Autre source de volatilité sur les marchés : la situation géopolitique mondiale. « Si un cessez-le-feu pouvait être acté entre la Russie et l'Ukraine, cela serait bien évidemment bénéfique pour les marchés, notamment en Europe », décrypte Dorian Abadie.

La guerre entre Israël et le Hamas figure également parmi les dossiers à suivre. « Pour l'instant, ce conflit a peu impacté les marchés, mais la situation pourrait se détériorer si la région s'embrase », note Antoine Fraysse-Soulier.

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Panne des bénéfices

Les résultats des entreprises seront également scrutés de près. « Au troisième trimestre 2023, 75% des boîtes du CAC40 ont publié des résultats supérieurs aux attentes et les bénéfices des firmes américaines ont progressé de 10% », précise Antoine Fraysse-Soulier.

« Jusqu'à présent, la plupart des industries ont réussi à répercuter la hausse des coûts sur leurs prix. Certaines ont même profité de la situation pour augmenter leurs marges, c'est-ce qu'on appelle la greedflation », explique Dorian Abadie.

Toutefois, cet effet « pricing » atteint aujourd'hui ses limites. « Les hausses de prix ne peuvent pas se poursuivre indéfiniment. L'impact sur la consommation des ménages commence à se faire sentir, ce qui risque de plomber la prochaine saison des résultats », complète Antoine Fraysse-Soulier.

Le cours de Worldline, le géant européen des paiements, a par exemple chuté de 60% en octobre après que l'entreprise a revu ses objectifs financiers à la baisse, invoquant « la conjoncture mondiale (qui) a commencé à se détériorer, en particulier en Allemagne ».

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Risque de récession

Car c'est un fait. Après avoir été la locomotive de la croissance européenne pendant plusieurs années, l'Allemagnene devrait pas échapper à la récession en 2024. Quant au PIB français, il devrait croître d'à peine 0,9% sur cette période, selon la Banque de France.

« Pour l'instant, le scénario privilégié est toujours celui d'un soft landing (atterrissage en douceur ndlr), explique Dorian Abadie. Toutefois, il faut 12 à 18 mois pour que la hausse des taux infuse dans l'économie ». L'activité risque par conséquent de poursuivre son « grand ralentissement ».

Le Vieux Continent n'est pas la seule zone en difficulté. La Chine est toujours embourbée dans une crise immobilière majeure, notamment suite aux difficultés du géant Evergrande, qui affiche des pertes estimées à 328 milliards de dollars.

Autres signaux d'alarme : les exportations sont en baisse et la croissance du pays pourrait ralentir à 4,5% en 2024, selon les économistes.

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Stratégies gagnantes

Alors quelles stratégies privilégier en 2024 ? « Pour contrer la forte volatilité des marchés en période d'incertitude, le plus sûr consiste à programmer des virements récurrents pour lisser son point d'entrée et miser sur le long terme », recommande Dorian Abadie.

Pour cela, vous pouvez sélectionner des ETF, c'est-à-dire des fonds conçus pour répliquer les performances d'un indice ou d'un panier d'actions, comme le MSCI World ou le S&P500, afin de diversifier votre portefeuille et de minimiser vos risques de perte en capital.

Autre option : les investisseurs peuvent se tourner vers les valeurs défensives, moins sensibles aux soubresauts de l'économie et qui regroupent notamment les entreprises du secteur des télécoms, de la santé, ou encore de l'énergie.

« Les actions qui versent un dividende important, comme Air Liquide, Total, ou Bouygues peuvent également s'avérer intéressantes pour les investisseurs en quête de stabilité pour l'année 2024 », complète Dorian Abadie.

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