Depuis plus de deux ans, la rémunération des livrets d’épargne fiscalisés ne cesse de diminuer. Le phénomène touche également les offres promotionnelles des « super-livrets » distribués par les banques en ligne, qui n’atteignent plus que rarement les 5%.

Jusqu’où descendra la rémunération des livrets d’épargne fiscalisés ? Mois après mois, les banques françaises ne cessent de réduire la rémunération de leurs comptes épargne maison, sans qu’on aperçoive encore le bout du tunnel. Ce repli général est particulièrement sensible depuis l’été 2013, lorsque le Livret A avait été ramené de 1,75% à 1,25% net, plus faible taux historique du produit, entraînant une impressionnante série de révisions de taux. Mais la baisse du Livret A n’explique pas tout.

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Le mouvement, en effet, est plus ancien. Selon nos calculs, effectués à partir d’un panel de treize livrets d’épargne du marché (1), le taux de base moyen était de 1,85% brut au 1er mars 2012. Un an plus tard, alors que le taux du Livret A venait d’être ramené, au 1er février, de 2,25% à 1,75% net, il avait déjà perdu 0,4 point, à 1,45%. Au 1er mars 2014, il se situe désormais à 1,20%. Et il passe même sous le seuil des 1%, à 0,85%, si l’on exclut du panel les banques 100% en ligne.

Plus que le taux du Livret A, stabilisé depuis le 1er août 2013 grâce aux coups de pouce répétés du gouvernement, ce sont donc les fondamentaux du marché qui sont en cause, et notamment le contexte général de taux bas, conséquence de la stratégie de relance de la Banque centrale européenne.

5%, un plafond pour les taux boostés

La tendance touche également, logiquement, le marché spécifique des « super-livrets ». Les efforts que les banques en ligne consentent pour booster la rémunération de ces comptes, utilisés comme produits d’appel, ont en effet leurs limites. Depuis 2012, leur rémunération moyenne a baissé dans des proportions comparables à celle des livrets classiques. Et ce malgré un surcroît de concurrence, avec l’arrivée de nouveaux acteurs, comme RCI Banque ou PSA Banque.

De 1,85% en moyenne au 1er mars 2012, le taux moyen est passé à 1,45% en 2012 et à 1,20% aujourd’hui. Sur la dernière année, Monabanq, filiale du Crédit Mutuel-CIC, est ainsi la seule enseigne à avoir - légèrement - relevé son taux de base (de 1,4% à 1,5% brut), à la faveur d’une évolution des règles de rémunération : d’un système progressif, par paliers, la filiale du Crédit Mutuel-CIC est revenue à un fonctionnement classique, avec un taux unique quel que soit l’encours.

Plus ennuyeux pour les épargnants, le constat de baisse vaut également pour les promotions de bienvenue, destinées aux nouveaux clients. Fut en effet un temps où ces taux boostés se situaient, tous ou presque, au-dessus de la barre des 5% brut, généralement pour une durée limitée de trois mois. Mais aujourd’hui, ce plancher est devenu un plafond. Seul le Livret Distingo de PSA Banque l’atteint. Le Livret Zesto de RCI Banque en reste de son côté à 4,5% brut pendant 4 mois, le Livret BforBank à 4% pendant 4 mois et le Livret Epargne Orange d’ING Direct à 4% pendant 3 mois. Depuis peu, un autre acteur-clé du marché des banques en ligne, Fortuneo, affiche même un nouveau palier à la baisse : 2,50% brut sur un an, à comparer aux 3,10% brut du Compte Epargne Cetelem, autre adepte de cette durée de promotion.

(1) Les produits du panel : Livret Axa Banque, Livret BforBank, CSL BNP Paribas, CESL CIC, Livret + Fortuneo, CSL Crédit Agricole, Livret Epargne Orange ING Direct, CSL La Banque Postale, Livret LCL Plus, Livret d’épargne Monabanq, Livret Distingo PSA Banque, Livret Zesto RCI Banque, Livret Epargne Plus Société Générale. Nous n’avons pas retenu les produits de la Banque Populaire, de la Caisse d’Epargne et du Crédit Mutuel, dont les taux varient selon les régions.