L'inflation recule depuis plusieurs mois, mais elle n'a pas encore disparu. Voici 7 placements pour protéger votre épargne contre la hausse du coût de la vie en 2024.

Depuis quelques mois, l'inflation marque (enfin) le pas. Après un pic à 7,3% en février 2023, la flambée des prix a ralenti à 3,7% en décembre dernier. Et sauf événement exceptionnel, cette baisse devrait se poursuivre en 2024.

Selon les dernières projections de l'Insee, la hausse des prix devrait ralentir à 2,6% en juin 2024 sur un an. De son côté, la Banque de France a prévu que l'inflation s'établirait à 2,5% en 2024 après une moyenne de 5,7% en 2023.

Toutefois, d'autres experts se montrent moins optimistes. C'est notamment le cas de Patrick Artus, conseiller économique de Natixis, pour qui l'inflation devrait s'établir à 3,4% de moyenne annuelle, comme le rapportent nos confères des Echos.

Si ces prévisions se confirment, certains placements risquent à nouveau d'afficher un taux réel négatif en 2024. Autrement dit, les rendements nets de fiscalité de ces supports ne seront pas assez élevés pour vous protéger contre la montée des prix.

On peut par exemple citer le Plan d'épargne logement, dont la rémunération a pourtant augmenté de 0,25 point au 1er janvier 2024. Car malgré cette revalorisation, les PEL ouverts en 2024 ne rapporteront que 2,25% (bruts). Soit nettement moins que l'inflation.

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À l'inverse, d'autres placements sont capables de battre l'inflation. Ces supports d'épargne rapportent (au moins) 3% et devraient par conséquent vous permettre de protéger votre pouvoir d'achat, voire de l'améliorer en dépit de la hausse des prix.

1. Le Livret d'épargne populaire (LEP)

Zéro frais. Zéro fiscalité. Zéro risque. Et zéro délai pour accéder à vos fonds. Sur papier, le LEP a vraiment tout pour plaire. Mais si ce livret fait beaucoup parler de lui en ce moment, c'est surtout à cause de son rendement élevé.

Et pour cause : le LEP rapporte 6% par an, soit deux fois plus que le Livret A. Mais plus pour longtemps. Car le taux d'intérêt de ce livret est révisé une fois par semestre à partir de l'inflation mensuelle moyenne observée au cours des 6 derniers mois.

Or, puisque l'inflation a baissé au cours des mois précédents, le taux du LEP devrait diminuer également pour repasser à 4,1% (nets) à partir du 1er février. Malgré ce léger recul, le LEP reste à ce jour le produit d'épargne sans risque le plus rentable. Et de loin.

Depuis le 1er octobre, le plafond de ce livret réglementé a été remonté à 10 000 euros (contre 7 700 euros auparavant). Toutefois, pour être éligible, votre revenu fiscal de référence (RFR) ne doit pas dépasser 22 419 euros pour une personne seule.

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Et le Livret A, dans tout ça ?

En 2023, le Livret A et le LDDS vous ont fait perdre du pouvoir d'achat. Car leur taux est passé à 3% le 1er février 2023. Pas de quoi couvrir l'inflation, qui aurait atteint 4,9% en moyenne annuelle sur cette période, selon les dernières estimations de l'Insee.

Le rendement réel du livret d'épargne préféré des Français pourrait toutefois repasser dans le vert pour la première fois depuis 2020, car son taux est bloqué à 3% jusqu'au 1er février 2025, tandis que l'inflation est attendue entre 2,5% et 3,4% pour 2024.

Les livrets bancaires, en revanche, devrait toujours proposer un rendement réel négatif en 2024, en dépit de taux promotionnels allant jusqu'à 5,5% pendant 3 mois, notamment parce que les intérêts générés par ces livrets sont soumis à la flat tax de 30%.

2. Les produits structurés

Après plusieurs années dans l'ombre, les produits structurés, aussi appelés fonds à formule, font aujourd'hui leur grand retour. Et pour cause : ces fonds proposent – sous conditions – des rendements pouvant s'échelonner de 5 à 12% par an.

Autre point fort de ce placement : « Les produits structurés offrent à l'épargnant une garantie en capital, qui peut être totale ou partielle, selon les cas », explique Stéphane van Huffel, cofondateur de la plateforme Netinvestissement.

Le fonds M Rendement 11, par exemple, vous offre un rendement de 7,5% par an pour une durée de 1 à 10 ans. Il se base sur l'indice Edge ESG Transatlantic SDG 50 EW Decrement 50 Points GTR Series 2® calculé dividendes bruts réinvestis et diminué de 50 points par an.

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Si ce dernier ne chute pas de plus de 10% par rapport à son niveau initial, vous touchez un coupon de 7,5% par an. En revanche, si l'indice enregistre une baisse de 10 à 50%, vous ne gagnez rien, mais vous récupérez votre mise de départ.

Et si la baisse dépasse 50% ? Dans ce cas, vous perdez l'équivalent de la chute de l'indice. La prudence reste par conséquent de mise. Surtout que ce placement s'accompagne d'un risque de liquidité, puisque votre épargne est immobilisée pendant toute la durée de vie du fonds.

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3. Les fonds euros

Après une longue descente aux enfers, les taux de l'assurance vie repartent dans la bonne direction. Les rendements moyen des fonds euros devraient grimper de 1,91% en 2022 à 2,5% en 2023, avec quelques pépites attendues à 4% voire même 4,5%.

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Parmi les contrats qui devraient surperformer l'inflation, on peut d'ores et déjà nommer Garance, qui sert une rémunération de 3,5% nets de frais de gestion. Après cotisations sociales, la rémunération nette de l'année 2023 sera donc de quasi 2,9%.

Les autres assureurs devraient dévoiler leurs nouveaux taux au cours des prochains jours.

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4. L'immobilier locatif

L'année 2023 a été mouvementée pour la pierre-papier. Plus d'une quinzaine de sociétés civiles de placement immobilier (SCPI) – représentant plus de 30% du marché en termes de capitalisation – ont baissé le prix de leurs parts.

Car pour rappel, le prix des parts d'une SCPI doit correspondre à plus ou moins 10% de la valeur de reconstitution du portefeuille si tous les biens qu'elle détient devaient être vendus. Or, le secteur immobilier a connu de fortes turbulences en 2023.

Dans le détail, les prix ont dégringolé de 17% dans le secteur des bureaux et de la logistique et 12% pour les centres commerciaux, selon les experts de Natixis, ce qui a mécaniquement fait baisser la valorisation de la plupart des SCPI.

Toutefois, la pierre-papier conserve une partie de son attrait en 2024, avec des rendements attendus à 7% chez Iroko Zen, et 7,5% chez Remake Live. D'autant que les loyers perçus par ces sociétés sont indexés sur des indices qui prennent en compte l'inflation.

Autrement dit, si le coût de la vie augmente, les revenus issus de vos SCPI progressent également. Du moins, en théorie, puisque ce mécanisme n'est pas infaillible, notamment si l'Etat intervient pour plafonner les loyers, comme c'est le cas depuis le premier semestre 2023 jusqu'au 31 mars 2024.

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5. Les obligations indexées sur l'inflation (OII)

C'est un placement plus confidentiel. Pourtant difficile de ne pas vous parler des obligations indexées sur l'inflation (OII) tant elles sont adaptées à la situation. Ces titres de créance s'adressent aux investisseurs qui souhaitent se prémunir contre la hausse des prix.

Dès 1998, l'Etat français a commencé à émettre des obligations assimilables du Trésor indexées sur l'indice des prix à la consommation en France (OATi) ou en Europe (OAT€i). Le principal avantage, c'est qu'en cas de hausse des prix, vos rendements augmentent eux aussi.

Mais ce placement n'est pas sans risque. Car si l'inflation poursuit sa baisse, vos rendements lui emboîteront le pas. « En l'absence de hausse des prix significative, les obligations indexées sur l'inflation rapportent moins qu'une obligation classique », prévient Philippe Crevel.

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6. Les métaux précieux

L'or a traversé les siècles, les crises et les guerres. Mais s'agit-il d'un placement efficace contre l'inflation ? En théorie oui. « En période d'inflation, la valeur de la monnaie baisse », rappelle Jean-François Faure, fondateur d'AuCoffre.com.

Résultat ? Pour acheter une même quantité d'or, il faut plus de monnaie. Et cela se ressent sur les cours. Après un point bas à 1 600 dollars l'once en 2022, le métal jaune a battu son précédent record pour atteindre 2 135 dollars le 4 décembre dernier.

Faut-il pour autant convertir vos euros en lingots ? Rien n'est moins sûr. Car en plus de l'inflation, plusieurs facteurs sont susceptibles d'impacter le cours de l'or, comme la situation géopolitique mondiale et la politique des banques centrales.

Sans oublier que l'or ne génère pas d'intérêts. « En cas de variation des prix, on peut se retrouver coincé avec son matelas doré », indique Philippe Crevel, alors que votre argent pourrait travailler sur un Livret A ou un fonds euros.

7. Le private equity

Le private equity, ou capital-investissement, consiste à prendre une participation au capital d'entreprises non cotées en bourse dans l'espoir de réaliser une plus-value lors de la revente de ces parts sur un marché secondaire.

Auparavant réservé aux investisseurs institutionnels, ce placement s'est démocratisé au cours des dernières années. Le ticket d'entrée a baissé, et plusieurs contrats d'assurance vie en ligne proposent désormais d'investir dans cette classe d'actifs.

Côté rendements, difficile de faire mieux. Sur les 15 dernières années, le private equity a généré un retour sur investissement moyen de 12,1% par an, selon l'association France Invest, soit deux fois mieux que le CAC40, qui est pourtant l'indice boursier phare de la place parisienne.

Toutefois, ce placement est extrêmement risqué. « Près de 90% des startups font faillite, dont 10% dès la première année », rappelle Claude Calmon, fondateur du cabinet Calmon Partners. Autre bémol : vos fonds sont souvent bloqués pendant 8 à 10 ans.

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