A l'occasion de son « portrait social » annuel de la France, l'Insee a livré des statistiques détaillées sur les mesures exceptionnelles de l'année 2022 face à l'inflation, ainsi que sur leur impact sur votre niveau de vie et pouvoir d'achat. Parmi ces mesures : les hausses anticipées de 4% des retraites et prestations sociales lors de l'été 2022, pour près de 13 millions de ménages.

Flash-back. Début de l'été 2022. Les élections présidentielle et législatives sont passées. La nouvelle Assemblée nationale se met tout de même d'accord sur quelques mesures exceptionnelles et d'urgence face à la brutale hausse du coût de la vie. La faute à la flambée des prix de l'énergie, à la guerre en Ukraine... et aux effets ricochets sur l'ensemble des produits de consommation.

Parmi les mesures : des chèques exceptionnels, une prime de rentrée, etc. Et des revalorisations anticipées pour les aides au logement, pour les retraites de base ou pour les minima sociaux et prestations sociales. Si le gouvernement avait chiffré le nombre de bénéficiaires des divers chèques et primes exceptionnelles, l'Insee dévoile ce jeudi 23 novembre - dans son traditionnel « portrait social » de la France - le nombre de foyers ayant profité des hausses anticipées.

12,9 millions de ménages, pour un gain moyen de 160 euros

Lesquelles, précisément ? « Les barèmes des prestations familiales, des minima sociaux (dont le RSA, l'AAH, l'Aspa et l'Asi) et de la prime d'activité sont revalorisés de 4% au 1er juillet 2022 ; les aides personnalisées au logement sont également revalorisées de 3,5% ». Selon l'Insee, 12,9 millions de ménages ont bénéficié de ces hausses anticipées, pour un gain moyen de 160 euros sur le revenu global de l'année 2022.

Attention, ces hausses auraient eu lieu dans tous les cas. La revalorisation des retraites de base aurait attendu le 1er janvier 2023, celle des prestations sociales aurait attendu le 1er avril 2023 et l'augmentation des APL aurait attendu octobre 2022.

Les hausses suivantes, aux échéances classiques, ont pris en compte ces hausses anticipées, ainsi la retraite de base n'a augmenté « que » de 0,8% en janvier 2023, un complément s'ajoutant aux 4% anticipés pour parvenir aux 4,8% correspondant à la formule classique basée sur l'inflation.

L'Insee en convient mais le caractère anticipé revenait bien à effectuer un coup de pouce ponctuel : « Les augmentations auraient été mises en œuvre, puisque les prestations sont légalement indexées sur l'inflation, mais à des dates ultérieures. La mesure de revalorisation anticipée s'apparente ainsi à un versement ponctuel d'une aide exceptionnelle. »

Des aides profitant surtout aux 30% les plus modestes

L'Insee a tenté de mesurer à qui ces hausses exceptionnelles ont le plus profité. Mais en intégrant la prime de rentrée 2022 (110 euros en moyenne pour 9,2 millions de ménages). « Au total, les gains induits par ces deux mesures sont les plus forts pour les 30% des personnes les plus modestes : 190 euros par an pour le 1er dixième de niveau de vie [les 10% les plus pauvres] (+1,7% du niveau de vie moyen), 170 euros pour le 2e dixième (+1,1%) et 130 euros pour le 3e dixième (+0,7%), contre 70 euros pour l'ensemble de la population (+0,3%). »